Elle est l’une des figures les plus excentriques de la scène actuelle. A la fois poupée de son et chanteuse paillarde, GiédRré a pris le temps, entre le Lasemo et les Francos de répondre aux questions de Scènes belges.
Scènes belges : Alors que vous êtes peu diffusée par les média, le public adhère à votre projet et vous suit dans ce qui est la seconde saison consécutive de festival en Belgique alors qu’en général, on tourne une seule saison. Comment vivez-vous cette période particulièrement dense ?
GiédRré : Je me dis que j’ai beaucoup de chance car tout d’abord le public belge est très, très cool. Revenir souvent c’est un bonheur.
En Belgique il se passe quelque chose de particulier, peut-être une forme de surréalisme qui nous rassemble. J’ai l’impression que j’ai des rapports assez francs avec mon public et qu’ici ça plait beaucoup ce genre d’attitude.
SB : Qui est vraiment GiédRré ? Si je croise GiédRré sur scène et GiédRré dans la rue, vais-je voir deux personnes différentes ?
G : Je n’ai pas l’impression d’être différente sur scène et dans la vie, si ce n’est que sur scène je peux choisir de montrer de ce veux, moins dans la vie.
Avant la musique, j’ai fait du théâtre, j’étais frustrée car je ne trouvais pas la liberté que j’espérais en termes de création. J’ai vite ressenti le besoin de faire mes propres créations et ce fut ça, la musique que je propose actuellement.
SB : Certains vous qualifient de chanteuse-humoriste. Vous reconnaissez-vous dans cette description ?
G : Je ne me considère pas comme une rigolote ou comme une humoriste. J’utilise l’humour comme moyen et pas comme but. J’ai beaucoup d’exigences, je veux offrir le meilleur à ceux qui viennent me voir. Je cherche sans cesse où je vais, je ne veux pas le savoir au final car si j’étais arrivée à un but, j’en chercherais un autre. Je n’aime pas l’idée de devoir coller une étiquette sur la création.
SB : A l’entrée du festival, on décourageait le jeune public à assister à votre concert. Où se situe votre limite ?
G : Ma seule limite c’est la méchanceté. On peut dire beaucoup de choses, même violentes mais sans passer par la méchanceté. Je ne fais aucune démarche ni aucune concession pour passer en radio ou en télé. Mon public me suit sur scène ou sur le Web et ça c’est une belle richesse. Quand les spectateurs sont là, c’est un choix pour eux. Ce n’est pas parce qu’on m’aura matraquée à la radio qu’ils seront présents. Internet implique une démarche d’écoute volontaire. Je suis fière de ça, mon public me choisit individuellement et consciemment.
SB : Les Francofolies sont dans une semaine, en quoi votre concert là-bas sera-t-il différent de celui donné ce soir au Lasemo ?
G : Les Francos de Spa, ce sera la troisième fois de suite, je suis trop heureuse. Je n’appréhende pas différemment les concerts en fonction des endroits où je joue. Pour moi, le public reste le public. A priori les gens viennent pour moi, si ce n’est pas le cas ça ne peut pas marcher. Ils peuvent être heurtés. J’ai tellement de plaisir à être sur scène, c’est juste incroyable. Le moment où je me suis rendue compte que les gens venaient pour moi ça a été fabuleux.
SB : Quel est votre rituel avant d’entrer en scène ?
G : Mon rituel juste avant de monter sur scène, je demande à ma régisseuse si j’ai des crottes de nez ou pas.
C’est sur cette note si décalée que se terminera l’échange avec cette artiste inqualifiable mais au talent et à l’autodérision incroyable. GiédRé a livré deux superbes concerts au Lasemo et aux Francofolies de Spa. Si vous ne la connaissez pas, courrez découvrir son univers déjanté, vous n’en sortirez pas indemne.