Après 8 ans d’absence, Jali remonte sur scène cette année après avoir sorti son dernier album, “Paysages”, dont il a interprété quelques morceaux sur la scène de l’Inc’Rock, le 30 avril dernier, entre quelques-unes de ses chansons phares. Nous avons profité de cette occasion pour aller prendre de ses nouvelles.
Parlons un peu de ta pause pour commencer, pourquoi n’a-t-on pas pu te voir sur scène pendant un moment?
Cette pause était à la fois volontaire mais aussi un concours de circonstances. J’ai un parcours un peu atypique parce que mon premier album est sorti en 2011 et, contrairement à d’autres artistes, j’ai rapidement trouvé une maison de disques et sorti un premier album avec mes premières chansons. Tout s’est très vite passé au début de ma carrière et puis j’ai sorti mon deuxième album qui a eu un accueil du public un peu mitigé, la maison de disques a suivi, forcément. Et donc je me suis retrouvé avec une fin de contrat en 2015 pendant la “crise du disque” dont j’ai été victime, parce que c’était le début du streaming donc je suis un peu passé à la trappe. Et puis, le temps d’écrire des chansons, savoir si je voulais signer avec une maison ou travailler en indépendant, toutes ces choses-là mon pris du temps et puis ont été arrêtées en 2020 avec la Covid, malgré après avoir écrit déjà pas mal de chansons. Donc ça a été assez long de revenir sur scène mais c’est passé vite, justement parce qu’il y a eu beaucoup d’obstacles. Mais je suis très content d’être enfin de retour.
Donc, la plupart des chansons de ton dernier album, Paysages, ont été écrites avant la Covid?
Oui, pour la plupart, il y en a deux ou trois qui sont plus récentes. En fait, je me suis remis à écrire des chansons pour moi pendant le confinement parce que jusque-là je m’étais un peu embarqué dans un cercle d’écriture pour les autres, donc j’étais un compositeur de l’ombre. Et cette position est confortable parce que tu écris des chansons que tu ne dois pas porter toi-même et tu te laisse aller dans cette zone confortable et donc pendant tout un temps entre mon deuxième album et la Covid, j’écrivais pour d’autres artistes. Tout ça pour arriver au moment où j’ai dû faire un choix : est-ce que je continue d’écrire pour les autres ou est-ce que je recommence à écrire pour moi? Et donc, pendant le confinement, j’ai repris toutes les chansons que j’avais accumulées et, dans cette quarantaine de chansons, je me suis demandé : “Alors, il est où mon album, là-dedans?”. J’ai alors choisi les titres et j’en ai écrit encore quelques uns.
Tu nous as chanté une chanson que tu as écrite le premier janvier 2021, c’était une chanson liée à ce déclic-là?
Alors oui, celle-là est venue dans les dernières, au moment où j’avais déjà une tracklist pour l’album et sans savoir si j’allais la mettre sur l’album. Et donc je l’ai écrite très rapidement pour poser cette période de ma vie sur papier. Je me suis dit que c’était quand même fou ce qu’on traversait à ce moment-là et je me suis dit que je voulais écrire ça pour pouvoir le revivre dans quelques années. Ça a été un moment clé parce que c’est là que j’ai recentré mon style de musique, ce que je voulais faire, etc, et donc ça m’a remis l’église au milieu du village et recommencer ce que j’aimais faire : une guitare et ma voix, avec le reste en bonus.
Et justement, comment est-ce que tu choisis le thème d’une chanson?
Franchement, pour la plupart, je les laisse venir à moi. Sauf que j’écrivais pour d’autres artistes qui avaient souvent des requêtes bien précises. Et donc à cette époque-là j’ai vraiment appris à écrire des chansons sur ce qu’on me demandait et, à force d’accumuler beaucoup de titres, j’ai un peu changé ma méthode de travail. Comme, maintenant, les chansons sont pour moi, je les laisse venir à moi et que je prends l’inspiration sur des choses que je vis, que je vois, parfois même tout simplement sur un mot que j’entends et qui sonne bien, typiquement pour la chanson Eldorado sur mon album. Parfois un mot te fait ressentir des choses, c’est comme la chanson Espagnola, ça t’évoque tout de suite quelque chose. Et donc parfois ce sont des points de départ aussi banals qu’un mot, je ne me torture plus pour écrire une chanson, je la laisse vraiment se présenter à moi.
Tu es content d’avoir pu revenir sur scène et d’être venu tout seul?
Ah oui, très content, même. Parce que moi je fais de la musique justement pour pouvoir la partager avec le public. Faire un album, en fait, c’était un prétexte pour revenir sur scène et voir mon public. Et surtout sous cette forme-là, donc juste moi et ma guitare, c’était volontaire parce que j’avais envie de me mettre un peu en danger. Être seul sur scène ça met vraiment la pression parce que tu peux te raccrocher à personne, y a pas de batteur ou de pianiste pour me rattraper si je mets un petit coup de côté. C’est à la fois une liberté et une pression en plus et j’ai fait ce choix-là parce que ça me faisait peur, et, justement, comme ça me faisait peur, il fallait que je le fasse parce que c’est là que sont les challenges.
Un festival comme l’Inc’Rock c’est l’idéal, alors?
Je n’ai pas encore fait beaucoup de représentations pour cet album-là mais justement quand je vois que le public vient m’écouter moi et mes chansons, et pas un batteur ou un guitariste, c’est vraiment un truc qui me fait plaisir. Ça me fait vraiment plaisir que les gens viennent pour me voir, moi, et écouter ce que je raconte. Il y a des gens avec qui j’ai fait des photos juste après mon passage sur scène qui m’ont dit qu’ils étaient vraiment contents de me revoir sur scène. C’est ça que j’aime, et aussi de pouvoir partager avec mon public, dire ce que je veux, être qui je suis et c’est pour ça que j’ai fait ce choix-là.
Alors, tu dis que tu es venu seul avec ta guitare, mais c’est plutôt avec tes guitares, parce que tu as quand même une guitare un peu spéciale, qui est une ancienne boîte à cigare?
Oui, j’en suis fier de cette guitare parce qu’elle est unique au monde, ça il faut le savoir ! Elle a été faite sur mesure pour moi par un luthier de Bruxelles qui s’appelle Raphaël Van Mulders que j’ai rencontré pour lui faire réparer une guitare. Il m’a dit qu’il voulait me montrer une guitare spéciale sur laquelle j’ai directement craqué et donc j’en ai créé une de A à Z avec lui qui est devenue ma guitare spéciale. J’ai toujours eu envie d’avoir un objet que l’on pouvait lier à moi, comme mon béret du premier album. Ici, mon nouvel objet sera cette cigare box, qui a été faite sur-mesure et à la main.
Ce n’est pas ta première fois à l’Inc’Rock, comment te sens-tu à ce festival?
Oui, je l’ai déjà fait deux fois, je pense que je suis venu pour chacun de mes albums. A chaque fois que j’y ai joué, j’ai toujours vu du monde. Aujourd’hui, quand je suis arrivé, j’ai eu un peu peur parce que je ne voyais pas beaucoup de personnes et en fait dès que j’ai commencé, le monde est arrivé. Je pense que le fait que j’ai sorti un nouvel album joue aussi sur le public et c’est un bon point pour moi, je suis content. C’est mon premier festival de la saison et il y a du monde, donc j’espère que ça va continuer !
Tu as prévu d’amener un band avec toi pour les prochaines dates ou tu continueras seul?
Alors j’ai prévu de faire la tournée des festivals seul avant de prendre surement plus de musiciens vers l’automne pour des dates qu’on ne peut pas encore annoncer et aussi quelques collaborations qui arrivent.
Un petit fun fact sur toi?
Alors, oui, justement en parlant de collaboration, je fais aussi des prods de rap ! Ça, les gens ne le savent pas mais depuis quelque temps, en apprenant à faire de la production pour créer mes propres chansons, j’ai appris à faire des productions de rap pour des artistes. Donc voilà, je suis très fier de ces prods et il y en a d’autres qui arrivent bientôt.
INTERVIEW REALISEE PAR OLIVIA GODEAU, CELINE HADJIU ET SIAM HIJARI POUR SCENESBELGES.BE LE DIMANCHE 30 AVRIL 2023 A L’INC’ROCK FESTIVAL.