Back in black and white ! Après plus de dix ans de silence discographique, le plus déjanté des groupes suédois (non ce n’est pas ABBA) revient avec un nouvel album bien costaud et répondant au doux nom de “The Dead Of Randy Fitzsimmons”, en référence au nom d’un supposé membre caché du gang scandinave. THE HIVES est de retour et compte bien le faire savoir en s’embarquant dans une tournée à guichets fermés, passant notamment par le continent européen et américain. Depuis plus de 25 ans, le groupe n’en finit plus de proposer des concerts à l’énergie explosive. C’est donc avec enthousiasme que nous sommes allés transpirer à l’Ancienne Belgique ce mercredi soir.

Il est un peu plus de 19h lorsque le nerveux duo de BRATAKUS prend possession de la scène. Durant une demi-heure, les deux demoiselles livrent des brûlots punk avec une bonne dose de cris gutturaux, rappelant la hargne de The Distillers. Tout ça est livré en format de moins deux minutes où la guitare et la basse semblent racler brutalement le métal. L’affaire devient carrément géniale car c’est avec une élégante robe et des talons que la chanteuse principale balancent gaiement ses tripes sur scène. Il y a derrière tout ça une certaine idée d’un girl power qui nous plaît bien.

Place ensuite à THE SHA LA LEE’S qui envoient un rock bouillant, agrémenté d un harmonica qui sent bon les effluves de country. Tout ça semble débouler à fond la caisse sur la Route 66 en plein cagnard suffoquant. Cependant, au bout de quelques titres, on a l’impression d’un peu tourner en rond sans pour autant que cela soit désagréable à nos oreilles.


Après un passage obligé par le bar, la salle est plongée dans le noir alors que la “Marche Funèbre” de Chopin retentit lugubrement dans une Ancienne Belgique en ébullition. Les membres de The Hives, emmené par leur charismatique chanteur Pelle Alqmvist, entrent alors sur scène pour envoyer le premier larsen et les premiers riffs de “Bogus Operandi”, single qui ouvre le dernier album. C’est alors qu’une véritable pluie de gobelets de bières (encore généreusement remplis) se met à traverser la salle dans tous les sens, et ce dans l’euphorie générale bien entendu. Sur scène, c’est dans leurs traditionnels et fétiches costards noirs sur lesquels se dessinent des éclaires blancs (qui deviennent fluorescent au fur et à mesure de la soirée) que le groupe commence à s’agiter dans tous les sens. Les conditions sont réunies pour basculer dans une hystérie rock collective.

Et de fait : le concert n’a pas commencé depuis trois minutes que Pelle Alqmvist est déjà debout sur la barrière de sécurité, au plus près d’une fosse qui sautille et pogote frénétiquement. A lui seul, il assure une bonne partie du show,  allant constamment chercher la foule, gesticulant dans tous les sens, les bras tendus ou vers le ciel, sans oublier ses immanquables sauts et postures rappelant les prestations des groupes rock des années 60, jugées diaboliques et forcément outrageantes à l’époque. Son micro et son interminable fil n’en finissent plus de subir les acrobaties que le chanteur est en train de leur imposer, passant la majorité du temps à tournoyer et à aller tutoyer le plafond de l’AB. On vous invite d’ailleurs à aller jeter un œil sur la page Facebook de l’AB qui a publié quelques jolis clichés du concert, de bien meilleure qualité que nos piètres photos prises avec un smartphone depuis la remuante fosse.


Le dernier album est allégrement mis en avant avec pas moins de 6 titres sur les 15 joués ce soir à Bruxelles. Chaque titre et ses premières notes génèrent le même enthousiasme chez les spectateurs qui démarrent au quart de tour pour brailler sans limite les paroles et reprendre en chœur les mélodies des nombreux hymnes punk-rock que le groupe déverse avec l’urgence ardente qui y est associée. Les quelques titres au rythme plus lent sont rapidement compensés par d’autres titres qui déboulent à tombeau ouvert. En rappel, le groupe revient pour mettre tout le monde d’accord avec des deux bombes : “Come on!” et “Tick Tick Boom”. C’est ce dernier titre qui avait emmené le groupe vers un succès planétaire. Ca remue aux quatre coins de la fosse, on voit même un spectateur se promener quelques instants sur scène après avoir échappé à la vigilance du service de sécurité. Sur cette même scène, il n’y a pas un membre du groupe dont la chemise ne soient pas dégoulinante de sueur. En même temps, quelle idée d’aller jouer avec des costards dans des salles surchauffées alors qu’on vient d’un pays nordique. Tout ça pour dire que l’expression “mouiller la chemise” a pris tout son sens ce mercredi soir, avec une mention particulière pour le guitariste Nicholaus Arson et son jeu de scène complètement habité, semblant frôler régulièrement la crise d’épilepsie et nerveuse à la fois. Pareil pour Chris Dangerous à la batterie qui a frappé fort et sèchement ses futs et cymbales durant la soirée. Sur scène, The Hives reste quelque chose de complètement excitant, agrémenté d’un indéniable coté sales gosses sulfureux prêts à s’embarquer avec un grand sourire dans tous les coups foireux et subversifs, pour le simple plaisir de pouvoir dire ensuite “We are The Hives and we fuck the World”.

On regrette cependant une durée de concert très courte : 65 minutes. L’énergie émergeant de la scène est énorme et les gaillards ont quelques années au compteur maintenant, mais quand même. En regardant un peu les pratiques du groupe sur plusieurs années, on se rend vite compte que leurs concerts n’excèdent jamais l’heure quart. Cette situation est bien dommage car ils étaient nombreux dans le public à exprimer une frustration à ce sujet à la sortie de la salle. On en aurait bien repris pour une petite demi-heure supplémentaire. Autre point qui nous fâche un peu : le sonomètre de la salle est désespérément resté bloqué sous les 100 décibels durant toute la soirée. Un concert rock est difficilement envisageable si le son manque de puissance et qu’il ne peut pas prendre pleinement possession du corps des spectateurs et les faire entrer dans cette inébranlable folie que le rock engendre depuis la nuit des temps. Au final, l’esprit du rock n’a t’il pas toujours été d’un peu (beaucoup) de s’affranchir des règles et normes ?

The Hives continue malgré le temps qui passe de tout retourner sur son passage et de faire l’unanimité, parce qu’au final il faut avoir du temps à perdre pour trouver quelque chose à leur reprocher. D’ailleurs, combien de groupe en “The” qui ont saturés les ondes au cœur des années 2000 sont encore en place aujourd’hui, avec la même force et crédibilité ? The Hives fait partie des rares groupes qui ont tiré leur épingle du jeu, sans jamais lasser ou se perdre en route. The Hives est, au tout grand minimum, un des meilleurs groupes rock de sa génération. Et la bonne nouvelle c’est que le concert d’hier soir a été diffusé en direct sur YouTube et qu’il est dès à présent en ligne pour le voir ou le revoir.

Setlist – THE HIVES – 27/09/2023 – Ancienne Belgique

Bogus Operandi – Main Offender – Walk Idiot Walk – Rigor Mortis Radio – Good Samaritan – Go Right Ahead – Stick Up – Hate to Say I Told You So – Trapdoor Solution – I’m Alive – Smoke & Mirrors – Two-Timing Touch and Broken Bones – Countdown to Shutdown – Come On! – Tick Tick Boom

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