Le Brussels Summer Festival est, et restera, un rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique en plein air. Dans le très beau cadre du haut de la ville, c’est trois lieux chargés d’histoire qui accueillent chaque année de très nombreux festivaliers. Ils étaient encore près de 125000 à fouler les pavés (souvent humides) de la capitale en ce début du mois d’août. Le BSF proposait cette année une affiche très éclectique, oscillant entre le métal de Channel Zéro, la soul moderne de Typh Barrow, les jolies rengaines de Noa Moon ou de Renan Luce et la folie douce de M.
Retour sur 10 jours, entre coups de cœur et coups de gueule.
Les coups de coeur
Les Panties : Sophie Frison, en collants et chemise en jeans a enchanté le public du Magic Mirros avec sa voix qui joue sur la gamme complète du plus grave au plus aigu. Un son post-punk très pointu, une approche scénique audacieuse. Voilà un groupe qui est trop souvent qualifié de bobo intello et qui mériterait tellement une belle visibilité.
Arsenal : Énergie, complicité scénique, public de fans, musicalité incroyable, jolie présentation du nouvel album, que de qualificatifs pour ce groupe du Nord du pays qui a réussi le pari de drainer une belle foule devant le Palais Royal. Il y a eu de la sueur et de la sensualité. Beaucoup de jeux entre les musiciens, des moments suspendus. Un tout beau concert.
La nourriture : manger en festival peut vite se révéler problématique si on n’aime pas les frites et les pains saucisses. Festival bobo par excellence, le BSF a choisi de jouer la carte hype en s’appuyant sur le savoir-faire des food trucks habitués des places- to-be de la capitale. Un hamburger oui mais sauce Dallas s’il vous plaît. Alors, sans doute que le budget des festivaliers en a un peu souffert mais au final leurs estomacs leur a dit merci.
MLCD : Les liégeois, présents sur de très (et non pas trop) nombreuses scènes cet été, ont littéralement enflammé le BSF. Que de maîtrise, de spontanéité, d’énergie et de précision. Ce groupe est à voir assurément, le dernier album est un bijou, un diamant taillé et incisif. Des lumières incroyables habillaient Red Boy et ses acolytes. Le moment hot du BSF.
Typh Barrow : Un joli minois, une verve taquine, une belle dose d’auto-dérision, un piano en velours, une voix groovy en diable, des titres personnels qui vous emmènent dans les meilleurs clubs de la new Orleans et des reprises décoiffantes d’originalité (Gangsters paradise). A suivre très prochainement sur Scènesbelges.be pour une chronique de l’album. Révélation 2014 de ce BSF.
Texas : Pas une seule minute d’ennui, du son efficace, une présence folle pour la toujours aussi charismatique Sharleen Spiteri. Les plus grands succès (mais y-a-t-il autre chose que de grands morceaux chez Texas), trois rappels, beaucoup de connivence avec le public. Une belle apothéose pour cette dernière soirée du week-end sur la Place des palais. Le moment pur plaisir de ce BSF.
Marie Warnant : Un Magic Mirros ensorcelé par la bruxelloise qui prenait possession des lieux. Sexy à souhaits dans un joli short argenté et très bien accompagnée par des musiciens incroyables, Marie a donné le meilleur d’elle-même. Présentant son dernier album, Nyxtape, c’est un live à la fois rock et electro qui était proposé. Très sensuelle, débordante de punch, c’est un concert très animal qui a réchauffé le public venu nombreux malgré la pluie torrentielle qui s’abattait sur Bruxelles en ce dernier soir de festival. A suivre très prochainement en interview sur Scenesbelges.be.
Les équipes techniques : Malgré l’humidité, les trombes d’eau, le plafond du Magic Mirros qui tremblait sous le vent, la qualité des concerts était top cette année au BSF. Les lumières et le son se sont révélé de très grande qualité. Travail reconnu par la plupart des groupes et artistes présents sur cette édition.
La mobilité : Des escaliers, des pavés, des trottoirs, autant dire que le BSF pouvait très vite tourner au cauchemar pour les personnes à mobilité réduite. Heureusement, le plan de mobilité avait été activé et c’est une série de parcours alternatifs et de passages adaptés qui fleurissaient entre les différents lieux du festival. Chapeau aux organisateurs et aux bénévoles sur cet aspect.
La ponctualité : Aucun retard significatif, des sets carrés, une programmation respectée. Rien à dire, niveau timing, le BSF a été exemplaire et ça mérite d’être souligné.
Les coups de gueule
La soirée chantons français au Magic Mirrors : Une file énorme devant la salle, des écrans de mauvaise qualité, une sécurité débordée qui ne communique pas, des entrées au compte-goutte, des sorties sous surveillance si on voulait rerentrer après sa pause pipi, bref une soirée gâchée pour de nombreux spectateurs alors que le programme s’annonçait festif et convivial avec la présentation du nouveau disque de Jali (qui postera d’ailleurs un message à ce sujet sur son profil FB) et le très populaire Antoine Chance. Plus de bracelets que de places, des normes de sécurité que l’on comprend mais qui auraient du faire l’objet d’une meilleure communication avec le public. Beaucoup de déception et de tension, dommage.
Le public et son absence de certaines scènes : Jouer devant un Mont des Arts déserté, des groupes tels que Fred and the Healers méritaient mieux. Le public du BSF est particulier, il est souvent de passage, le prix démocratique du pass 10 jours le rendant particulièrement accessible. Néanmoins, un peu de promotion sur certains concerts aurait peut-être renforcé sa présence. Dommage pour les artistes mais aussi pour les spectateurs qui se sentent parfois bien seuls au milieu de ce grand espace.
Le manque d’ambiance : le public a assuré sur les grands noms. De M à Texas, rien à redire, les amateurs étaient au rendez-vous. En dehors de ça, il y a eu des moments pénibles, un public parfois présent juste pour boire un verre après le boulot, qui chahute et qui ne respecte pas les artistes qu’il a en face de lui. Le BSF souffre de son côté « festival dans la ville », lieu de délassement et de passage parfois plus que lieu de musique. Les défauts de ses qualités en somme.
Il y a donc eu des plus, des moins mais au final, le contrat est rempli. De la musique, des styles différents, des confirmations, des découvertes, des surprises, des ratés, des moments magiques, des rencontres sympathiques. Bref, le BSF a toutes les raisons d’exister pour le plus grands bonheur des bruxellois, des touristes et des amateurs de musique d’ici et d’ailleurs. En voilà une jolie édition qui se termine. 125000 personnes, autant de visions différentes de ces 10 jours, pour au final beaucoup de bonheur.