Non, Birdy Nam Nam n’est pas mort… Birdy Nam Nam évolue ! Si beaucoup de vieux loups se sont sentis un peu perdus, voir déstabilisés, à l’écoute de Dance or Die, sur scène, ce sont toujours des ‘fuckin’ kings of turntables‘. Récit d’une réconciliation à l’Ancienne Belgique.
Alors oui, le Birdy Nam Nam d’antan, celui des Abesses et Violons, celui qui fut sacré champion du Monde de DJing en équipe, n’est plus tout à fait… Le quatuor sacré de la scène electro française a laissé place à un nouveau projet musical, plus underground, désormais porté en trio depuis le départ de Pone en 2014 – départ qu’on ne lui reprochera pas vu la tuerie qu’il nous a offert en solo. Mais le crew a eu le mérite de ne pas chercher à remplacer son membre amputé comme on place une jambe de bois sur un marathonien. Et tant mieux, ça n’aurait eu aucun sens.
“Dance or Die”, ni dance ni die
Le désormais trio – qui ne renaît pas de ses cendres mais évolue en toute décomplexion, sur un nouveau label auto-créé – nous est donc donc revenu en 2016 avec ‘Dance or Die’, qui, on le sait, a hérissé les poils de certains fans de la première heure. Reconnaissons-le, à l’image de l’aspect graphique de sa pochette, l’album nous a laissé aux premiers abords un arrière-goût criard et inachevé… Après un excellent, bien qu’incompris, ‘Defiant Order’ – à l’âme cohérente et homogène, bien que profondément sombre, anarchique et anti-social – Crazy B, DJ Need et Little Mike nous servaient en octobre ce qui a été perçu par une bonne part de la critique comme un indigeste pote-au-feu dont les ingrédients auraient été mal choisis, ou du moins n’auraient pas mijoté assez longtemps : arrière goût de dubstep, rengaines post-pop, beats techno pré-mâchés, voix hip-hop criardes surfant sur la vague trash, un peu de glo-fi bidouillée. Difficile de savoir où ils veulent aller, mais sans doute pas dans l’auto-radio des fans originels. Et en fait, on s’en fout ! Parce que le Birdy Nam Nam d’aujourd’hui, c’est le Birdy Nam Nam du « on fait ce qu’on veut et on vous emmerde ! ». On ne l’écoute, on le vit en live. Et sérieux, moi, j’adore ça…
« Quand t’écoutes ce genre de son, t’as envie de danser n’importe comment ! »
Birdy Nam Nam, ce sont avant tout des putains de performeurs. Et la seule chose qui m’empêchait de dormir tranquille après la sortie de ‘Dance or Die’ était de savoir si en live, le génie qui était à l’oeuvre à huit mains, pouvait toujours oeuvrer à six… Que donne un Parachute Ending à trois platines ? Telle était la véritable question. Car le dernier live auquel j’avais eu la chance d’assister remonte déjà à… je ne sais plus, mais ouch, ça faisait un bail ! (Et paf, dans les dents, le coup de vieux !)
C’est donc avec une certaine appréhension mais le coeur confiant que je me suis rendu mercredi soir à l’Ancienne Belgique. C’est une salle loin d’être pleine qui a accueilli le DJ band français… Les balcons sont fermés et recouverts d’un rideau étoilé qui rend l’ambiance très céleste. On regrette un peu le manque d’affluence, qui a un impact clair sur la motivation du public. Mais il est assez agréable de pouvoir assister au set en première ligne, sans être bousculé et de pouvoir utiliser la scène comme table pour poser sa bière.
Dès leur arrivée sur scène, le ton est donné… Les artistes enchaînent les morceaux, régulièrement rassemblés par session de mix de dix à quinze minutes, entrecoupées de pauses durant lesquelles ils prennent la paroles pour s’adresser au public en toute décontraction. On est entre potos. Le set est plus structuré à la manière d’un concert live (mais n’en est-ce pas un ?) plutôt que d’un DJ set classique… Et mon avis, tranché, tombe aussi rapidement que la lame d’une guillotine. C’est lourd, c’est gras, ça envoie du pâté ardennais dans la tronche, et putain que c’est bon! « Quand t’écoutes ce genre de son, t’as envie de danser n’importe comment », nous balance le morceau U.R.A.O.. Et c’est salement vrai ! Je passe le concert dans un degré d’excitation rarement égalé, sans aucune retombée… Certes, la nostalgie fait son effet et on regrette un peu les montées lentes et progressives, quasi psychotropiques, d’il y a dix ans. Mais ça, c’est que mon côté vieux con qui refait surface de temps à autres au milieu du tumulte. Je reconnais avoir tout de même passé l’ensemble du concert à attendre les beats légendaires de Abesses ou encore de Parachute Ending en espérant qu’ils ne feront pas l’impasse dessus… Et me voilà finalement servi puisqu’on les aura toutes en même temps en fin de concert dans un mix à leur nouvelle sauce. Comment ont-ils donc fait pour ne pas déprécier leurs vieux tubes en perdant un de leurs interprètes en cours de route ? Et bien, ils les ont fait évoluer, comme le reste de leur répertoire… Et sacrément bien, en plus. Si l’on ajoute à cela un light-show assez classique mais puissamment épileptique, ainsi que des solos de scratch endiablé, on obtient un véritable léchage de babines neuronal. Le passage en question dans notre live ci-dessous (désolé, qualité Facebook oblige).
Un dernier morceau et les lumières finissent par se rallumer. On retombe abruptement sur Terre. Putain que c’était bon. Et si vous en doutez, franchement, foncez les voir !
Birdy Nam Nam sera en concert ce soir à l’Olympia et, pour les p’tits belges que nous sommes, le rendez-vous est fixé le 31 mars dans le cadre de Couleur Café.
Crédit Photos : Kim Sattler