“Fùgù Mango” résonne comme le nom d’un cocktail exotique. Cette image semble en effet assez bien correspondre à l’identité sonore du groupe où se mélangent et se marient mélodies pop, percussions et beats afro, sonorités dance exotiques ainsi que quelques guitares électriques et synthétiseurs. Le plus tropical des groupes bruxellois était de passage ce mercredi dans le Club de l’Ancienne Belgique. De quoi contrer la pluvieuse et fraiche journée qui s’achevait.

Cover de l’album “La Maquina”

C’est avec “La Maquina”, un deuxième album sorti l’année passée que le groupe investit les lieux. Deuxième album à la cover dans l’ère du temps et dont l’esthétique a été hautement et joliment travaillée, tout comme pour leur premier opus d’ailleurs. C’est donc ce mélange d’instruments et de percussions diverses qu’on retrouve sur une scène où tout ce riche bazar musical rentre au chausse-pied. Rien de surprenant puisqu’ils sont finalement sept ce soir, dont deux choristes survoltées. Le public de l’AB est lui aussi chaud-bouillant ce mercredi soir. A peine les lumières éteintes, ça hurle dans tous les coins. Quelques notes et décibels plus tard, c’est tout le Club qui se met chalouper et à dissiper le léger courant d’air frais qui traversait la salle jusque là (merci les systèmes de ventilation hérités de la période Covid). C’est avec le dernier single en date, “Toposphère”, que Fùgù Mango débute son set de manière solaire et repousse ainsi élégamment les derniers nuages de pluie qui menaçaient la capitale.

Fùgù Mango secoue donc l’AB. Et pour cela, le groupe est armé d’une traditionnelle batterie mais aussi de percussions exotiques diverses, de maracas, de synthétiseurs chauds et lumineux, de quelques accords de guitares épiques mais aussi d’une basse qui ondule et ronronne sensuellement alors qu’un xylophone est passé en mode électronique. Il y a donc aussi ces deux choristes qui viennent plus que régulièrement renforcer le chant et rajouter une couche de puissance à l’ensemble qui n’en manque pourtant déjà pas de base. Tout ça déboule pied au plancher, sans temps-morts et nous nous laissons rapidement happer par la transe rythmique et mélodique qui émane de la scène aux airs de marmite en fusion.

Sans avoir écouté le dernier album de manière assidue (le tir sera corrigé dans les prochaines semaines), nous nous surprenons a rapidement identifier et reconnaitre les mélodies et les rythmes des titres qui en sont issus. Il y a évidemment le single “Willy Wonka” et son chant féminin, doux et enjoué. Idem pour “Better Later” avec sa guitare groovy ensoleillée ou “Blue Sunrise” qui les avait révélés sur les ondes FM en 2018. Les montagnes russes sonores sont nombreuses, le groupe jouant sur ces rythmiques diverses pour faire décoller ou redescendre la tension à sa guise. Mais au final la conclusion est toujours la même : le public danse, frappe des mains et reprend en chœurs les paroles des refrains.

Mention spéciale au titre “La Maquina” dont le BPM a été fiévreusement poussé vers le haut, pour faire transpirer le Club transformé en dancefloor et dont la température s’apparente à celle d’une chaude nuit d’été. Les paroles sont hurlées et là encore reprises en chœur avec euphorie. Le titre “Sùbùgù” nous offre quant à lui un voyage hypnotique plus électronique à base de xylophone. Et pourtant, alors que tout ça pourrait prendre des airs de fourre-tout bordélique à souhait, c’est une impression de grande cohérence et cohésion d’ensemble qui se dégage de la musique et de la prestation du groupe qui pourtant s’affranchi largement des barrières des genres musicaux. Au milieu de tous ces titres, Fùgù Mango vient placer plusieurs reprises de classiques de la dance des années nonantes, dont “It’s gonna be alright” de Deep Zone, offrant tour à tour la faveur des projecteurs de lead singer à chacune des choristes mais aussi d’Anne Fidalgo (synthé et basse) et bien entendu de Vincent Lontie (chant principal, xylophone).

Il y a chez Fùgù Mango cette élégance qu’on retrouve chez les Anversois d’Arsenal, mélangée à la joyeuse folie survoltée de Crystal Fighters. Tout ça sur un fond de l’ADN hérité d’un Zinneke, sorte de joyeux melting pot fait de mixité culturelle et d’influences aux horizons sans fin. C’est le Bruxelles coloré et populaire des Marolles, c’est le Bruxelles de Matonge, c est le Bruxelles festif de Saint Gilles, de Saint-Gery, du Belga et d’ailleurs où les tribus et communautés d’horizons multiples se croisent et se rencontrent pour en faire émerger des pulsations caniculaires aux airs de feux d’artifices musicaux et euphoriques.

 

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