Nous avons rencontré, dans le cadre ensoleillé du Festival de Ronquières, le jeune groupe belge Intergalactic Lovers, venu défendre son second album “Little Heavy Burdens”. Chouette rencontre, détendue et en toute simplicité, en compagnie de la jolie et charismatique Lara Chedraoui (chant), de Maarten Huygens (guitare) et de Raf De Mey (basse).
Anciens scouts, ils ont appris la musique autour des feux de camp, puis s’y sont mis de façon plus sérieuse en 2008, avec un succès croissant qui les a vu sillonner l’Allemagne, la Hollande mais aussi les Etats-Unis ou, bientôt, le Japon. Ils nous racontent ça, comme ils nous racontent la vie de groupe, dans ses bonheurs et ses difficultés:
Scènes Belges: Intergalactic Lovers, bonjour. Comment définissez-vous ce que vous faites ?
Intergalactic Lovers: C’est toujours difficile de répondre à cette question et de parler de notre musique. C’est un genre d’indie-pop, assez mélodieux. C’est “catchy”, mais il y a aussi un côté sombre, noir, tout en restant “atmosphérique”.
SB: Comment travaillez-vous les morceaux ? Quel est votre mode de composition ?
I.L.: On fait ça ensemble. Quelqu’un a une idée, les autres aiment ou pas, et quand tout le monde trouve l’idée assez intéressante pour commencer, on jamme ensemble, et on voit ce qui sort. Et normalement, ce qui sort à la fin ne ressemble plus trop à l’idée du début. A la fin, c’est vraiment devenu une idée du groupe.
SB: Et au niveau des textes, est-ce l’oeuvre de quelqu’un en particulier ?
I.L.: La plupart des textes sont écrits par moi (Lara Chedraoui), mais Maarten écrit des textes aussi, mais c’est la collaboration dans le groupe qui me donne un “soundtrack” pour faire surgir quelque chose dans ma tête…
SB: L’inspiration vient de la musique…
I.L.: Parfois, j’ai plein d’idées, mais je ne sais pas comment les dire, et quand ils font leur truc, j’ai la possibilité d’exprimer ce qui m’énerve grâce à eux. C’est la bougie qui met le moteur en marche ! Moi je suis le petit moteur, et eux sont mes bougies (rires).
SB: Il circule une petite vidéo assez intimiste sur YouTube, juste parfaite ! Je ne sais plus le titre…
I.L.: On a fait tant de choses, il y a tant de morceaux sur YouTube. Peux-tu la chanter pour nous ?
SB: Trop difficile ! (rires)
SB:Depuis combien de temps existez-vous ? Quel est l’âge du groupe ?
I.L.: Depuis 2008. C’est le début d’I.L., mais on se connaît depuis longtemps. Presque vingt ans ! On est des amis, et on était tous dans la même troupe de scouts. La musique était très importante dans cette troupe. Moi (Raf) et Maarten, nous y avons appris à jouer de la guitare. Nous ne venons pas forcément d’écoles de musique.
SB: Certains ont une formation musicale, ont fait le conservatoire ?
I.L.: Oui, notre batteur (Brendan Corbey), en fait. C’est le seul qui a une véritable éducation musicale.
SB: Vous êtes de vrais rockers ! (rires)
SB: Comment expliqueriez-vous, sans tomber dans un débat politique, qu’il y ait une scène aussi vivante en Flandre ? Il y a une dynamique exceptionnelle en Flandre, plus difficile à retrouver en Wallonie, me semble-t-il…
I.L.: C’est difficile à expliquer. On nous dit souvent qu’il y a une différence de succès aux Pays-Bas et en Allemagne vis-à-vis de notre musique. De plus, nous avons plus de chances de passer en radio. Quelques chaînes de radio, en Flandre, donnent vraiment des opportunités pour de la musique qui est moins évidente à diffuser. Je pense que ce paysage médiatique donne une dynamique tout à fait différente, parce que c’est très important d’avoir ce soutien des médias. Comme les films sont souvent anglophones et sous-titrés chez nous, on entend plus d’anglais, et l’accent est meilleur. L’avantage pour la Wallonie, c’est que c’est plus facile d’aller en France…
SB: Oui mais la France est parfois assez conservatrice et ferme un peu ses frontières aux artistes francophones wallons, non ?
I.L.: C’est quand même les belges qui font là le plus grand succès. Quand on regarde ce que Stromae fait là-bas. Pour un groupe flamand, si tu veux rentrer en Wallonie, tu dois rentrer par la France. Ce qui est un peu étrange. Si la France dit: “on aime”, tu auras plus de facilités à jouer en Wallonie.
SB: Vous ressentez une difficulté à jouer en Wallonie ?
I.L.: Ah oui ! Pas pour les festivals, mais pour les radios ! Si tu as quelque chose qui bouge en France, tu auras plus facile pour rentrer. On a joué plusieurs fois en Wallonie, on a fait des interviews, tout le monde est méga-enthousiaste, mais pour passer sur “Pure FM”, ça ne marche pas ! On ne sait pas pourquoi, mais on ne va pas arrêter d’essayer parce qu’on y croit vraiment. Si on doit encore dire: “hey, monsieur, tu nous passes en radio, s’il te plait ?” durant quatre ou cinq ans, on le fera. On a beaucoup parlé avec des groupes comme “Girls in Hawaii”, ou “Montevideo”, qui sont de Bruxelles. La chanson que j’ai faite (Lara) avec eux est souvent passée sur Studio Brussel, mais ils n’ont reçu aucun concert. Chez nous, si tu as un succès en radio, il y a beaucoup de concerts et festivals qui te prennent. Ils ont eu un show, en auto-promotion, à l’AB ! Il y a une fine frontière entre la Wallonie et la Flandre qui est invisible. La Wallonie a beaucoup de salles super jolies. On a joué à Namur, au Belvédère, et c’était “sold-out”…
SB: Vous êtes en tournée sur votre nouvel album. Avez-vous déjà des projets futurs ?
I.L.: A ce moment, nous pensons juste à jouer et jouer… Et au repos ! Mais on n’a pas encore commencé à écrire de nouveaux morceaux. Dès qu’on aura le temps, on recommencera assez vite à explorer un peu. On a beaucoup travaillé sur l’Allemagne cette année, la Belgique, les Pays-Bas… Peut-être dans un futur proche, nous allons essayer d’ouvrir vers d’autres pays en Europe. La France, l’Italie ou l’Espagne… Ca doit être un pays chaud, avec de la nourriture qui nous plaît ! (rires). On va essayer d’aller vers le sud !
SB: Je ne connais pas la spécialité de Ronquières…
I.L.: Il y a sûrement une bière… C’est la Belgique…
SB: Vous avez d’autres dates ?
I.L.: Lokerse Feesten (Lokeren), ce mercredi, Feest in het park (Oudenaarde), le 23 Août, en septembre, le 19 ou le 20…. Après ça: Allemagne, Hollande, Japon…
SB: Au Japon ?
I.L.: Oui, sur un festival de bières belges ! Trois dates ! C’est bien !
SB: C’est important sur un CV de dire on a joué en Allemagne, on a joué au Japon, …
I.L.: C’est important et c’est chouette ! Ca fait une différence pour la promotion. C’est impressionnant de dire: “nous avons joué au Japon, aux Etats-Unis…”. Mais en réalité, on a joué quelques shows… Mais beaucoup ont fait ça ! (rire) Ca reste impressionnant de pouvoir dire ça !
SB: Vous vous attendiez à ça, à vos débuts ?
I.L.: On ne s’attendait à rien ! On voulait simplement faire de la musique et quelques concerts… Nous sommes contents ! Et on réalise tous que ce que nous faisons n’est pas quelque chose que tout le monde a la chance de pouvoir faire. Chaque show que l’on fait, même si c’est parfois pour 20 personnes en Allemagne, voit grandir le nombre de personnes. On joue chaque show avec enthousiasme. Les gens viennent pour toi, alors il faut leur donner quelque chose. C’est un rêve de pourvoir faire une tournée avec ton groupe dans des pays différents, et même pour moi (Lara), au début, la Hollande, c’était “waaaw”, et trois mois après, on est en Amérique ! C’est l’aventure, surtout ! C’est comme une BD: tu ne sais pas ce qui va arriver !
Ca a changé nos vies, et ce n’est pas évident ! Certains ont encore un job à temps plein, Maarten a trois enfants… Ce n’est pas facile !
On remercie les copains et les copines, parce que ce n’est pas évident pour eux non plus… Beaucoup de temps est mangé par le groupe… C’est un choix ! Et nous avons dû comprendre la situation et le point de vue de chacun, sinon, ça explose ! On est tous dans le même train. Parfois, on est trop fatigué, ou on a moins envie, et maintenant, on ose le dire: “les gars, je peux plus, je suis fatigué”… Et ça c’est bien ! Avant, tu ne voulais pas décevoir et blesser les autres. Mais le physique et le moral ne suivaient plus… Maintenant, on ose être plus “vrais”.
SB: C’est la preuve que vous être soudés, que vous être un “groupe”.
I.L.: On est heureux !
SB: Vous préférez les clubs où vous êtes “tête d’affiche”, ou un festival au milieu d’une liste de groupes ?
I.L.: Ce sont deux choses différentes. J’aime jouer dans des festivals avec beaucoup de groupes, parce que tu as un public qui ne vient pas pour toi. La manière d’attirer les gens est différente. Ils se baladent et se disent: “tiens, on va aller écouter”. J’adore les festivals parce qu’on est dehors. Les salles, c’est un peu plus stressant aussi, parce que les gens viennent pour toi, te regardent, t’observent… Parfois, un festival n’est pas agréable si le public est complètement bourré, mais ça n’arrive pas dans les clubs. Ici, c’est bien ! Ce sont des situations rares, malgré tout.
SB: Merci de m’avoir accordé une interview en français.
I.L.: La prochaine fois, tu le fais en néerlandais ! C’est le deal !
SB: Chiche ! (rires)
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Photos : Raphaël Meert