La nuit de rave d’ASCENDANT VIERGE au Botanique

Cela fait maintenant plus de quinze jours que le Botanique et son parc vibrent littéralement tous les soirs au son des groupes et artistes qui se succèdent sur les différentes scènes du Centre Culturel. La soirée qui est prévue sous le chapiteau ce vendredi 13 est annoncée soldout depuis plusieurs semaines maintenant. Il faut dire que la programme de ce soir y est riche de 4 concerts qui s’inscrivent tous dans des registres musicaux que nous qualifierons de “non-conventionnels”. On pourrait résumé la situation de la manière suivante : prenez toutes les sous-genres plus ou moins alternatifs de la musique électronique, mettez les dans un shaker, secouez nerveusement l’ensemble et vous obtenez un résultat surprenant et intriguant. Vous obtenez aussi un esprit de liberté totale et un irrépressible besoin de danser avec rage et joie. Direction le dancefloor du Botanique pour découvrir tout ça.

On a rarement vu le chapiteau des NUITS BOTA aussi rempli et partir au quart de tour alors qu’il est à peine 19h et que le soleil tape encore bien généreusement dans les jardins. Le duo belge et queer de PROMIS3 ouvre la soirée. Et dès les premiers instants, ils envoient une véritable rafale où s’entremêlent eurodance, trance des années 2000 et rythmiques infernales hard-tek. Au chant, c’est une voix bien volontairement auto-tunée qui se charge d’apporter une touche d’émotion pour rendre l’ensemble carrément prenant. C’est donc de manière assez logique que duo nous offre une reprise du légendaire “Blue” d’Eiffel 65. Visuellement, le duo va explorer les personnages imaginaires des jeux-videos. Et ça a franchement de la gueule. Le plancher du chapiteau vibre déjà au rythme frénétique des pas de danse des ravers jamais rassasié de l’envie de vivre la beauté et l’intensité de chaque instant, peu importe l’heure du jour ou de la nuit.
Place ensuite à CATNAPP, jeune artiste argentine qui a posé ses valises à Berlin depuis quelques années. Elle s’est notamment fait connaître avec son titre “Thunder” utilisé dans Unorthodox, mini-série de Netflix. Quelque part entre Aphex Twin, Prodigy et Die Antwoord, le set de la demoiselle commence dans une ambiance sombre et inquiétante avec de grosses basses et de gros breaks bien lourds. La seconde partie du set est par contre beaucoup plus dense et rythmée, avec pas mal d’incursions dans les agitées contrées de la drum’n’bass. Le plancher du chapiteau se met à trembler nerveusement pour la seconde fois de la soirée. Catnapp a quelque chose de touchant lorsqu’elle chante, alternant les passages mélancoliques et intimistes avec d’autres envolées rageuses et explosives. L’ovation de la fin du concert ne trompe personne sur la claque que ce petit bout de femme vient de mettre au public des Nuits. Elle confie également avoir vécu un des meilleurs concerts de sa carrière avec un public fantastique face à elle.
Il est 21h lorsque COUCOU CHLOE monte sur scène accompagnée d’un DJ. Entre hip-hop et beats électros, le concert a du mal à démarrer : à vouloir faire quelque chose de lancinant mais avec une voix perdue au fin fond d’une soupe de basses, la sauce a du mal à prendre et on s’ ennuie assez vite au final. D’autant que la demoiselle ne semble pas être au sommet de sa forme avec pas mal d’approximation. Et les soucis de son au niveau des retours semblent s’accumuler puisqu’on ne compte plus les signes fait à l’ingénieur du son depuis la scène. Il est vrai qu’après la prestation de Catnapp il fallait pouvoir prendre le relais et que la tâche n’était pas simple. Cependant, la construction sonore des morceaux est sombre et perçante. Les voisins du Botanique ont du passer un bon moent. Heureusement, la seconde partie du set se fait plus intense et la présence scénique plus captivante et habitée. Le ton se fait plus dansant et abrasif avec quelques jolis moments de folies collectives dans le public et quelques passages bien couillus sur scène.

La nuit est tombée sur Bruxelles lorsque le duo musical basé à Bruxelles le plus intriguant et qui suscite le plus d’enthousiasme au delà de nos frontières monte sur scène devant un chapiteau bondé et des premiers rangs très serrés qui hurlent de toute part. L’atmosphère est ardente. La fan-base d’ASCENDANT VIERGE est impressionnante, aussi bien en nombre que dans la démonstration de son impatience et son enthousiasme. Et il y a des signes qui ne trompent pas quand on entend que le public parle aussi bien français, que néerlandais, anglais et d’autres langues non-identifiées par nos maigres talents linguistiques. L’ensemble des artistes programmes ce soir ont drainé un public bigarré, diversifié et d’une ouverture d’esprit sans frontière donnant une impulsion presque magique et déconnectée du réel. A moins que la réalité ne soit ce qui se passe ce soir sous le chapiteau du Botanique ?

Ascendant Vierge est un véritable ovni musical et visuel, brouillant les codes musicaux et visuels de notre époque. Mathilde Fernandez (artiste pop et goth) chante ses textes oniriques en français en partant dans des contrées carrément épiques et lyriques dignes d’un grand opéra. Son binôme, Paul Seul, se charge d’envoyer une musique techno-gabber et hard-tech qui vient percuter les corps des spectateurs et des danseurs. Vêtue de rose, avec notamment un très stylé pantalon militaire assorti au reste de la garde-robe, Mathilde Fernandez est acclamée et admirée telle une déesse. Un culte semble s’être créé autour du personnage scénique qu’elle incarne avec Ascendant Vierge. Les mauvaises langues et les grincheux diront qu’il s’agit d’une musique qui manque de nuances et qu’il s’agit d’un fourre-tout bordélique incohérent. Tant pis pour eux ! Nous avons vu et entendu une musique, des sonorités et des rythmes vertigineux capables de soulever une foule en un instant, avec une fraicheur et une originalité non-discutables. Nous avons vu et entendu une chanteuse aux qualités vocales multiples et capable d’explorer des registres très variés, aussi émouvant que vigoureux. Si il fallait donner une image plus parlante, on pourrait, de manière un peu caricaturale, écrire que Mylène Farmer a décidé de collaborer avec Manu Le Malin pour produire une opéra-rave.
Pendant une petite heure, le chapiteau est inondé par une énergie à l’intensité absolue alors que le duo continue de dérouler ses titres où s’enchainent passages mélodiques et vagues de beats assaillants aux fréquences forcément déraisonnables et jubilatoires. La notoriété d’Ascendant Vierge a atteint un niveau où le public chante chacune des paroles des chansons, donnant de fantastiques moments de communion où le pogo qui s’est formé dans les premiers rangs (et bien au-delà en fait) se lance dans des vocalises aigues. Lorsque nous prenons la décision de prendre un peu de recul et de sortir deux minutes du chapiteau pour (re)prendre de l’air nous sommes marqués par le fait que même au fond du chapiteau (là où le public est en général plus sage) on retrouve là-aussi des danseurs peut-être encore plus furieux que ceux des premiers rangs compactés les uns contre les autres.
Ascendant Vierge possède quelques titres phares dans son répertoire : “Influenceur”, “Faire et Défaire”, “Discoteca”, etc. A chaque première note de ces morceaux, c’est l’hystérie collective. Cette ferveur festive et résolument positive fait plaisir à voir et entendre, aussi bien sur scène que dans le public. Elle est contagieuse et on se surprend à chanter, hurler et danser comme on ne l’a plus fait depuis trop longtemps. Vivre cette ferveur en son coeur bouillant est pour nous quelque chose de presque boulversant. Après un premier rappel, le groupe revient une seconde fois alors que les lumières avaient été rallumées dans le chapiteau. Il vont alors proposer une version hardtek d’ “Influenceur”, la dernière chance pour les ravers de vider leurs batteries. La soirée s’achève sur ce dernier titre et c’est avec la sensation d’avoir vécu une soirée à l’intensité rare et puissante que nous quittons le Botanique, le t-shirt trempé de sueur ! Le doute n’est pas permis, Ascendant Vierge fera des ravages cet été dans les festivals.
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