Derrière les photos de presse volontairement un peu floues de MAGENTA se cachent les mêmes individus qui étaient à l’œuvre dans le groupe/collectif FAUVE. Ses membres avaient pris la décision de stopper le projet alors que celui-ci rencontrait un succès explosif et exponentiel. Pas de séparation pour autant, car les membres du collectif on pris le temps, 5 ans, de faire mûrir un nouveau projet musical moins à fleur de peau (quoique), moins juvénile et urgent, plus mature en somme, très électro aussi. Et dire cela n’a rien de péjoratif au regard de la carrière de Fauve qui s’est apparentée à un heureux accident commercial dont l’effet boule de neige a pu être effrayant par moment. C’est aujourd’hui dans un contexte plus serein et restreint que MAGENTA vient présenter sur scène “Monogramme”, un premier album électro-pop bien ancré dans une époque qui oscille entre gravité et déni insouciant.

La soirée commence tout d’abord avec une véritable explosion de sentiments et de sensibilité. NIKOLA, chanteur, compositeur et multi-instrumentiste de 20 ans et d’origine monténégrine se livre à cœur battant et ouvert avec intensité durant un set d’une grosse trentaine de minutes. Ses textes et ses mots sont puissants, son interprétation semble se dérouler comme celle d’un funambule sur un fil qui serait constamment à la limite de la rupture, comme une sorte de poésie brute et sans filtre. Il est accompagné d’une clavieriste dont le jeu et le son de son piano classique donne une couleur vibrante et profonde au concert. Son interprétation est magique et bouleversante par moment, carrément dansante parfois aussi, puisque c’est dans une ambiance de dancefloor et au milieu des spectateurs qu’il achève son set. En bonus, il nous livre un duo avec le chanteur de Magenta. Nikola est un artiste à aller découvrir de toute urgence.

Il est 21h et des poussières lorsque les 5 membres de Magenta montent sur la scène où sont disposés une impressionnante série de machines électroniques en tout genre. La batterie et la guitare, également présentes sur scène, étant les seuls instruments plus classiques. L’ambiance bouillante qui se dégage déjà de la salle à ce moment semble indiquer qu’on vient simplement de réappuyer sur le bouton Play après quelques années de veille. Sur scène, on retrouve la même ferveur que celle qui a fait vivre intensément les prestations de Fauve de l’époque. Ca saute dans tous les sens, ça danse (avec notamment une chorégraphie synchronisée digne d’une Macarena 2022) et jouer de son instrument ou s’afférer sur ses machines avec tout son corps semble être la compétence de base pour être présent sur scène. On retrouve aussi cette même volonté d’effacer les individualités au profit de la cohésion et du collectif, avec un lightshow hyperdynamique mais qui ne met jamais aucun membre du groupe sous le feu des projecteurs, préférant mettre en évidence des projections sur un grand écran en fond de scène. C’est d’ailleurs dans cette logique (et parce que notre smartphone n’est pas une machine de guerre) et aussi pour respecter la volonté du groupe que les photos de cet article sont volontairement troubles.

Au niveau du son, Magenta est un projet clairement tourné vers l’électro mais où le chant occupe malgré tout une place importante. La présence de la batterie qui donne le rythme permet de garder cette dimension humaine et organique. Les quelques incursions de guitare se font toujours avec la fougue que seul un musicien bien chaud et remonté comme un coucou peut envoyer. Là où Magenta réussit à se créer une véritable identité sonore c’est dans sa capacité à faire sonner comme un son de 2022 des sonorités en provenance directe des années 90 et notamment de la house de cette époque. A plusieurs moments nous avons eu l’impression d’entendre des compositions qui auraient eu leur place sur le premier album des Daft Punk. Et c’est donc tout logiquement qu’en cours de set, Magenta agrémente un de ses titres du sample de “Music Sounds Better With You” de Stardust. Titre derrière lequel se cachait entre autres un des membres de Daft Punk.

On avait pris le temps d’écouter l’album de Magenta avant le concert de ce vendredi soir, et on est agréablement surpris par le coté dansant, et même carrément dancefloor que prennent les versions jouées ce soir au Botanique. Pas mal de titres commencent tranquillement, presque avec sensualité, pour progressivement gagner en puissance et en rythme avant de s’achever dans d’énormes et longues chevauchées dansantes pleines de refliefs. Le moment le plus intense du concert intervient avec le titre “Nikki III” qui possède tout le potentiel pour faire décoller des plaines entières de festivals. Sur ce titre, on retrouve un chant carrément hargneux et jubilatoire à la fois, rappelant là aussi par moment les instants les plus nerveux des années Fauve. Mais la comparaison s’arrête là car Magenta est un projet moins combattant, plus lumineux et solaire.

C’est donc avec l’impression d’avoir passé une petite une heure et demi dans une boite de nuit surchauffée que le set s’achève après un rappel, là aussi encore très dense et chaud. Le groupe quitte la scène avec ces quelques mots : Merci pour votre enthousiasme et votre bienveillance. On va venir causer et boire des bières avec vous maintenant. Dans le public, on voit qu’on a sué à du premier au dernier rang. Bien que le virage électro rebutera probablement certains fans de la première heure, la formule live de Magenta est une véritable machine à danser et faire la fête dans un esprit coloré et très contagieux. Le nom a changé, la musique aussi, mais l’esprit est resté.

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