Ce vendredi, à Spa, nous devons reconnaître que nous avions la motivation en baisse de régime.

Bien sûr, il y avait le très attendu Francis Cabrel. Nous étions curieux de voir sa performance en festival, les derniers concerts vus en salle nous ayant semblé un peu « mous du genou ».

C’était sans compter sur l’intelligence de l’artiste qui avait choisi de balader le public au travers de son répertoire, véritable nid de tubes. Et vu la richesse de son catalogue, il est clair que le français a pu compter sur le public qui connaissait chaque chanson par cœur.

Et si Cabrel était bien présent, malgré une certaine distance avec le public, il était également très bien entouré : trois choristes dans la plus belle veine de la variété classique, des musiciens bien trempés : Nicolas Fiszman, Freddy Koella et Benarrosh. Un casting de luxe soutenu par une technique sonore de haut vol.

La nouvelle disposition de la scène Rapsat , sur laquelle les occupants des chambres avec balcon du luxueux Radisson ont une vue imprenable, tout comme les VIP qui accèdent à une zone plus que confortable le long de la scène, avait quelque chose de surréaliste au moment où Cabrel reprend son Des hommes pareils . Véritable hymne à l’humanité, l’égalité et la fraternité, les mots résonnaient ironiquement :

« Vous, vous êtes et nous, nous sommes
Des hommes pareils
Plus ou moins nus sous le soleil
Mêmes cœurs entre les mêmes épaules
Qu’est-ce qu’on vous apprend à l’école
Si on y oublie l’essentiel ?
On partage le même royaume 
»

En effet, pour le public de la plaine le royaume spadois était scindé lorsqu’il levait un peu les yeux pour apercevoir les hommes en chemise blanche buvant du champagne au balcon avec des femmes aux talons hauts et qui oubliaient que leurs deux mains pouvaient également servir à applaudir l’artiste et pas uniquement à activer leur smartphone pour filmer la foule qui chantait à leurs pieds.

Mais avant Cabrel, il y avait de jolies choses à voir ce vendredi.

Yew, par exemple, véritable OVNI inclassable. Un véritable ouragan, débordant d’énergie qui donne au final un mélange de celtique, de folk, d’indie avec une approche rock alternatif.

Sur la scène Playright +, Greg Houben, en trio, a régalé les amoureux de jazz et de Bossa nova. Un set intimiste, débutant par un hommage à Maurane et Nougaro (“Bidonville”),  où Greg raconte de belles histoires en les sublimant de sa trompette, avec une complicité étonnante entre ces trois excellents musiciens… La  pluie était brésilienne, cet après-midi, et le trio a bercé les festivaliers présents. Un moment de voluptueuse indolence qui a fait beaucoup de bien…

Ce qui permet d’enchaîner sans transition avec la folie arcadienne déclenchée vers 18h sur la scène Proximus : les trois chanteurs (repérés lors de The Voice 5) n’ont pas loupé leur rendez-vous avec leur public !

Dans un autre style, les liégeois de Pale Grey revenaient aux sources après une tournée de festivals européens. Pour leur troisième passage dans la ville d’eau, les membres du groupe ont livré un set qui alternait entre morceaux du dernier album et titres plus anciens immergeant l’assistance dans une ambiance mélancolique au son de leur pop éthérée et explorant les nuances de gris de leur répertoire complété d’un inédit avec la reprise des Mots bleus de Christophe comme cerise sur le gâteau

De gâteau, il en était également question pour les Cats on trees dont la chanteuse Nina fêtait son anniversaire ce vendredi.

Nous ne voulions pas manquer le duo. Quelques heures avant leur passage sur scène, à la question de savoir comment ils comptaient transposer sur scène la jolie lumière de leur dernier album Neon, ils nous répondaient qu’ils avaient beaucoup travaillé sur la création d’un véritable canal entre le public et eux. Nous étions curieux de visualiser cette explication. La réponse ne s’est pas fait attendre. Un décor composé de miroirs triangulaires associé à des lumières bien pensées créait une atmosphère presque aérienne. Pari réussi pour les français.

L’autre gagnante de la journée est incontestablement Charlotte. Une belle énergie avec un set déjà bien carré pour une si jeune artiste.

Francis Cabrel ayant un peu débordé sur le temps imparti, c’est avec quelques minutes de retard et sans introduction qu’Ozark Henry a démarré son set. On entre immédiatement dans le vif du sujet ! Henry entre sur scène pratiquement en un saut, tout de blanc vêtu. On a l’impression d’assister à une renaissance de Bowie, lui qui l’avait repéré il y a une vingtaine d’années.

Et c’est parti pour un set époustouflant où les succès s’enchaînent. Les interprétations live sont plus “pêchues” que les versions studios et l’ambiance est terrible !

Quant à Suarez, qui fermait la Rapsat ce vendredi, nous avons préféré les laisser avec leurs fans, car au final c’est la seule chose qui compte vraiment pour un groupe…

Bref, un vendredi riche et varié, avec de belles surprises.

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