Une fois n’est pas coutume, ce sont les serres du Botanique que nous arpentons en direction de l’Orangerie, qui affiche complet en ce lundi soir, pour le concert des Canadiens d’ALVVAYS. C’est avec un troisième album, “Blue Rev”, sorti à l’automne dernier, que le quintet débarque en Belgique pour une chevauchée sonore dans les confins du rock eighties et nineties, là où noise, shoegaze, indie et mélodies pop se mélangent avec plaisir et allégresse.

La première partie est assurée par la chanteuse KATIE MALCO. Elle a sorti en 2020 un premier album joyeusement intitulé “Failures”, dans la pure tradition rock indie, entre douceur et électricité des sons et de sa voix. Armée de sa seule guitare électrique, elle déroule ses titres avec délicatesse et douceur, face à un public très attentif. Parlons en de ce public : une fois n’est pas coutume, il est à l’image de Bruxelles : hétéroclite et multilingue, parlant aussi bien Anglais que Néerlandais, le Français semblant être relégué en position minoritaire. Katie Malco captive un public, déjà tres nombreux, sans artifice particulier, juste avec sa voix chaude et angélique, quelques refrains à fleur de peau, le son de sa guitare et quelques interventions pleines d’humour et d’autodérision.

C’est face à une Orangerie archi-comble (on a rarement été aussi à l’étroit dans cette salle) qu’ALVVAYS monte sur scène après une intro aux airs mystiques avec des voix angéliques entraînées par un beat enthousiaste. Un doux larsen vient alors déchirer les enceintes, suivi d’un “one, two, theee, four” qui lance le concert pour de bon avec “Pharmacist” qui ouvre également le dernier album. Le public est enthousiaste et on se rend vite compte que beaucoup d’entre eux ont fait tourner en boucle les trois albums du groupe sur leurs platines. Ils sont très nombreux à manifester leur joie dès les premiers accords de chaque titre.

Sur scène, Alvvays, est emmené par sa chanteuse et guitariste à la belle chevelure platine. Les quatre autres membres du groupe se chargent quant à eux d’assurer la basse, la batterie, d’autres guitares et des synthés. Ces derniers jouent un rôle important dans la musique proposée par le groupe : ils insufflent des ambiances rêveuses, chaudes et lumineuses. Ils ne révolutionnent pas la musique et le genre mais leur son comprend quelque chose de très frais, ensoleillé et joyeusement nostalgique à la fois. Les mélodies, les riffs et les rythmes sont dansants, doucement noisy et grésillants, parfois un peu vénère et agréablement entêtants. A plusieurs reprises, sur les refrains ont est pris d’une soudaine mais hésitante envie d’hurler à plein poumons et sans retenue ceux-ci. Et c’est ce qui arrive sur “Archy, Marry me”, et sur d’autres titres aussi. Ce qui nous retient d’y aller à gorge franchement déployée est à aller chercher du côté de la voix de Molly Rankin : son timbre est reconnaissable, doux, nerveux et puissant à la fois, aigu sans être désagréable, bien au contraire même. Elle dégage un romantisme brut et maîtrisé à la fois, aussi bien sur les titres plus rythmés que sur les quelques ballades qui agrémentent la setlist.

En fond de scène, les projections proposées sont colorées et troubles à la fois, donnant une impression de vieux films de souvenirs personnels sortis d’une caisse en carton avec un parfum de douce nostalgie. Alvvays, c’est une élégance simple, sans avoir besoin que cela ne scintille à l’excès ou de s’embarquer dans une quelconque vision restrictive de ce que serait de la “bonne” musique. Il y a cette spontanéité et cette énergie sans détour qui caractérise les compositions rock, avec une touche de rayons de soleils, de tension électrique et de souvenirs heureux. Tout ça se passe dans un format n’excédant pas les trois minutes trente maximum par chanson, permettant ainsi au groupe de pouvoir envoyer tranquillement une grosse vingtaine de titres en une heure quart de concert et d’ainsi pouvoir jouer les quatorze titres qui composent le dernier album en date. 

Tout comme nous, le public semble avoir grandement apprécié le concert et ce voyage musical et visuel entre douceur et électricité. A la fin du concert, une longue file s’étire dans les serres du Botanique pour acheter CD, vinyles et cassettes du groupe alors que d’autres jouent gentiment des coudes devant la scène pour récupérer une setlist, un médiator ou tout autre souvenir de la soirée. 

 SETLIST – Alvvays – Botanique – 5 juin 2023

Pharmacist – After the Earthquke – In Undertow – Many Mirrors – Very Online Guy – Adult Diversion – Not My Baby – Hey – Tom Verlaine – Belinda Says – Bored in Bristol – Fourth Figure – Archie, Marry Me – Pomeranian Spinster – Tile by Tile – Pressed – Dreams Tonite – Easy On Your Own? – Saved by a Waif – Atop a Cake – Velveteen – Lottery Noises

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