Les Shaka Ponk! Existe-t-il en France actuellement un groupe plus stylé et identifiable? Loin de se contenter du seul domaine musical, le groupe parisien (et aussi berlinois puisque leur premier contrat fut signé à Berlin… avec le succès qu’on connait) envahit tous les rayons. Avec un merchandising qui part dans tous les sens (et outrancier, diront certains): bien sûr, au rang des incontournables, il y a les t-shirts, bracelets, casquettes, sacs et autres badges. Mais il y a aussi le rayon des moins probables où se retrouvent les gobelets, les bagues, les coques pour smartphone, les oreillers et même… les figurines. Autrefois, c’était avec des légos ou des figurines métallisées des Chevaliers du Zodiaque qu’on vivait ses aventures; aujourd’hui, les jeux se font en rock couleur shaka et instinct monkey. Et ce n’est même plus limité aux enfants.
Alors quand, dans la foulée de leur dixième anniversaire (éh oui déjà, tout ça ne nous rajeunit pas), en 2014, les Shaka reviennent en fanfare avec quatre nouveaux articles, on en connait plus d’uns qui ont eu le cœur en pogo. En effet, ce ne sont pas moins de deux cd’s, un pour chaque semestre qui ont rempli les cdthèques. Un white (et light?) The white pixel ape smoking isolate to keep in shape (vous pouvez trouver ma critique ici) et un autre plus black et âpre, plus violent et introspectif aussi, Drinking Cigarettes to Take a Break (mon autre critique est là). Et non contente d’en plus combler les fans, et les moins addicts aussi, lors de concerts de malade mêlant défoulade et ingénieuse projection de scènes en animation (j’en avais touché quelques mots et lignes ici); la Shaka bande nous gâte avec deux livres aux éditions Hachette/Marabout. En attendant de les retrouver à Bruxelles le 21 mars 2015 au Palais 12, après leur annulation du 5 novembre dernier. Mais bon il paraît qu’en prenant son mal en patience, on est rarement déçu. En plus voilà donc ces lectures pour le coin du feu.
Le premier est une bande-dessinée. Et si celle-ci n’est pas autobiographique pour un sou (ou alors peut-être de l’état dégénéré, dans le sens noble du terme, du cerveau des 6 monkeysiciens) et nage bien souvent en plein délire, elle vaut le détour. Avec le scénariste Mile et le dessinateur Sébastien Salingue, les Shaka Ponk vont vivre des mini-aventures de papier toutes plus délirantes que les autres: d’une résurrection voulue par Dieu le père-singe aux leçons de surf, sans oublier les délires sado-maso en coulisses des concerts ou l’incursion de C3PO et R2D2. C’est hilarant et surtout bien dans l’esprit déjanté du groupe le plus fracassant de ces dernières années. Un incontournable que tout fan se doit d’avoir, mais pas sans intérêt pour les “simples” lecteurs de BD’s qui ne connaîtraient pas le groupe… mais auront peut-être envie de les découvrir en sons après les dessins.
14/20
Mile et Sébastien Salingue, Shaka Ponk, Marabulles (Marabout/Hachette Livres), 48p., 13,50€.
Puis il y a cet autre bouquin Monkey Diary qui, lui, est bien ancré dans la réalité du groupe puisqu’il propose leur vie de scène en photos (majoritairement en noir et blanc) immortalisées par le talentueux Laurent Julliand. Mais aussi en entretiens. Tout deux révèlent la vie à grand public d’Ion, Sam, Frah, CC, Mandris et Steve, lors des soirs de grand live où des milliers de personnes se massent pour un bon moment de cérémonial en l’honneur des stages. Mais Monkey Diary est aussi l’occasion unique de découvrir une certaine part d’intimité du groupe: les conseils antistress de Sam, l’enregistrement d’un album, les ptits coups de Jack Daniel’s de Steve, le regard sur les médias, les échauffements, les baskets déglinguées aussi. Puis, il y a ces multiples visages d’un public à chaque fois conquis, qui exulte, quelque soit l’âge, gamine ou vieillard. Monkey Diary, c’est un parfait portrait d’un band qui a, déjà, créé une oeuvre majeure et révolutionnaire, une oeuvre conceptuelle dont ils n’auraient jamais imaginé qu’elle intéresserait quiconque. Monkey Diary, c’est le portrait de membres d’un groupe disponible et animé par le do-it-yourself. Et qu’on aime ou pas ces gars-là, et cette meuf-là, Laurent Julliand leur rend un hommage exemplaire, l’un des plus beaux qu’un artiste puisse rêver.
17/20
Laurent Julliand, Monkey diary: Photographies et entretiens, Marabout/Hachette Livre, 192p., 20,90€.
[youtube=http://youtu.be/JDrWNYSHel0]
À noter que les deux livres sont à gagner ici