Une fois n’est pas coutume, c’est le BOTANIQUE qui nous accueille ce vendredi soir dans sa Rotonde. Au programme : la dansante coldwave/EBM des Bruxellois d’ULTRA SUNN. S’inscrivant dans la pure tradition belge de la musique électronique popularisée par les vétérans de Front 242 dans les années 80, le duo enchaine les dates à travers le monde, que ce soit en tête d’affiche ou en première partie d’autres blockbusters du genre. Mais ce soir c’est dans une salle qui affiche complet depuis plusieurs semaines qu’Ultra Sunn débarque avec ses machines, ses synthés et une voix rappelant celle de Dave Gahan.

La soirée s’ouvre tout d’abord avec le set à forte connotation darkwave d’Alix Van Ripato dont la voix fantomatique continuera d’hanter la Rotonde durant longtemps. Ce sont ensuite deux tables équipées de machines et de synthés qui sont installées sur la scène, avec un pied de micro qui trône à l’avant-centre de la scène. La lumière s’éteint et “Funnytime” d’Iggy Pop retentit dans les enceintes. Le duo constitué par Sam au chant et Gaelle aux machines, qui s’est transformé en trio dans sa version live, prend alors possession de la scène. Nous voici embarqué pour un voyage où la pénombre et l’obscurité sonore et vocale seront de mises, rythmés par des beats glaciaux et percutants.

En digne héritiers de cette mouvance sonore qui a émergé des tréfonds de l’univers dans les années 80, Ultra Sunn s’est aussi nourri d’influences plus récentes et surtout diablement dansantes, promesse de sombres soirées générant l’euphorie chez les amateurs du genre. Amateurs du genre qui sont nombreux au Nord du pays. C’est donc en français, en néerlandais et en anglais que Sam s’est exprimé tout au long de la soirée face à un public qui a fait tourner en boucle les titres du groupe sur sa platine. Il y a effectivement une ferveur certaine qui se dégage de l’assistance, entre les fans hardcores du genre et les curieux qui se sont laissés charmer par l’efficacité tubesque du titre “Keep your eyes peeled”.

Sam arpente la scène d’un bout à l’autre, pointant régulièrement le public du doigt quand il n’écarte pas les bras comme un messie face à ses fidèles entrés en trance à l’occasion d’une célébration aussi festive que sombre et doucement décadente. De quoi mettre à terre l’idée reçue selon laquelle faire de la musique un peu dark et s’habiller en noir coïncident forcément avec le fait d’être dépressif et amorphe. Le jubilatoire “Can you believe it” ne faisant que confirmer cette vision dansante, festive et sombre à la fois. Les effets de voix et d’échos permettent de renforcer cette ambiance même si le timbre naturel de Sam, profond et mélancolique, participe déjà pleinement à la construction de cette enveloppe sonore. Soyons volontairement caricaturaux en paraphrasant Rebeka Warrior sur son explosif duo avec Vitalic : Je vois la mort, elle danse sur le dancefloor. Et cela vaut la peine d’être vécu.

Aux machines, Gaelle et le jeune homme qui l’accompagne s’en donnent à cœur à joie pour envoyer des sonorités sombres, glaciale, brutes mais jamais agressives. Il y a quelque chose de presque disco derrière tout ça. De la disco dont on aurait brulé (dans les flammes de l’enfer bien entendu) le coté scintillant pour le remplacer par une atmosphère glaciale, frontale et pleine de tourments. Les beats s’impriment en séquences comme sur des boites à rythmes alors que les nappes de synthés, parfois aériennes et lumineuses, parfois carrément abrasives et lugubres se chargent d’embaumer cet ensemble sans qu’il ne soit possible de ne pas hocher la tête au grand minimum, à moins d’être réellement dépressif et amorphe. Ce n’est à première vue le cas pour personne ce soir. C’est donc dans l’euphorie générale qu’Ultra Sunn achève son set avec un rappel fiévreux et irrésistiblement dansant et accrocheur, comme une bouillante Black Celebration bodybuildée.

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