Vous aimez le story-telling ? Imaginez simplement une pièce de théâtre, qui dérive en film, sorte de « road-movie » à la flamande, qui connaît enfin un certain succès, doté de prix, et une bande-son qui colle si bien à l’histoire que le public en redemande et réclame à voir et entendre le groupe qui se cache là-derrière… Sauf que le groupe, il n’existe pas ! Enfin, si… : la plupart des musiciens sont les acteurs du film ! Le groupe se forme, enfin, sous l’égide du contrebassiste (lié à Zita Swoon), se produit sous le nom du film « The Broken Circle Breakdown » et … se retrouve à Esperanzah !
Et là, c’est l’enchantement ! La scène « Coté Jardin » s’ouvre soudain sur les plaines du Far-West, avec des cowboys, flamands et magnifiques, merveilleux artistes derrière leurs violons, banjos, steel guitars et contrebasses… Une voix prodigieuse, digne des grandes chanteuses « country », magique, évoquant les accents US de la belle Emmylou Harris, de Linda Rondstadt…
Musique de « truckers », dont les camions au profil massif sillonnent la Côte Est, du Tennessee à la Nouvelle-Orleans, dans le Delta du Mississipi. Musique des westerns amidonnés d’Hollywood, période John Wayne ou Ronald Reagan… Vous les voyez ? On s’attend à voir surgir cinq ou six danseuses de saloon, en arrière-scène, ou à voir soudain se mettre en place un duel sur la vasque recouverte de la Cour Verte de l’Abbaye de Floreffe. Musique de rêve, calme et dansante à la fois ! Le public, conquis, acquis, réactif, ne s’y trompe pas !
Dans la nuit tombante, le light-show prend enfin sa vraie valeur, magnifiant les Stetsons et le beau costume rouge du violoniste. Chansons au texte « macho » et viril à souhait, instrumentaux dans la pure tradition du bluegrass, classiques country magnifiés par la voix d’une chanteuse au sommet de sa forme…
La Cour Verte s’illumine soudain sous les briquets et les écrans de gsm pour accompagner un belle reprise de Bob Dylan alors que la nuit prend doucement possession du festival. Moment suspendu dans le temps…