C’est ce vendredi 22 septembre que les Bruxellois de SOROR sortent leur premier album intitulé “New Born”. N’y voyez là aucune référence au titre emblématique de Muse sorti au début des années 2000. Et comme par définition la sortie d’un premier album n’arrive qu’une fois dans la vie d’un groupe, c’est à la Rotonde du BOTANIQUE que le groupe nous a donné rendez-vous ce jeudi soir pour nous présenter en live cet ensemble composé de dix pièces. Le titre “Bohemian Paradise” avait été lancé en éclaireur au début de l’été après une prestation qui avait déjà retenu notre attention dans le Chapiteau des Nuits Botanique au printemps. Mais ce jeudi soir c’est en tête d’affiche que SOROR embarque les spectateurs dans une épopée électrique et sensuelle.

 

Mais avant la présentation de ce premier album, c’est d’autres Bruxellois qui lancent les hostilités avec fracas et énergie. WARM EXIT balance en effet des titres post-punk pendant une grosse demi-heure. C’est dansant, gras, rugueux et frontal à la fois. Ils y incorporent une touche électro sombre et froide au milieu des larsens et autres riffs de guitares acérés et inquiétants. De son coté, la basse est au bord de la crise de nerfs et d’épilepsie pendant que les paroles sont haranguées avec cette urgence caractéristique du punk en direction d’un public qui semble apprécier l’affaire et qui s’enthousiasme à l’idée de se faire brutalement malmener les oreilles, sous un arrière-fond doucement démoniaque.

 

Place ensuite au gros morceau de la soirée avec le concert de SOROR qui vient donc présenter en live, quelques heures avant sa sortie, son premier album. Sur scène, seule la présence de synthés et machines sur la gauche de la scène vient trahir l’éternel et classique triptyque rock composé d’une guitare, d’une basse et d’une batterie. Le groupe trouve son origine dans la rencontre entre Sophie Chiaramonte à la basse et  Alice Ably au chant, à la frontière d’une certaine idée du rock et d’autres mouvances sonores plus électronisées et atmosphériques. La démarche de SOROR semble consister à souffler avec maitrise sur les braises des origines du rock, incarnées par des groupes comme les Doors notamment. SOROR en a retiré une partie de la testostérone pour la remplacer par une fiévreuse tension aussi sensuelle que langoureuse, agréablement psychédélique (sans jamais virer dans l’expérimentation hallucinée). On pense à Beth Gibbons, on pense à PJ Harvey et à toutes ces femmes qui sont venus distribuer des claques sonores avec élégance à ces messieurs du rock. Il y a aussi chez SOROR cette même brûlante et délicieuse tension fougueuse qui a rendu folle la planète rock lorsque The Kills avait débarqué avec conviction et assurance dans les années 2000. On retrouve un peu de tout ça chez SOROR.

Et pourtant le son de SOROR n’a rien de rétro, de vieillot ou poussiéreux. Au contraire, il réinvente et redonne un nouveau souffle à ce rock qui sent la fumée de cigarette et d’autres produits moins légaux, les effluves d’alcool, un peu le blues et les clubs surchauffés, tout en y ingurgitant quelques éclats électroniques distillés ci et là. Le seul écho à cet illustre passé provenant de ce synthé qui sonne comme l’orgue qui a fait les belles heures du rock à la fin des années 60 et au début des années 70. Cela nous offre des titres lives qui, sans avoir l’air d’y toucher, nous emmènent vers des contrées tumultueuses et brumeuses où le chant se fait habité et incantatoire, porté par un timbre de voix légèrement brisé qui régale nos oreilles tandis qu’Alice fait onduler son corps dans la pénombre du lightshow rougeoyant.

SOROR excelle aussi dans la capacité à construire des ambiances sonores qui évoluent le plus souvent d’une base posée et tranquille vers un final où il n’y en a plus que pour l’électricité du son et les fracas de la batterie, comme sur le titre éponyme de l’album. La batterie semble alors cavaler sans plus aucune bride pour la retenir alors que la basse et la guitare saturent les enceintes. Tout ça prend des airs cinématographiques, quelque part entre les grandes étendues sauvages d’un “Into The Wild” et l’approche d’un futur règlement de compte de haut-vol dans un western au coucher d’un brûlant soleil de l’Arizona. Et lorsque SOROR se lance dans un titre en acoustique, celui prend des airs de fausse comptine au sujet de pulsions meurtrières.

 

Tout ça pour dire qu’une heure durant, SOROR a captivé le public avec cette tension électrique et lascive, comme un sulfureux mais délicieux poison rock au pouvoir addictif qui semble avéré. C’est donc avec le vinyle de ce premier album dans les bras que nous sommes repartis du Botanique ce jeudi soir pour le faire tourner en sur notre platine dès ce vendredi matin à la première heure. Nous ne pouvons donc que vous encourager à aller découvrir les dix titres de ce premier album sur les plateformes de streaming, en attendant une distribution physique à la hauteur de la qualité de l’objet sonore proposé. Le groupe sera également en concert dans les prochains jours dans le cadre de la Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Please follow and like us:
error
fb-share-icon