Une semaine après avoir rempli la prestigieuse et mythique salle de l’Olympia à Paris, MEZERG débarque à La Madeleine, à deux pas de la Grand-Place à Bruxelles. Ces deux capitales font partie de la grosse vingtaine de dates qui compose la tournée européenne de cet homme-orchestre moderne. Il décrit d’ailleurs lui même sa musique comme étant du “Piano Boom Boom”. Ça tombe bien, ce mercredi 29 mars étant le “Piano Day”. Après un passage par Esperanzah! en 2019 et une Orangerie du Botanique archi-comble il y a un an, le voilà prêt à revenir faire suer abondamment la Belgique.

La première partie est assurée par COLINE CORNELIS avec un mix electro où il y a plein de câbles et boutons dans tous les sens sur la table de mixage. Son mix est très ambiant et presque dub et trip-hop dans sa première phase. Le set devient ensuite plus dense avec des grosses percussions claires et vrombissantes à la fois. On y entend des sonorités orientales, tribales et trance. Par moment on se croirait également embarqué dans une rave se déroulant au cœur d’une jungle luxuriante. La dernière partie du set prend la direction de l’Angleterre avec des sonorités qui nous renvoient vers les pionniers de la techno british que sont The Chemical Brothers, Underworld et Orbital. La demoiselle propose un set varié et musicalement riche même si il manque, selon nous, de constance pour maintenir le public dans l’énergie. 

Si vous croisiez MEZERG dans la rue, vous lui colleriez bien plus rapidement l’étiquette de rockeur ou de métalleux que d’artiste à forte connotation électronique. les apparences peuvent être trompeuses, bien que Mezerg se transforme en rockstar lorsqu’il monte sur scène et qu’il prend place au milieu de ses synthés et de ses pédales de percussions. Tout ça prend d’ailleurs des airs de poste de pilotage d’une voiture de course. Verstappen et Hamilton risquent fort de se faire bousculer comme ils ne l’ont jamais été auparavant. Cependant ça commence tranquillement avec des notes de synthés lounge et jazzy. On sent malgré tout le potentiel rythmique enfoui derrière tout ça. Et de fait l’enchainement des notes s’accélère, rapidement rejoint par un kick. Nous voici embarqué dans un long trip mélodique.

Au bout d un petit quart d heure le son se fait plus robuste, les basses sont omniprésentes et déroulent en flux continu. Le piano-orgue jazzy du début est bien loin. Le jambes et les pieds du gaillard se mettent à tapper dans tous le sens pour imprimer le rythme. Avec son thérémine (cet instrument en forme d’antenne de radio qui produit des sons en fonction des mouvements de main autour de lui, sans qu’il ne faille le toucher), Mezerg joue et rend la musique électronique plus humaine, vivante et imprévisible que jamais. La locomotive étant maintenant lancée à plein régime, Mezerg enchaine les impros aux allures de bouillante et dansante trance-jazz légèrement orientale. Techniquement c’est assez impressionnant à voir, et il faut probablement un talent psychomoteur certain pour gérer cette artillerie d’instruments avec aisance. Lorsqu’au bout d’une grosse demi-heure, il se donne un temps de break pour souffler et se réhydrater, c’est avec une gestuelle grandiloquente et théâtrale qu’il le fait. A force de se lancer dans des morceaux dont le format doit obligatoirement et allègrement dépasser les dix minutes, il faut bien s’octroyer un temps de rapide récupération. Pour rappel, Mezerg est tout seul sur scène et ça ne l’empêche pas de retourner La Madeleine.

Le concert prend ensuite une tournure carrément techno avec des gros beats et des gros sons bien râpeux et grésillants (merci le thérémine) à la Soulwax ou dont Vitalic en a également fait sa marque de fabrique. Mais ce n’est rien à coté de ce qui arrive et qui prend des airs d’ouragan sonore et visuel : Mezerg s’embarque dans une jouissive virée vers les sonorités house du premier album des Daft Punk en 1997 avant de carrément aller explorer les clubs technos les plus barrés de Berlin. Il envoie alors des rafales de decibels sombres et très dures, brutales, presque hardcores mais irrésistiblement dansantes. Les enceintes tournent à plein régime et notre repas du soir est en train de se faire littéralement broyer au fond de notre estomac. Nos corps sont littéralement traversés par chaque onde de choc sonore en provenance des enceintes. Tout ça est merveilleusement assassin. Et sur scène, c’est la même tempête qui sévit, avec des vagues successives et débridées de stroboscopes. Mezerg semble prendre son pied comme jamais. C’est sauvage, c’est bestial et sa chemise est maintenant complètement trempée de sueur. On vous disait que c’était une rockstar et l’expression “mouiller la chemise” n’a jamais été autant à propos qu’à cet instant.

Après ce fougueux épisode, on change de contrée lorsque Mezerg est rejoint par un violoniste. Nous ne discuterons pas du bien fondé visuel de la coupe mulet et des santiags de ce dernier. C’est comme ça, on fait avec, point à la ligne. Ensemble, ils se lancent dans une exploration des musiques tsiganes, entraînant spontanément la foule dans des pas de danse festifs et autres farandoles. En rappel, ils reviennent ensemble offrir un dernier quart d’heure electro-jazz bien rythmé, augmenté de la présence et des sonorités du violon. Il est 22h45 lorsque Mezerg quitte définitivement la scène après un show sans temps mort ou pourtant il aura aussi réussi à amener des moments où les mélodies de ses synthés étaient le centre du spectacle. Il est évident que Mezerg est un fou, rappelant à chacun que les seules limites sont celles que l’on se met. Il réussi à allier l’énergie indomptable du rock avec l’efficacité rythmique et la recherche sonore infinie des musiques électroniques. C’est donc tout logiquement que le dancefloor prend par moment des allures de joyeux pogo festif. Mezerg est un fou, mais son monde et son univers son aussi accessibles que chaleureux. 

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