À l’occasion de leur excellent concert à la Ferme du Biéreau, Scènes Belges a eu l’occasion de s’entretenir avec Les R’Tardataires. Originaires de Liège, les p’tits gars proposent un hip-hop teinté de reggae et de ska, le tout à la sauce festive et aux paroles pleines d’humour et de second degré. Après avoir gagné les Franc’Off, et être arrivés en finale de la Biennale de la Chanson Française, les R’tardataires font de plus en plus parler d’eux. Max et Seb, les deux MC’s, nous ont parlé de leur parcours et de leur premier album, qui sera dans les bacs le 18 avril.

 ScènesBelges: Comment est né le projet des R’tardataires?

 Seb: On a commencé à rapper en 2004 dans un collectif de sept MC’s. C’était beaucoup plus “rap”, alors que nous, on était à chaque fois dans notre petit délire, avec un côté plus “second degré”. Donc, on s’est dit « on va faire notre truc à nous, un truc différent ». On continue à dénoncer des choses mais sous un autre angle, de façon plus humoristique. Le but est de dire que, c’est vrai, la vie est pas toujours très belle, mais il faut quand même rigoler et essayer de prendre le dessus là-dessus. Un peu d’optimisme, bon sang !

 SB: Pourquoi ce nom?

 Max: C’est venu assez facilement. À l’époque où on cherchait un nom, on était tout le temps en retard… Mais ce qui est bien, c’est que maintenant on a trouvé des gens pires que nous: nos musiciens !

 Seb: Et au moment où on a lancé les r’tardataires, quand on était encore que deux et qu’on composait dans la chambre de Max, avec juste son ordi et une guitare, En Retard fut un des premiers morceaux qu’on a écrit.

 Max: En général, quand on écrit, on se balance un thème et on rebondit l’un l’autre dessus, chacun de notre côté. Et celui-là, c’est un des seuls morceaux qu’on a vraiment écrit à deux, dans la même pièce, sur la même feuille. On a trouvé le nom le même jour d’ailleurs…

 Seb: Oui, et puis ça colle bien à tout ce délire-là. Il faut rester cool, rester zen dans ce monde super chronométré. On dénonce le système capitaliste, qui veut qu’on soit toujours à l’heure et qu’on court toujours après la plus belle montre et tout ça…

 SB: Vous vous considérez comme un groupe engagé, un groupe qui dénonce?

 Max : Je ne crois pas qu’on soit un groupe engagé. On est un groupe léger qui aborde certains faits de société, mais sans rentrer à fond dans la polémique.

 Seb: Le but est de rester léger, sans parler de n’importe quoi non plus. Attention, on aime bien aussi parler de n’importe quoi, mais il faut trouver un angle intéressant alors…

 SB: Quel est votre rapport au rap? Visez-vous le même public?

 Max: En fait, on fait du hip-hop, mais on est pas du tout dans le créneau hip-hop.

 Seb: D’ailleurs on va bientôt être confronté à ça… On est programmé à La Smala et à l’Inc’Rock festival, sur la même affiche que pleins de rappeurs purs et durs qu’on écoute nous-mêmes, donc on kiffe à fond. Mais, effectivement, c’est une des premières fois où on va être vraiment confronté à un public rap…

 Max: On est plutôt dans le créneau du Peuple de l’Herbe et de ce genre de croisement de styles musicaux. Ce qui fait que notre public est super métissé. Maintenant, pour les puristes du rap… Moi, je sais, que quand j’avais seize ans, que j’avais un peu la haine sur tout le monde, et que j’écoutais des trucs qui donnent envie de brûler des voitures, je me serais dit: « Les R’tardataires, c’est un peu des baltringues… » Mais pour nous, c’est une force, parce que c’est ça qui nous a permis de faire pleins de scènes différentes, dans toutes sortes de milieux.

 Seb: Et ce qu’on nous dit tout le temps, et qui fait super plaisir, c’est: « rho, j’ai vraiment bien aimé! Pourtant j’aime pas du tout le rap, mais là, ça bouge, c’est plein de bonne humeur… ». Et ça c’est cool, c’est ce qu’on veut entendre. Et le côté musical fait qu’on plait à tous les âges, que ce soit des ados, des adultes ou même des petits enfants, qui après les concerts entonnent en coeur « chopons-les, chopons-les! » sans comprendre de quoi ils parlent…

 Max: Et si ça peut ouvrir les gens qui sont moins dans le créneaux rap à ça, c’est cool! On peut peut-être le leur faire apprécier en leur montrant que le rap, ce n’est pas que la merde qui passe à la radio…

 SB: L’album était initialement prévu en automne, puis en mars, et maintenant en avril… Un coup marketing lié à votre nom?

 Seb: Haha, non. En fait, on fait tout nous-mêmes, en auto-prod, donc c’est un travail de malade… Et on a subi les aléas de la vie. Tu sais dans, la musique…

 Max: Et puis, il a fallu le temps qu’on trouve notre identité sur l’album en partant du hip-hop. Parce que d’habitude tu commence par sampler des trucs, et après seulement tu mets des voix dessus. Ici, on avait d’abord le live et quelques morceaux, et donc on a travaillé à l’envers. On a essayé de mettre une atmosphère sur l’album, on est reparti sur des prod pour certains morceaux et on a mélanger un peu les deux. Il a fallu le temps qu’on se rende compte de tout ça. Le premier maxi qu’on a sorti sonnait beaucoup trop live, trop plat. Ca manquait d’atmosphère, d’un côté un peu plus hip-hop. Mais on s’était fait un peu d’illusion au début, on ne se rendait pas bien compte du travail.

 SB: Et si je vous demandais de nous teaser un peu sur l’album

 Seb: C’est un album plein de couleurs musicales. Il y a souvent un lien entre les thèmes et la couleur musicale, et donc on aime bien associer les deux en essayant de mettre une atmosphère dans la plupart des sons.

 Max: On respecte le concept du hip-hop, qui est de sampler une musique, et donc on part vraiment dans tous les sens. il y a du reggae, du latino, du funk, du ska, du gospel…

Au niveau des textes, il y a pas mal de chanson qui sont à double lecture. On aime bien les chansons qui ont l’air bête au premier abords mais dont on se rend compte qu’elles contiennent quand même de bonnes idées quand on les réécoute. Pour le côté musical par contre, Benoît, notre bassiste, sera plus à même de vous en parler.

 Benoît: Ce qui est bien pour le côté musical, c’est que chaque zikos vient d’un style différent. La guitare et le clavier viennent du jazz, notre batteur vient du milieu reggae, et moi, je viens plutôt du rock funk, mais on aime tous toucher à tout, et c’est de là que vient notre richesse.

En plus, sur l’album, on a pas mal de featuring et de collaborations. On préfère garder la surprise et ne pas dévoiler de nom mais il y aura plein d’instruments “surprises” tels que du didgeridoo, des percussions…

 Seb: Et il y a un DJ qui va rentrer dans la course aussi. Il sera là avec nous pour la sortie de l’album et il ne nous quittera plus après.

 Benoît: Ca permet d’amener une richesse en plus : un côté plus électro, du scratch, ou même de sampler des trompettes ou des instruments à vent, ce qui est quand même plus facile que d’avoir toute une section cuivre… Ca nous permet de faire un peu ce qu’on veut, en plus du groupe.

 SB: Avez-vous un petit rituel avant de monter sur scène?

 Max: Pas vraiment… On se checke les mains, on s’encourage…

 Seb: Ca change tout le temps, en fait. Aujourd’hui, j’ai serré tout le monde dans mes bras, j’étais en manque d’amour…

 Max: Moi, j’ai mis une tarte à tout le monde. J’aime bien aller faire popo aussi. Sinon, bien sûr, on boit des bières, on fume des joints,…

 Seb: … On viole des femmes, on descend dans les rues! Tout ça, quoi… (rire)

 SB: Que pensez-vous de la scène belge?

 Max: Moi je trouve que c’est un univers très riche. Il y a beaucoup de musiciens en Belgique qui mériteraient d’être connus et qui ne le sont pas… Mais, à côté de ça, il faut avouer que… M’enfin, je vais me taire, j’ai envie de tailler personne…

 Seb: Tu dis ça parce que tu penses au rock-pop belge, où c’est tout le temps la même chose. Mais par contre, au niveau du rap, il y a pas mal de bons trucs qui gagneraient à être connus. Ce n’est plus du rap engagé ou racailleux, c’est juste du rap conscient. Ca ne parle pas de trucs de fous, mais au moins ils ne disent pas qu’ils tuent des gens dans la rue et tout ça, et c’est hyper technique comme rap…

 Merci beaucoup à vous, SB vous souhaite une excellente continuation !


L’album des R’Tardataires sortira le 18 avril, à l’occasion d’une grande soirée concert à ne pas manquer au CC Chênée.

Vous pourrez aussi les découvrir ou les revoir sur les scènes suivantes:

 08/03 – Up! Festival (Liège)

22/03 – Delirium festival (Dinant)

28/03 – Bel’Zik Festival (Herve)

05/04 – Ma Smala Festival (Tournai)

26/04 – Hou’tain Rock Festival

01/05 – Aralunaires

04/05 – Inc’Rock Festival

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