Beau succès de foule pour cette nouvelle édition du Verdur Rock, la trentième, qui s’enorgueillit d’être le plus vieux festival wallon. Malgré une sérieuse entorse à la tradition – adieu la gratuité ayant assuré une bonne part du succès des éditions précédentes – c’est sous un ciel serein que le festival namurois s’est déroulé dans le cadre reposant du Théâtre de Verdure, à la Citadelle.

En association avec l’équipe d’Esperanzah, les scènes ont ainsi accueilli le classique concours “Verdur Rock” au sein duquel Kings of Eldergan, Ladylo, Mantra Suicide, Bathernay et In Lakesh étaient en compétition. Mentions spéciales pour In Lakesh, jeune groupe indie-folk teinté d’electro, vainqueur du concours et coup de coeur du public, ainsi que pour Mantra Suicide, aux sonorités Brit-pop évoquant Nico et la Factory d’Andy Warhols, mais aussi Supergrass ou Girls in Hawaii: second au concours général, prix de L’Avenir et coup de coeur Esperanzah…

Suivent ensuite des valeurs sûres, comme Alaska Gold Rush, Mountain Bike devant un public encore clairsemé. The Computers et leur set carré se terminant en bain de foule et jets de guitare parviennent, en frontstage, à fédérer un public tombé sous le charme.

Puis vient le tour des 3 rappeurs d’Hippocampe Fou. Autre style, autre public. Si les ados descendent en force au pied de la scène, c’est l’occasion pour les plus âgés de conquérir le haut des gradins du théâtre de verdure. Rap aux textes inclassables, où l’humour se mèle aux contes de fées revisités par les français. Après les envolées rock des Computers, le flow mid, voire même down tempo de l’Hippocampe relâche la pression et me laisse une impression finale mitigée (mais permettez-moi de vous confesser un scepticisme total pour les “musiques urbaines”. J’avoue donc être mauvais juge… Faute avouée !).

Qu’à cela tienne: les Lillois de Skip The Use vont définitivement réconcilier un public enfin nombreux, soudé par un set puissant, énergique et détonnant. “C’est le meilleur concert de toute ma vie”, assurera une jeune adulte, épuisée, en fin de set.

Et il y a de quoi. Matt Bastard et sa bande d’allumés met le feu dès le premier morceau. Punk-rock nerveux et efficace, teinté d’accents reggae ou de rythmiques franchement funk: voilà la recette du groupe.

Ajoutez un diablotin hyperactif, suspendu dans les airs, charismatique et rock’n’roll à souhait. Saupoudrez enfin d’une réelle complicité entre Matt et son bassiste dont les attitudes ne sont pas sans évoquer Paul Simonon (The Clash) explosant sa basse sur la pochette de l’immense London Calling. Reste un guitariste en double croches permanentes, accroché à sa Télé ou sa Jaguar, un claviériste omni-présent, et un batteur carré, à la précision métronomique et dont les attitudes, baguettes pointées vers le ciel, rappellent le Téléphone Richard Kolinka !

La marée humaine pogote à qui mieux mieux, obéissant aux injonctions du chanteur qui parvient à déplacer l’ensemble des gradins du théâtre vers la droite, vers la gauche… Morceau punk dédié au Roi, ponctué de “fuck off” hystériques… Skip The Use est bien l’un des meilleurs groupes de scène actuels. Après Téléphone, après Noir Désir, la relève semble enfin assurée en France, et c’est tant mieux !

Les Subs terminent enfin la soirée dans la douceur estivale, au sein du Théâtre de Verdure que les chauve-souris survolent, l’air un peu étonné, sans doute, par tant de monde et de bruits réunis en cet endroit… L’été s’installe confortablement.

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