On a tourné autour de lui tout l’été sans jamais réussir à l’accrocher, mais ça y est ! Il aura fallu attendre le mois de décembre pour qu’on puisse enfin assister à un concert de Pierre de Maere. Nouvelle coqueluche de nos voisins français, le jeune homme agé de 21 ans a sorti un premier EP emmené par le hit “Je marierai un ange”, sorti il y a tout juste un an. Tout récemment il s’est aussi vu remettre un NRJ Music Awards dans la toute nouvelle catégorie de la Révélation belge de l’année. Et pour achever le tableau, son premier album, “Regarde moi”, est annoncé pour le début de l’année prochaine. Influencé par les icônes pop de son époque, Pierre de Maere appartient à cette génération d’artistes assumant pleinement qui ils sont avec un mépris jubilatoire pour les cases préétablies. Le temps nous dira si l’étoile filante qu’il incarne continuera à brûler longtemps. Mais en attendant on profite de son passage à La Madelein car on ne serait pas étonnés qu’il ne soit plus possible de le voir dans des salles de cette taille dans le futur.
Et la soirée commence avec la pop toujours aussi rafraichissante du duo COLT (anciennement Coline et Toitoine). Cela fait maintenant deux-trois ans qu’ils écument les scènes du pays avec un public à chaque fois un peu plus nombreux qui est là pour les soutenir. Ils assurent pleinement leur rôle de première partie avec leurs titres qui tombent directement dans l’oreille. En cours de set, ils envoient une reprise osée du pourtant intouchable “Creep” de Radiohead. Colt s’essaie aussi depuis quelques temps aux titres chantés en français, ce qui détonne un peu au regard des influences très anglophones de leur musique. Mais ça fonctionne ! On est toujours surpris par cette capacité qu’ils ont d’allier le chant parfois presque lyrique de Coline avec des rythmes et sonorités très modernes et dansantes, voir carrément électro. Mention spéciale à Toitoine qui était survolté et remonté comme un coucou derrière ses machines et paddles. Colt incarne la pop dans ce qu’elle a de plus noble, accessible tout en étant qualitative.
Il est 21 heures lorsque La Madeleine est plongée dans l’obscurité pour le plat principal de ce samedi soir. Une claviériste et un batteur prennent place sur scène. Arrive ensuite LA star de la soirée : PIERRE DE MAERE. C’est avec le titre “Lolita” que le chanteur débute le concert. Des le premier refrain, il fait la démonstration de tout son talent vocal : on retrouve chez lui quelque chose de Loïc Nottet et de Mustii dans leurs identités vocales respectives. C’est puissant, intense, sensible et fragile la fois. Pierre de Maere est un chanteur et un équilibriste qui aime aller provoquer le point de rupture sans jamais y basculer.
Le concert de ce soir permet à Pierre De Maere de présenter de nouvelles chansons qui se trouveront sur son futur premier album. Son univers nous entraîne quelque part dans l’atmosphère dramaturgique d’une nuit tourmentée et enfumée, comme avec le titre “Jouer moins trois” ou son dernier single “Roméo” qu’il finit en solo au piano. Pierre en profite aussi pour s’excuser des reports successifs du concert de ce soir. Il explique que sa victoire au NRJ Music Awards avait bousculé les choses. C est donc avec ce trophée dans la main qu’il se présente sur scène en remerciant le public qui a voté pour lui. Public qui est de toute façon acquis à sa cause depuis bien longtemps en hurlant des les premières notes de chaque titre. Pierre doit également composer avec de récurrents problèmes d’oreillettes et de retours, mais rien ne pourra entraver la célébration en cours entre lui et son public. Le jeune homme en profite ainsi pour faire son grand baptême des bains de foule à l’occasion d’un slam bien maitrisé.
Les titres s’enchainent et, au delà des mélodies, nous sommes charmés par le jeu de scène et l’interprétation de ceux-ci. Il y a quelque chose de brûlant et électrique dans tout ça, et ce même lorsqu’il revient sur scène avec un short rose Adidas. De temps en temps, Pierre s’installe au piano, nous offrant quelques passages plus épurés au cours de ce set assez musclé et electro dans l’ensemble. Les inédits “Les oiseaux” et “Les animaux” étant bien calibrés à ce niveau. Sur ce dernier titre, on retrouve même quelques petits samples du titre “E talking” de Soulwax. Pierre de Maere multiplie les postures d’icône rock’n’roll avec tout le glamour et la sensibilité qui le caractérise. Rien d’anormal à le voir aborder des thematiques identitaires qui semblent être des versions modernes de “Sans contrefaçon” de Mylène Farmer ou de thématiques explorées par Indochine, Lady Gaga et autres.
La fin de la soiree s’annonce doucement avec LE tube de Pierre De Maere : “Je marierai un ange” repris en chœur par toute la salle. On assiste au même phénomène sur le très émouvant et épique “Regrets”. En rappel, et pour finir la soirée, Pierre livre une version tres rock de “J aime j aime” et son texte faussement prétentieux. Que ce soit ses titres déjà connus ou les inédits à venir sur son futur album, on a apprécié les sonorités modernes et puissantes entendues ce samedi soir. On a aussi aimé ses interprétations sur fond d’un romantisme qui pourrait virer doucement dans la décadence et le dramatique à tout moment. Enfin, la personnalité de Pierre de Maere vient y apporter sa touche de douce folie tournoyante et bourrée d’amour. Vivement 2023 pour découvrir son premier album qui risque de rapidement devenir incontournable alors qu’une Ancienne Belgique est déjà aussi annoncée pour le 18 mai 2023.