C’est dans l’impersonnel « hangar » du Palais 12/INGArena que nous étions partis il y a deux ans à la découverte de l’univers éléctro-classique aussi épique que fantastique du producteur WORAKLS. Il était pour l’occasion accompagné d’un imposant orchestre classique pour proposer son projet WORAKLS ORCHESTRA. A l’époque, nous avions eu la sensation d’assister à un concert d’Hans Zimmer qui aurait connu un fameux coup de boost énergétique. Cet automne, le trentenaire français et ses musiciens sont de retour en Belgique. C’est dans le cadre magique et bien plus chaleureux du Cirque Royal que nous les avons retrouvés ce dimanche soir.
Pour répondre à la forte demande du public, les programmateurs ont eu la bonne idée de proposer deux sets sur la même soirée : un premier round étant prévu à 17h30 avant un second sur le coup de 21h. Au delà de l’indéniable avantage financier et logistique pour l’artiste, le concept est également intéressant pour le public, surtout lorsque le concert se déroule un dimanche. En ce qui nous concerne, c’est au second set que nous avons assisté.
La configuration plus intime du Cirque Royal a pour conséquence que le nombre de musiciens classiques a été divisé par deux avec 5 violonistes et 5 cuivres. Worakls a longtemps été accompagné sur scène par l’élégante violoniste française Esther Abrami mais celle-ci a depuis pris son envol en solo. C’est aujourd’hui Aiko Okamura qui mène la danse sur ce terrain là. Cette musicienne japonaise accompagne Worakls sur scène pour la première fois ce week-end. Pour la partie plus rock, c’est toujours l’énergique et sexy Lore Jarocinsky qui continue de se transformer à tout moment en véritable guitare-héroïne. La jeune femme s’est fait connaitre il y a quelques années sur internet avec des vidéos où elle reprend à la guitare (acérée) ou à la batterie des hymnes rock aussi intemporels qu’imparables. On retrouve aussi un bassiste/violoncelliste dont l’instrument hésite entre modernité futuriste et tradition. Ils sont ainsi plusieurs à se relayer sur le devant de la scène, en solo, en duo ou en trio pour aller chercher un public qui démarre de toute façon au quart de tour. Worakls, se pose quant à lui en véritable chef d’orchestre (gestuelle comprise), au centre de la scène, armé de ses synthés et machines.
Musicalement, tout ça nous donne un ensemble riche et bien équilibré où se construisent des ambiances cinématographiques de films fantastiques et d’aventures. On note d’ailleurs, avec une touche d’humour, que Worakls est vêtu d’un t-shirt qui semble être fait de « Mithril » : métal hautement convoité dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. En laissant notre imagination filer là où la musique de Worakls l’emmène, nous avons parfois l’impression de nous retrouver en pleine épopée sonore aux accents de métal symphonique. Si il le voulait, le gaillard pourrait bien venir chatouiller les Within Temptation et autres Epica sur leur terrain de prédilection sonore favori. On note aussi les différentes incursions vocales qui ponctuent le concert avec une chanteuse lyrique qui déploie son coffre sonore en harmonie avec l’orchestre. Sans temps morts et très varié, il est malgré tout possible d’isoler quelques temps forts du concert avec notamment l’originale reprise de « Vois sur ton chemin » des Choristes mais aussi le titre « Furia » ou les envolées de violon sur le monumental « Caprice », véritable pièce maitresse du projet Worakls Orchestra.
Evoluant dans les mêmes eaux mélodiques et sonores que NTO ou Paul Kalkbrenner, Worakls se distingue par une approche plus organique et humaine des choses, à la manière d’un Thylacine (qui s’en va lui aussi mélanger et réinterpreter musiques classiques anciennes et électroniques modernes), tout en essayant de pousser au maximum les portes devant rendre sa musique accessible au plus grand nombre, sans que la qualité n’en pâtisse ou en trahir les fondements. Mais soyons clair, les morceaux joués ce soir ont avant tout fait le bonheur des amateurs de boucles électroniques. La musique et les sonorités classiques, toutes des compositions originales et très bonnement inspirées, se mettant le plus souvent au service de la musique électronique, et non l’inverse malgré quelques passages dénués de toute couche sonore synthétique. Les violons et autres flûtes captivent alors l’attention du public en créant des atmosphères sous haute tension mélodique et technique. Au bout de la soirée, l’impression qui domine est la suivante : Worakls puise dans les ADN respectifs de la musique classique et de l’électro pour les faire se rencontrer, s’observer, se toiser avant de doucement entamer un flirt débouchant finalement sur un bouillant baiser passionné, ne sachant plus qui a tenté de séduire l’autre.