Le temps des Francos s’écoule trop vite…
On les attend pendant des mois, on sent l’impatience grandir au fil des semaines puis de jours et puis le jour J arrive et sans que l’on ne s’en rende vraiment compte le festival nous glisse entre les doigts.

C’est avec cette impression que nous entamions dernier jour du festival. Un peu fatigués mais déjà ravis des concerts entendus. Mais la grand-messe musicale n’était pas encore dite.

Le soleil continuait son incessant travail de chauffe ce dimanche et ce dès le début de la journée. Sur la scène Rapsat, on retrouve un habitué Chance. Était-ce la chaleur assommante ou le set doit-il encore être rodé en live, toujours est-il que nous n’avons pas retrouvé Antoine là où nous l’avions laissé. Nous attendions beaucoup de celui qui nous avait enchanté sur son album et sa tournée précédente. Nous croisons les doigts pour qu’il retrouve la pêche et le côté frais que nous adorons chez lui.  Mat Bastard lui succède à Chance et là spa sort de sa torpeur dominicale. Plus énergique, plus rock qu’en version studio, sa vague punk-rock déferle sur Spa. Et le public surfe sur cette lame !

Un peu plus tard, sur Sabam for Culture, Isolde attire peu à peu le public pour terminer devant une plaine bien remplie. Le public ne s’est pas trompé. Selon certains, il s’agissait là du plus beau moment de ce dernier jour… Il faut dire que la jeune femme n’en est pas à son coup d’essai. Elle a roulé sa bosse avec Daan pendant de nombreuses années et l’expérience se ressent.

La fin de l’après-midi s’est déroulée plus en demi-teinte : Caballero & JeanJass se produisant devant une assistance clairsemée (et ne semblant pas le vivre très bien, apostrophant quasiment d’entrée le public, qui, selon eux, ne pouvait que faire semblant de ne pas les connaître, référence à un de leurs titres). Les festivaliers ont plutôt fait le choix de fuir ce tumulte pour aller prendre la température du côté de la prestation de Blanche. Sur la scène Sabam, l’artiste de 19 ans montre l’étendue de ses possibilités vocales. C’est assurément un jeune talent prometteur… mais ce n’est certainement pas assez. Son malaise était tellement perceptible qu’il déteignait sur le public. On avait un peu « mal » pour elle.

Il lui reste maintenant à prendre de l’assurance (sortir de cette « voix blanche », de cette timidité quand elle parle au public), à oser un look plus dynamique, aussi, et elle ne pourra que s’envoler vers un franc succès. Mais on imagine aussi qu’elle a dû être surprise du nombre impressionnant de spectateurs venus l’applaudir : très difficile de se frayer un chemin vers la plaine à ce moment-là…

Début de soirée, avec Coeur de Pirate pour ouvrir devant un décor d’or et de lumière, le soleil aidant. La Québécoise assure son set comme à l’accoutumée, mais a semble-t-il toujours autant de difficultés à entrer en lien avec son public. Les Pink Floyd chantaient Us and Them avec l’intention de s’isoler du public sur ce morceau, on se demande si elle sortira un jour un Eux et moi… en misant tout sur l’air particulièrement distant (oserait-on dire hautain) qu’elle arbore. Toute de rouge vêtue, se voulant sexy mais répétant les mêmes gestes de morceau en morceau, Cœur de pirate semble ne pas encore avoir intégré l’idée que son public cherche le contact avec elle et que le culte de la personnalité ne permet pas toujours de tenir sur la longueur.

Pour suivre, les festivaliers étaient exposés à un fameux dilemme : soit un retour vers le début des 80’s avec un groupe-phare des origines de la New-Wave – Human League –  (un électron libre dans ce festival dédié à la francophonie), soit la pop electro à la sauce afro beat de Fugu Mango… Les premiers ont fait danser un fameux parterre de nostalgiques (mais pas que !) sur la Proximus, les seconds ont vraiment assuré sur la Scène Sabam, les festivaliers allant jusqu’à incorporer encore plus de luminosité à leur prestation sans faille en agitant la lumière de leurs smartphones aux rythmes ciselés du groupe bruxellois la nuit une fois tombée. Il faut reconnaître que Fugu Mango est actuellement une des meilleures formations belges.

L’honneur de clôturer nos francos revenait à Vianney, d’abord en seul en scène, puis rejoint par un batteur et un bassiste. Énergique et volubile, le chouchou de ces dames a communié avec ses fans et a fait vibrer le public spadois une dernière fois. Il pourrait peut-être inspirer cœur de pirate.

Nous laissons donc spa derrière nous.

Ce fut une belle édition, avec pas mal de nouveautés qui pouvaient déstabiliser les habitués mais aussi une réelle volonté de renforcer encore la convivialité.

Chapeau aux organisateurs, quelques aménagements et ce sera parfait.

Rideau.

Christelle Cotton & Xavier Piron

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