Il y avait une toute grosse ambiance ce lundi soir au Boulevard Anspach à Bruxelles ! Et pour cause, les Irlando-Californiens de FLOGGING MOLLY sont venus retourner l’Ancienne Belgique avec leur punk-rock aux sonorités celtiques et irlandaises pour la dernière date de leur tournée européenne. Cela fait maintenant plus d’un quart de siècle qu’ils électrisent joyeusement les scènes du globe avec leurs hymnes à chanter une bière à la main dans une ambiance rappelant la ferveur de la troisième classe du Titanic ou les soirées enjouées des Hobbits, dans un registre plus punk et musclé.

En première partie, on retrouve les Anglais de PET NEEDS emmené par leur pile-électrique de chanteur qui vient directement se jeter sur la barrière de sécurité au bout d’une petite dizaine de secondes. Durant tout le set, il arpente la scène d’un bout à l’autre, en sautant dans tous les sens, les bras en l’air. Son agitation est telle que son câble de micro vient à se débrancher, offrant un moment cocasse où il hurle dans celui-ci sans qu’aucun son ne sorte dans les enceintes. Pet Needs, c’est l’énergie punk-rock dans ce qu’elle a mieux, comme celle d’une bande d’ados qui s’éclate en bastonnant joyeusement mais férocement ses instruments, tout en ayant cette élégante nonchalance typiquement anglaise. Leurs titres font hocher les têtes, les riffs sont entêtants et les refrains font partie de ceux que vous avez envie de brailler le plus fort possible avec votre bande de potes. Pet Needs offre donc une première partie enthousiasmante au public de l’AB qui se montre très réceptif, aussi bien concernant la musique que l’attitude générale du groupe.

Il est 20h45 lorsque les lumière s’éteignent à nouveau sur l’AB qui affiche complet. Les premières notes de violon du titre “There’s Nothing Left Pt. 1” se font entendre. En fond de scène apparait le nom du groupe avec un énorme logo de la bière Guinness entouré de deux têtes de taureaux rappelant l’imagerie véhiculée par Red Bull, représentant la pochette du dernier album en date. Pourquoi pas après tout. Les sept membres du groupe monte ensuite sur scène, emmené par leur chanteur Dave King et ses éternelles lunettes rectangulaires. Le ton est donné puisque c’est avec “Drunken Lullabies” qu’ils entament leur set de manière très incisive. Le public répond présent et il ne faut pas attendre la fin du premier couplet pour que la fosse ne se transforme en un énorme joyeux pogo festif où les bières volent dans tous les sens. Il s’agit là d’une conception du plaisir à l’état brut que nous apprécions tout particulièrement.

Les slammeurs se mettent eux aussi à émerger de la fosse avant d’être réceptionné devant la scène par un service de sécurité qui va avoir énormément de travail tout au long de la soirée pour accueillir délicatement ces corps partis nager au dessus de la fosse. On voit d’ailleurs rapidement le bassiste du groupe interpeller un agent de sécurité pour lui demander de changer de place avec un autre agent dont le fin gabarit n’est clairement pas prévu pour réceptionner au mieux certains malabars frôlant le quintal. On les remercie d’ailleurs pour leur professionnalisme et leur maitrise de la situation tout au long de la soirée. Tout ça se déroule donc avec énormément de bienveillance des uns et des autres et dans un esprit de grande camaraderie. Dans la même lignée, on voit les membres du groupe distribuer régulièrement des canettes de Guinness au public. Le punk-rock n’est toujours pas mort, et c’est tant mieux.

Et sur scène que se passe t’il pendant ce temps ? Sept musiciens sont là et envoient du bois avec vigueur et décontraction. On reste scotché par le jeu de poignet du bassiste, la batterie est martelée à un rythme frôlant l’épilepsie alors Bridget Regan, qui est aussi la femme de Dave King, s’affère sur son violon qui joue un énorme rôle dans l’identité musicale de Flogging Molly, tout comme l’accordéon également présent sur scène. Autre instrument typique des musiques celtiques, le banjo et la mandoline sont également des éléments clés de la musique du groupe. Enfin, en plus d’une guitare électrique, il y a Dave King qui enchaine les accords punk effrénés sur sa guitare acoustique tout en débitant un flot de paroles impressionnant avec son timbre de voix entre chant et cris nerveux, tout ça à plus de soixante ans.

Vous pensez peut-être que le titre de notre article surfe sur l’actualité en lien avec le Titanic et les foireuses expéditions touristiques qui s’y déroulent mais Dave King déclare lui même que la musique de Flogging Molly offre effectivement un voyage en troisième classe du paquebot. Il en profite également pour tacler la couverture médiatique disproportionnée des derniers événements au regard des centaines de disparus des suites d’anonymes naufrages d’embarcations de demandeurs d’asile en Mer Méditerranée.

A part le batteur qui est en second plan sur la scène, les six autres musiciens occupent l’avant scène, offrant un visuel puissant et d’unicité du groupe, chacun semblant trouver sa place au sein du groupe sans pour autant que les égos ne soient effacés. Chacun a également son pied de micro pour venir régulièrement appuyer et renforcer le chant de Dave King sur des refrains à reprendre en chœur et à gorge déployée. Il arrive d’ailleurs régulièrement que le chant du groupe soit couvert par celui de la foule dont l’énergie ne connait pas de baisse de régime malgré l’énorme intensité du set. Set cependant ponctué de quelques titres plus calmes (bien que…). En bord de scène, on aperçoit le chanteur de la première partie qui regarde tout ça avec un grand sourire aux lèvres. Tout le monde semble heureux de pouvoir participer à la grande fête qu’est cette dernière date de tournée, aussi bien sur scène que dans la salle.

La setlist du jour fait la part belle aux deux premiers albums du groupe, “Drunken Lullabies” et “Swagger”, ainsi qu’au dernier né. Nous notons, avec plaisir, que dans le public chaque titre est accueilli avec le même enthousiasme et la même connaissance des paroles, qu’il date du début du siècle ou d’il y a quelques mois, comme sur le très efficace ” A Song of Liberty”. En rappel, Dave King revient d’abord seul pour un guitare-voix bien nerveux sur “Black Friday Rule” avant d’être rejoint par le reste du groupe pour la fin du titre et d’enchainer sur “Salty Dog” qui permet à l’AB de s’offrir un énorme dernier pogo. Les membres du groupe se prennent ensuite dans les bras les uns des autres pour célébrer la fin de tournée. Ils saluent longuement le public tout en distribuant médiators, setlists et la fin du stock des Guinness. Clap de fin pour cette soirée et pour la partie européenne de la tournée.

En laissant trainer nos oreilles dans les couloirs de l’AB, c’est un public ravi que nous croisons, beaucoup d’entre-eux ne pouvant s’empêcher de faire le comparatif avec le concert de Dropkick Murphys à Forest National en début d’année. Loin de nous l’idée de mettre en compétition les deux groupes évoluant dans des styles assez similaires mais le verdict est sans appel : Flogging Molly vient de mettre une joyeuse raclée au groupe de Boston.

SETLIST – FLOGGING MOLLY – AB – 26/06/2023
Drunken Lullabies – The Likes of You Again – Swagger – A Song of Liberty – The Kilburn High Road – Whistles the Wind – The Hand of John L. Sullivan – Tobacco Island – The Croppy Boy ’98 – Float – Life Begins and Ends (but Never Fails) – Devil’s Dance Floor – Crushed (Hostile Nations) – Seven Deadly Sins – These Times Have Got Me Drinking / Tripping Up the Stairs – If I Ever Leave This World Alive – What’s Left of the Flag – Black Friday Rule – Salty Dog
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