Malgré une volonté évidente de mettre en avant une scène indie alternative, il est difficile de soutenir que le Verdur Rock, plus ancien festival wallon (32 ans cette année) a fait le plein ce samedi. Vers 23 h 30, 350 à 400 personnes tout au plus se pressaient dans le Théâtre de Verdure pour supporter la tête d’affiche, The Sore Losers. Rude !
On peut mettre en cause la météo capricieuse et maussade de ces derniers jours (malgré un temps sec ce samedi), un prix de 15 euros (mais Skip the Use, l’an passé était parvenu à soulever un théâtre archi-comble malgré la nouvelle entrée payante), une affiche un peu trop “indie alternative”, sans véritable tête d’affiche attractive, faisant que la plupart des festivaliers ne connaissaient pas trop les groupes programmés, un Euro de football plus attrayant peut-être – oui, mais la Belgique ne jouait pas ce samedi, une communication moins efficace ou le fait qu’à l’heure où j’écris ces lignes, peu de festivals d’été affichent sold-out, à l’exception notoire du Werchter Classic…
Toujours est-il que la vision d’un Théâtre de Verdure rempli au dixième de ses capacités pour les 3 derniers groupes programmés donne une impression étrange et désolée à un festival pourtant idéalement programmé à la fin des examens, connu et reconnu des Namurois et dont l’affiche offre toujours quelques bonnes surprises.
D’abord parce qu’il y a le Concours Tremplin, par où sont passés tant de grands noms de la scène belge (BRNS, Robbing Millions, Alaska Gold Rush, etc…). Vainqueur de cette édition, Jérémy Walch, suivi de Bimbo Délice. Deux formations à suivre désormais…
Ensuite parce qu’il y avait réellement de bonnes surprises. Mon coeur de guitariste s’est enflammé cette année pour le duo irlandais The Bonnevilles, sur la scène du Belvédère.
Blues rock rauque, graveleux, punchy, “right in your face”… Waw ! Voilà deux gaillards qui savent donner le maximum, sans concession, hurlant le blues, martelant un rock’n’roll pur et dur, laissant ruisseler des guitares détrempées sous l’effort, éclatant la caisse claire et distortionnant un ampli dont on devine qu’il ne sait plus trop suivre, le pauvre. Sappés en chemises blanches et cravattes noires, façon missionnaires Mormon surpris en délit de rock, chaussés de ces improbables godasses que seul le monde anglo-saxon peut mettre en vente, les The Bonnevilles mettent à genoux une salle bondée, en transe… Voilà des Irish qui savent retrousser leurs manches et mouiller la chemise, au propre comme au figuré ! Tchieu-t’y ! Barman, tu remets une Guinness ?
Et puis, sur la scène Théâtre, j’épinglerai le set de Grand Blanc, quatuor lorrain issu de Metz. Dans une électro-pop noisy, les français font mouche devant un public malheureusement trop claisemé pour apporter une impression de communion musicale. Pourtant le set est visuellement léché, mélodique et carré, et les textes sont de bien meilleure tenue que celles de Bagarre, les ayant précédés sur scène.
Enfin, The Sore Losers termine la soirée avec un set “classic rock” sans apothéose, qui laisse un goût de trop peu. J’ai l’impression de suivre un bon show, donné par des musiciens qui savent jouer et qui s’y connaissent en bon matos, mais sans audace, sans ce supplément d’originalité qui “cloue sur place”, qui donne envie de connaître la suite, qui justifie la présence en haut de l’affiche. Ce n’est pas suffisant pour retenir un public qui s’étiole au cours du set.
Le Verdur Rock 2016 manquait vraiment d’une tête d’affiche faisant la différence. On n’a pas réédité cette année le coup de Skip The Use, et c’est vraiment dommage. On ne peut que s’inquiéter pour le futur d’un festival ancré dans les habitudes namuroises, et qui, à force de se vouloir alternatif, finit par perdre un peu du public “mainstream” pourtant financièrement nécessaire aussi. Allez les gars: 2017 sera meilleur !