Après un passage par Forest National au printemps, ALICE ON THE ROOF était de retour à Bruxelles ce dimanche soir mais cette fois au Théâtre National dans le cadre du FESTIVAL DES LIBERTÉS. C’est dans une version plus intimiste que celle de l’arène forestoise que nous l’avons donc retrouvée. Avec son univers un peu barré, décalé, rêveur et légèrement cynique au goût de guimauve, elle a totalement trouvé sa place dans le cadre de ce festival qui cherche à abolir les frontières et élargir les horizons par le théâtre, le cinéma, des expos, des débats et aussi des concerts.

 

La fan base d’Alice est déjà bien présente et s’impatiente à l’entrée de la salle bien avant l’ouverture des portes. C’est un public très hétéroclite qui s’y presse. Et pourtant, même si les gradins sont complets, la fosse est  légèrement clairsemée. Rien de catastrophique cependant. Il est  20h45 lorsque les lumières s’éteignent alors qu’une reprise de “Heroes” de David Bowie par Peter Gabriel retentit dans les enceintes. Rien que ça ! Le tout sur fond de violons et de basses profondes. On appelle ça avoir du goût.  Un grand rideau blanc cache la scène. Alice y apparaît alors dans un jeu d’ombres et de lumières. Lorsque le rideau tombe Alice est couchée dans un lit. Et lorsqu’elle en sort c’est pour se mettre à danser. Mais pas n’importe comment. Elle danse de manière sauvage et débridée, vêtue d’une robe qui fait étrangement penser à La Reine des Neiges. Tout ça pour dire que le concert s’ouvre sur le titre “Race In The Shadow” qui commence en douceur pour finir en mur du son, bien plus que sur CD. Le band qui accompagne Alice envoie de la grosse puissance musicale. 

 
Régulièrement entre les titres Alice discute avec le public. Toujours avec auto-dérision, ce qui rend chacune de ses interventions drôles, à la limite du “stand up”. Comme lorsqu’elle organise un petite speed dating pour les célibataires de la salle par exemple. Ou lorsqu’au milieu du set un souci technique affecte un des synthés de ses musiciens. Elle ne se laisse pas démonter et, après quelques petites blagues, enchaîne avec sa reprise du “Téléphone Pleure” de Claude François. Titre qu’elle a enregistré avec Arno. Mais comme Arno n’est pas là elle assure tout le chant dans cette version piano-voix. Piano où elle passe pas mal de temps, mais pas que, puisque c’est aussi au fût de batterie ou au paddle électronique qu’on la retrouve parfois à percuter énergiquement ces derniers. Elle ne tient pas vraiment en place sur scène. Pour en revenir au piano, on retiendra ce joli et surprenant medley pour rendre hommage aux femmes, avec notamment une reprise d’ “Etre une femme” de Michel Sardou. Au niveau des reprises suprenantes, il y aussi cette version toute en délicatesse de “Tombe la neige” d’Adamo.
 
Ce concert est également l’occasion pour Alice de permettre à une équipe de tournage de capturer quelques scènes d’un film dans lequel elle à un rôle d’actrice. Du coup le déroulement du concert s’en retrouve légèrement chamboulé.
 
Alice On The Roof ce n’est pas seulement elle et son piano, comme déjà précisé. C’est une reprise d’ “American Boy” d’Estelle et Kanye West où elle est rejointe par le prometteur duo féminin de Juicy. C’est aussi une version percutante et percutée de “Malade”, mais sans Vianney au grand désespoir de certaines dans le public. C’est également une version à rallonge et très électro de “Lucky You”. Et puis la part rêveuse d’Alice prend le dessus lorsqu’elle s’abrite sous un parapluie d’une pluie de confettis scintillants tombant du ciel. Pareil lorsqu’elle joue sur une balançoire venue du ciel elle aussi le temps du très beau “La Fille Sur le Toit”. On rêve aussi lorsqu’un de ses musiciens s’empare d’un violon pour venir agrémenter la musique d’une mélodie et d’une sonorité tournoyante et lumineuse. Le Concert s’achève au bout de deux petites heures avec son premier single “Easy Come, Easy Go” et avec le très dansant et tropical “T’es beau comme t’es”. C’est une prestation d’ensemble variée et tout en relief qu’Alice nous a livrée ce soir, avec des moments pleins de délicatesses et d’autres remplis de fougue et de folie.
 
 
Mais malgré tout il manque un petit quelque chose à tout ça. Cette douce folie que l’on retrouve sur scène y reste bloquée malheureusement. Le public semble y rester majoritairement insensible et ne se laisse pas contaminer par cette maladie pourtant inoffensive. On ne va pas cacher que l’ambiance nous a parue froide dans le public. Les gens sont attentifs mais ne manifestent que très (trop) timidement leur enthousiasme. Ce constat avait déjà été fait à Forest National au printemps où il avait fallut attendre l’arrivée de Vianney pour que la salle s’enflamme… le temps d’un morceau. C’est dommage car Alice On The Roof a le mérite de construire et proposer un style et un univers unique et personnel. Peut-être trop personnel et intime justement ? Un univers sans filtre. On a tous un degré de folie en nous, certains l’assument plus que d’autres. Alice On The Roof en fait partie et c’est tout à son honneur de s’autoriser cette liberté totale et sans frontière. 

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