Jean-Louis Murat a rendu visite à Bruxelles et sa belle Orangerie du Botanique, ce samedi. L’occasion d’un spectacle faisant la part belle aux chansons du dernier album, Babel, de l’Auvergnat. Pour son septième (!) passage au Botanique, l’homme des bords de Dordogne a plus que convaincu, et ce malgré quelques aléas du live.
J’avoue, je m’étais endormi lors de son concert au Verdur’Rock de Namur il y a deux ans et demi. Profondément intéressé par le personnage atypique, la chaleur de sa voix et le nombre prolifique de ses belles chansons, je n’avais pas trouvé que le cadre d’un festival comme celui de Namur (avec un son pas terrible) rendait grâce aux chansons de Jean-Louis Murat. Il en est allé tout autrement ce samedi soir dans l’Orangerie du Bota pour un concert sold out depuis bien longtemps pour la septième venue du Seigneur de ses lieux!
Après une charmante première partie avec le blues acoustique de Kris Dane et sa voix rocailleuse, place donc à ce géant atypique et charismatique de la scène rock française. Il était attendu. Le Delano Orchestra aussi, puisqu’annoncé dans le programme. Mais l’Orchestra n’est pas venu privant ce concert des notes cuivrées qui font un des charmes de Babel, le dernier album. Bon d’accord, on a été trompé sur la marchandise, mais c’est à peine si on s’en est rendu compte tant Jean-Louis Murat, accompagné des nouveaux venus Chris et Gaël et de l’incontournable (depuis un paquet d’années déjà) Stéphane Raynaud à la batterie, a assuré un spectacle tout en blues et en puissance émotionnelle.
Table rase faite du passé (pas de place aux anciennes chansons), Jean-Louis s’est promené dans le répertoire de son dernier album, décontracté et tout à son affaire. Égrainant une à une les chansons de Babel, quasi dans l’ordre, le fier Auvergnat n’a pas oublié son public, belge de surcroît, le meilleur des publics après… les Auvergnats. “Auvergne Power, je suis un fils de Vercingétorix.” Dans un jour très souriant, le sexa sexy – il fallait entendre les cris des femmes de tous âges et à gorges déployées- n’a pas non plus hésité à plaisanter. “Il ne faut pas que je dise bonsoir, ça me sort du concert!“. Après six premières chansons qui marquaient clairement une tendance vers le blues puissant et envoûtant, généreux, l’improbable s’est passé. Une voix, bien tapie dans l’ombre s’élève: “C’est quoi ce blues de merde. On veut de la compo!” Mais ce qui aurait pu faire tourner au vinaigre une soirée de haut vol est très vite devenu un moment hilarant. Quand le sieur a fini, Jean-Louis, flegmatique et imperturbable, lâche: “Tiens, y’a un Français!” Avant d’enchaîner sur le bienvenu Vallée des merveilles: “Je dis homme, attends que je termine, retire un peu la tétine!” Et, comme si ça ne suffisait pas, d’y intégrer un retentissant “Petit cochon de Français“. Bref, on n’a plus entendu le mécontent de la soirée. Et l’enthousiasme du public déjà très chaud n’a fait que redoubler suite à l’incident. Et ce jusqu’au rappel. Applaudissements éclatants et bonne humeur n’ont pu que faire revenir le chanteur sur scène. “Je vais déménager avant qu’on ne ferme les frontières. Ca nous pend au nez.” Un spectateur joue au chien dans la salle, Jean-Louis fait le chat sur scène. Avant de sonder notre coeur pour une dernière chanson concluant un fabuleux voyage d’1h45 entre l’hiver de Bruxelles, la neige et la pluie au Sancy, la vitalité de la Dordogne et l’intensité d’un blues magnifique. Et le public de répéter le titre d’une chanson bien nommée: J’ai fréquenté la beauté. On ne pourrait mieux dire!
Setlist:
1) Chant Soviet
2) J’ai fréquenté la beauté
3) Blues du cygne
4) La chèvre alpestre
5) Les ronces
6) Mujade Ribe
7) Vallée des merveilles
8) Neige et pluie au Sancy
9) Col de Diane
10) Noyade au Chambon
11) Tout m’attire
12) Frelons d’Asie
13) Long John
14) Chagrin violette
15) Passions tristes
Rappel: Qu’est-ce qu’au fond du coeur