Le Cabaret Vert, c’est avant tout un festival engagé, à proximité de la Belgique et proposant pour un prix démocratique quatre jours de bonne musique et de fête. Scènes Belge fait le point sur l’édition 2016 ainsi que sur son développement futur.
Le nouveau cadre de 2016
Le Cabaret Vert est arrivé à un moment charnière de son histoire. Confronté au même écueil que bon nombre de ses confrères, le festival est face au dilemme de la croissance au détriment de ses particularismes, de son label bio-solidaire et de la qualité globale de son organisation. Le Cabaret Vert 2.0 a pris le pari de la croissance verte en décidant de maintenir sa configuration actuelle, d’arrêter son expansion matérielle et de miser sur le développement qualitatif du site et de l’expérience. Cela se concrétise par bon nombre d’idées pour 2016, mais également au travers de projets à plus long terme toujours en adéquation avec ses valeurs originelles (refus de partenariat avec des géants industriels peu respectueux des normes environnementales et sociales, respect de tous les publics, développement durable).
Le premier lieu d’amélioration qualitatif est désormais le camping. Avec pas loin de 15.000 résidents (devenant pendant quatre jours la 3e ville des Ardennes françaises !), le camping se transforme petit à petit en ville dans la ville.
Le camp principal continue à proposer de nouvelles activités dans une optique durable (épicerie proposant des produits locaux, ateliers de fabrication de cosmétique, etc.), tandis qu’une deuxième aile est ouverte dans une nouvelle aire du site afin d’offrir un cadre nocturne plus calme à ceux qui le souhaitent et des activités différentes. Il est également possible de louer des tipis clé en main sur l’ensemble du camping pour ceux qui préfèrent voyager légers.
Les initiatives déjà présentes sur le site du festival ne sont pas en reste. Le village des arts de rue (la Foire des Freaks) ancré dans la partie la plus reculée du festival ouvrira dorénavant dès le jeudi avec de nouveaux artistes et de nouvelles activités (on m’a parlé notamment d’un manège à vélo).
Le village associatif se voit lui aussi réinterrogé. Avec de nouvelles structures et des ateliers débat, il est fort à parier que l’ensemble gagne une nouvelle jeunesse.
Enfin, fort de son succès, le coin Bd poursuit son expansion. Vous pourrez y découvrir entre autres une exposition, des séances de dédicace, des animations lecture à destination des jeunes, des sessions de jeux de société.
Un festival tourné vers la Belgique
L’année dernière, 15% du public du Cabaret Vert venait directement de Belgique. Ce qui fait dire à beaucoup que le Cabaret Vert est le plus belge des festivals français. Depuis quelques années les organisateurs tentent de renforcer les liens unissant les deux pays : traduction du site en néerlandais, organisation de soirée annuelle en Belgique, partenariat avec des festivals locaux, avec les brasseurs, avec les médias. Le festival porte également un regard perspicace et bienveillant sur la scène belge bouillonnante de créativité.
Désormais tourné vers l’international, le Cabaret Vert entend développer son réseau au nord de la France au travers d’un partenariat européen avec un ensemble de festivals, de salles de concert, etc. Le projet DEMO (pour Durabilité et Écologie dans le secteur de la Musique et de ses Opérateurs) se fixe pour objectifs la croissance intelligente, durable et inclusive dans la zone des frontières franco-belges. Réunis depuis un an et demi, 10 partenaires européens du monde culturel et du développement durable Wallons, Flamands et Français (Grand Mix, De Kreun, 4AD, 4 Ecluses,Centre Culturel de Lessines, Dour Festival, Cabaret Vert, Ieper Hardcore Fest, IMOG,IDEA, ExtraCité) aspirent à harmoniser leurs pratiques de développement durable, à solidifier leurs acquis, à les promouvoir afin de « concevoir et tester des solutions innovantes et créatives de valorisation durable du patrimoine culturel et naturel transfrontalier, dans le but de renforcer l’attractivité et le développement durable du territoire ». Dans un contexte de course à la grandeur entre festivals au détriment du confort du public et de la préservation environnementale des sites, cette initiative est à saluer. Les premières concrétisations sont attendues pour 2017.
Un festival ancré dans la réalité
Résolument ancré dans les réalités sociales, le festival poursuit ses politiques respectueuses du travail et des personnes, quels que soient leur origine, leur situation sociale, leur éventuel handicap, etc. Sachez qu’à ce propos, le staff bénévole (1.600 personnes!) accueille qui le veut dans le respect des individualités. 
Concernant la prise en charge des personnes présentant un handicap, le Cabaret Vert poursuit l’amélioration de ses services, en promouvant par exemple une simplification des plans d’accès et des cartes du site pour être plus facilement lisible par tous.
Enfin il serait difficile de ne pas évoquer le cas “Eagles Of Death Metal”. L’annulation de leur venue suite aux propos haineux du chanteur Jesse Hugues a soulevé un certain nombre d’interrogations, voire pour une partie du public une franche réprobation avec demande de remboursement à la clé. Pour mettre les choses au clair, les organisateurs ont clairement réaffirmé que pour eux la barrière entre l’artiste et le personnage politique était devenue très mince. Loin d’être à son premier coup d’essai, Jesse Hugues s’était déjà excusé publiquement pour ses propos sur la tuerie du Bataclan. Devant sa récidive et le relais que lui accordent les médias français, le Cabaret Vert a préféré marquer son désaccord en annulant sa venue.
Reste que le Cabaret Vert 2016 promet encore une fois de belles journées de concert dans un cadre chaleureux et original, ainsi que dans une optique toujours plus solidaire et durable. Plus d’excuses !
