GALLI!, c’est l’histoire d’un type un peu touche-à-tout, graphiste de formation, qui a aussi collaboré avec pas mal de monde dans des projets artistiques. Et puis un jour il s’est dit qu’il était temps pour lui de donner naissance à son propre projet, que c’était à son tour d’être le maître du navire pour mener à bien sa barque artistique. C’est comme ça qu’il y a quelques semaines ce Bruxellois a sorti “WHAT IF…”, un premier album aux facettes multiples et colorées, dans un savant melting pot d’électro-pop/rock, riche et diversifié, mais ni fourre-tout, ni bordélique. Il a voulu que ce projet ne soit pas juste musical, c’est pour ça qu’il l’a accompagné d’un livret qui reprend toute une série d’illustrations et de textes. Le résultat prend forme dans un joli packaging multidisciplinaire. On est donc allé à sa rencontre pour en savoir plus sur cet intriguant personnage.

 

Scènes Belges : GALLI! reste un projet relativement confidentiel jusqu’à maintenant. Du coup, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Galli! : Ça doit faire une grosse quinzaine d’années que je fais de la musique. J’y suis arrivé de manière précoce par la voie du punk dans une version “t’as une basse et un ampli dégueulasse, c’est bon on va en studio et on enregistre”. Et j’ai bien aimé ça. On était adolescent, on avait formé un groupe dans une veine très rock comme Luke, et on tournait pas mal en Belgique et un peu en France. On avait un disque qui ne se vendait pas du tout mais par contre on faisait plein de concerts et y avait une putain d’ambiance. Les gens venaient pour le concert, l’ambiance rock and roll et vivante, pas pour nos morceaux.

Scènes Belges : Ça a été le déclic cette période ?

Galli! : Un peu oui. J’étais déjà passionné par la musique depuis que j’étais gamin mais c’était devenu une évidence à ce moment là. Mais j’ai toujours aussi été fasciné par le mélange des images avec la musique. Daft Punk avec le titre et le clip de “Da Funk” m’ont très fort marqué à ce niveau. Pareil avec Justice et Slipknot qui ont un visuel très fort, très puissant et fédérateur. J’adore tous ces projets qui pourtant sont musicalement très différents mais qui sont ultra-vivants. Idem avec le live de Pink Floyd a Pompei par exemple.

Scènes Belges : Et ensuite ?

Galli! : Après la fin de cette aventure punk-rock, je me suis retrouvé à jouer et tourner avec quelques autres artistes. J’ai aussi eu un projet un peu barré et expérimental qui m’a appris le travail de production en tant qu’ingénieur du son, et plus seulement comme musicien. Mais la meilleur école de musique ça restera d’avoir faire plein de concerts, plein de répètes et de studios.

Scènes Belges : Comment t’es venu l’idée d’un projet en solo et de ce premier album “What If…” ?

Galli! : J’avais envie d’aller au bout de mes idées et de voir jusqu’où je pouvais aller sans faire de concession dans l’expression de ma créativité. J’ai d’abord un peu chipoté tout seul dans mon coin puis progressivement je me suis entouré de gens, notamment 13 Pulsions et Thomas Halter qui s’est chargé d’une partie des textes des chansons. Il m’a aussi pas mal guidé pour donner un vrai caractère à l’ensemble et créer un vrai univers qui me corresponde avec mes références. Et 13 Pulsions me l’a mis en couleur, en plus d’avoir collaboré vocalement sur le titre “Vingt jours” il y a quelques temps. C’est comme ça que Galli! est né. Mais cela faisait trois ans que je travaillais sur le projet. J’ai pas mal chipoté au début parce que c’était un saut dans l’inconnu. Mais ca me tenait à coeur que tout cela prenne la forme d’un album complet, pas juste d’un maxi ou d’un titre par-ci par-là.

Scènes Belges : Il y a donc un lien entre la musique, les paroles, les illustrations de 13 Pulsions et les textes qui sont des extraits de roman et que l’on retrouve aussi dans l’artbook ?

Galli! : Tout à fait mais j’aime l’idée que tout ça ne soit pas évident et que chacun puisse y mettre son interprétation personnelle. Il y a des balises à tout ça mais chacun part comme il veut dans son imaginaire. On a voulu s’inspirer de la série “Futurama” et proposer quelque chose d’un peu loufoque et légèrement psychédélique pour donner une image de Bruxelles dans une sorte d’autre dimension. On est pas chez nous, on est ailleurs, mais c’est exactement la même merde avec les mêmes problèmes et les mêmes injustices. En résumé je pourrai dire que ce projet est une critique de la société à travers une sorte de parodie satirique colorée et festive. C’est voulu d’avoir un paradoxe entre cette image un peu sexy et festival et un message qui est plus dur et sombre. Il y a deux niveaux de lecture.

 

Scènes Belges : Pourquoi “Galli!”

Galli! : c’est le nom de mon héroine d’enfance qui est le personnage central d’un manga qui s’appelle Gunnm. Je trouvais que c’était une bonne symbolique parce que c’est une femme qui est mi-humaine mi-robot. Et je trouve que c’est très parlant par rapport à ma musique où il y a un mélange de machine et de “vrais” instruments, sur un morceau comme “Bayou Electrique” par exemple. Et on peut pousser la réflexion en se disant que la numérisation déshumanise le coté organique de la musique ou à l’inverse que la numérisation prend vie parce qu’on y amène de la chaleur. La frontière n’est plus aussi claire qu’avant, mais c’est bien du coup parce que tu voyages dans la musique. Et derrière Galli! il y a aussi bien évidemment le coté bande dessinée qu’on voulait intégrer au projet. Finalement cet album est une sorte d’hommage à ce personnage.

Scènes Belges : Pour en revenir aux collaborations sur ce projet, il y n’y a que des femmes. Un choix ou le hasard ?

Galli! : Rien n’avait été fixé au début mais j’ai finalement tenu à ce que ça ne soit que des femmes qui chantent sur l’album. C’est aussi en lien avec cette inspiration de l’héroïne manga. Mais j’aurai aimé pouvoir avoir une femme qui chante sur chaque morceau, comme une sorte d’ode à la féminité. Les morceaux ne sont pas plein de testostérones donc ça se mettait bien.

Scènes Belges : Tu parlais tout à l’heure de Justice et Daft Punk notamment. Mais est-ce qu’il y a d’autres influences qui t’ont inspirées ?

Galli! : Moderat ! Ça a été une révélation parce que je me suis rendu compte qu’il y avait des gens qui attendaient de l’émotion dans la musique électronique. D’un coup ça n’était pas juste de la musique de bourrin un peu primaire. Ça m’a vraiment ouvert de nouvelles perspectives par rapport à la musique électronique. Jon Hopkins aussi a été un choc énorme. Ce mec arrive à lier des émotions fortes avec des synthés qui défoncent la plèvre. Ces deux artistes ont vraiment été des déclics. Soulwax et Nine Inch Nails m’ont également pas mal inspirés. Et toute la vague post-rock  aussi, avec Sigur Ros, Mogwai et Explosions In The Sky notamment. Ca ne saute pas à l’oreille au premier abord mais on retrouve des touches de tout ça sur le CD.

Scènes Belges : Et comment ça se passe en live ?

Galli! : C’est très différent. On garde l’univers du disque mais il faut que ça bouge. Certains morceaux sont joués plus rapidement, certains titres pop deviennent plus électro, il y a un coté plus brut de décoffrage. Mais ce n’est pas un projet qui a été pensé à la base pour la scène et pour s’y développer. Il y a tout l’artwork qui accompagne le disque qui est hyper important pour moi et qui est difficilement transposable à la scène. C’est cool de faire du live mais c’est pour moi la conséquence d’une première approche auditive et visuelle de l’album.

 

Vous pouvez retrouver Galli! sur Spotify ICI, sur Deezer ICI.

Et pour suivre 13 Pulsions qui est derrière le visuel de l’album “What If…” c’est ICI.

 

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