Avec un répertoire qui voyage entre le rock alternatif rageur, les mélodies mélancoliques et les ondes électroniques incandescentes, GRAND BLANC constitue un hybride musical dans le paysage musical Français. Sans bénéficier d’une couverture médiatique énorme, ils ont sorti en 2018 un deuxième album intitulé « Image au mur » . Ils ont aussi assurés les premières partie d’Indochine sur leur dernière tournée. Le groupe était de passage au Brussels Summer Festival le jeudi 15 août en début de soirée (le compte-rendu de leur concert est à lire par ici). L’occasion pour nous d’aller discuter avec Camille, Benoît, Vincent et Luc qui nous ont accueillis et ont pris le temps de répondre à nos questions alors qu’ils étaient morts de faim.

Scènes Belges : vous sortez de scène, comment ça c’est passé pour votre première au BSF ?

Grand Blanc : Ça c’est bien passé, les gens ont été réceptifs. Pour un festival en plein milieu de la ville avec une configuration un peu chelou ça marche bien. On avait déjà fait un festival avec le même genre de configuration en pleine ville, mais ici c’était vraiment bien. C’est marrant parce qu’on se faisait la réflexion en passant la frontière tout à l’heure mais quand on joue en Belgique on joue à l’étranger et ça aussi c’est vachement cool. Le public est francophone mais c’est pas pareil. On passe toujours des bons moments en Belgique. On avait bien aimé aussi quand on avait fait le Botanique. Et la semaine passée on jouait à Selange au Donkey Rock Festival avec Trisomie 21, c’est un groupe tellement mythique qu’on adore.

Scènes Belges : Je vais aller tout de suite dans la provoc, mais il y a quelques années vous aviez émis l’idée que vous aviez un apriori sur les « Zéniths » que vous pensiez être réservé à de la musique de merde. Maintenant que vous en avez fait en première partie d’Indochine, vous en pensez quoi ?

Grand Blanc : Ce qui est certain c’est que lorsqu’on passe au dessus d’un certain niveau en termes de spectateurs la donne change. On ne peut pas proposer la même chose aux gens. C’est pas juste de la musique, c’est un show, il faut enrober la musique. C’est pas que c’est pour de la musique de merde, mais il faut proposer plus que de la musique. Bon on en est pas là, mais si demain on avait le choix entre faire un Zénith de Paris ou trois Olympia, on fait les trois Olympia, c’est évident. Donc si le programmateur de l’Olympia nous lit, on est là (rire) !

Scènes Belges : Vous avez aussi joué au Palais 12 en première partie d’Indochine justement. C’était comment ça ?

Grand Blanc : Alors les environs du Palais 12 c’est un peu le désert, nous on voulait on voulait sortir après le concert, on a du se rabattre sur le bar de l’hôtel. Mais le concert était aussi très cool et très grand. Toute cette tournée en première partie d’Indochine ça n’a été que des gros souvenirs, il y a eu une grosse quinzaine de concerts je pense.

Scènes Belges : Pendant la tournée de votre premier album, « Mémoires Vives », vous avez été faire de concerts en Asie. Comment ça c’est goupillé cette histoire là ?

Grand Blanc : Comme pour beaucoup de tournées à l’étranger quand on est un groupe Français ça se passe avec une organisation qui s’appelle « L’Alliance Française » et dont le but et de promouvoir la culture et la langue Française à l’étranger. Et il y a des accords qui se négocient avec des programmateurs locaux et les festivals qui sont intéressés. Et c’est comme ça qu’on a pu se retrouver à l’affiche d’un festival international à Hong Kong où il y avait aussi M.I.A. et Foals à l’affiche. Taipei à Taïwan c’est un peu pareil mais là on était quasi le seul groupe étranger à l’affiche. C’était intéressant parce que, comme au Japon, ils ont une scène pop hyper forte et très riche mais très fermée et qui s’exporte peu. Donc oui c’était intéressant à vivre et découvrir.

Scènes Belges : Et la barrière de la langue ?

Grand Blanc : C’est effectivement particulier et un peu étrange parce qu’on y a été peu confronté jusqu’à maintenant. Là tu te retrouves avec des gens qui ne comprennent pas ce que tu racontes et du coup ils ont un rapport à notre musique qui est très différent. On a aussi fait deux concerts en Russie, à Moscou et Saint-Pétersbourg, et ça a été une surprise parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait un public qui nous suivait là bas. Ils connaissaient les paroles alors qu’ils ne parlaient pas français.

Scènes Belges : Est-ce que les plateformes de streaming comme Deezer et Spotify par exemple permettent aujourd’hui une diffusion plus facile de votre musique au delà des frontières ?

Grand Blanc : C’est difficile à évaluer. Mais par contre les réseaux sociaux le permettent très clairement. En Russie par exemple Facebook n’a pas du tout d’audimat. C’est le réseau social VKontakte qui domine. Du coup quand on est arrivé là-bas il y a des gens qui nous ont envoyé un message pour nous dire qu’ils avaient créé notre page parce qu’ils kiffaient notre musique. C’est pareil quand tu arrives en Chine. Et c’est curieux parce que ces gens connaissaient notre musique sans être passés par toutes ces plateformes, alors que ce sont des pays assez cloisonnés malgré tout.

Scènes Belges : On va revenir en Asie et à Hong Kong plus précisément. Le titre « Ailleurs » qui figure sur votre deuxième album, « Image au mur » a été inspiré par quelque chose qui s’est passé là bas au sommet d’une tour. On peut en savoir plus ?

Grand Blanc : Il s’est passé qu’on était très loin de chez nous à la fin de la tournée de notre premier album et que ça roulait vraiment bien. C’était un moment très beau, presque irréel avec une vue splendide sur toute la baie d’ Hong Kong. Mais irréel parce que trop réel. C’est des moments où tu es tellement en train de kiffer et de ressentir des choses que tu n’arrives pas à comprendre ce qui se passe et ce que tu vis.

Scènes Belges : Vous avez sorti ce deuxième album il y a une petite année maintenant. Est-ce que le processus créatif a été différent du premier ?

Grand Blanc : Déjà on a pas mis tout ce qu’on avait dans le premier album. Ça ne faisait pas longtemps qu’on faisait de la musique ensemble. On avait quatre chansons et quelques autres pour assurer des concerts. On ne les a pas mises dans l’album. Le premier album ce n’était que des nouvelles chansons. C’était vraiment beau à faire, mais ça a été fait dans l’urgence, et ça s’entend. On a composé les morceaux en rajoutant à chaque fois des couches et des couches sur ce qui existait déjà. Les textes aussi allaient vite. Le deuxième album on s’est dit qu’on allait prendre un peu plus de temps. Et ça nous a fait beaucoup de bien, c’était beaucoup plus apaisé. On a été s’enfermer pendant un mois dans un endroit bucolique pour un peu se couper du monde sans contraintes ni limites. Ça a donné à peu près trente maquettes et on a pu vraiment choisir et peaufiner de manière plus épurée. Alors que sur le premier album tous les titres qui ont été travaillés sont dessus. Le premier album était beaucoup plus frontal.

Scènes Belges : Dans les titres de vos chansons on retrouve beaucoup de noms de villes ou de lieux (Los Angeles, Belleville, Montparnasse, Des îles). Ça a une signification particulière ou alors c’est juste des noms des codes ?

Grand Blanc : Finalement tout le monde écrit sur les mêmes choses : l’amour, la mort, la joie, la tristesse. Mais chaque groupe ou chaque artiste illustre ça à sa façon. Et nous on l’illustre beaucoup par des lieux. Dans le premier album c’était très présent c’est vrai. On a aussi été pas mal inspiré par des bandes originales de films, notamment celle d’un film qui s’appelle « New-York 1997 » (ndlr : Réalisé par John Carpenter) et qui nous a beaucoup marqués. Ce truc d’écrasement de la musique sur des images très spacieuses ça nous parle. Dans le second album c’est un peu moins présent. Mais même le titre « Ailleurs » c’est un lieu dans l’absolu. C’est quelque chose qui fonctionne chez nous de s’exprimer par des lieux, des espaces, des paysages, et cela dans l’instant vécu. Ça permet de dire plein de choses en ne disant rien.

Scènes Belges : Pour en revenir au titre « Ailleurs », celui-ci commence avec les paroles suivantes : « Tous les garçons et les filles de mon âge ». Une référence à Françoise Hardy ?

Grand Blanc : Complètement ! C’est devenu une phrase qui est entrée dans la culture populaire, presque comme une expression. Et pour nous l’enjeu c’était de la prendre et de la détourner vers quelque chose d’autre. Et étrangement peu de gens font ce rapprochement.

Scènes Belges : A quel moment vous avez l’impression que vous avez passé la seconde avec Grand Blanc ?

Grand Blanc : On a décollé comme dans Mario Kart.  Quand tu choppes un champignon qui te fait accélérer et que tu passes sur un tremplin pour décoller, ça a été comme ça pour nous très rapidement dès le début du groupe. On a eu cette chance avec des scènes comme les Trans Musicales de Rennes et le Printemps de Bourges par exemple. Ça nous a clairement donné un sérieux coup de boost pour la suite.

Scènes Belges : Dernière question, la scène ou le studio ?

Grand Blanc : On aime les deux, on en a besoin mais il faut que ça s’alterne sinon on sature. C’est deux occupations différentes, très riches chacune.

GRAND BLANC sur Spotify et Deezer

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