Nous avons profité du long week-end de l’Ascension pour partir à la découverte de SILENT UTOPIA. Formé en 2018 autour du duo Ignazio Di Salvo (guitariste et compositeur) et Meggy Meyer (chant), le groupe évolue dans la grande sphère, parfois un peu fourre-tout, du métal symphonique aux accents cinématographiques, rappelant les grandes épopées du genre. C’est à l’occasion de la sortie (le 9 juin) de leur premier album, “My Human Nature”, que le quatuor a donné rendez-vous aux amateurs du genre dans la Rotonde du Botanique.
Ce sont les Bruxellois d’OCTALE qui ouvrent la soirée en emmenant le public dans de tumultueuses contrées où s’entrechoquent rock progessif et autres influences du rock alternatif avec une énergie aussi vénère et crépusculaire. Le chant manque parfois un peu de justesse mais il est délicieusement habité et c’est bien là le principal. La traditionnelle mais efficace formule trio guitare-basse-batterie produit en effet la puissance nécessaire pour captiver et enthousiasmer le public de la Rotonde. On apprécie tout particulièrement les riffs de guitares et les ambiances à la Tool. Le groupe bénéficie d’une jolie mise en lumières entre atmosphères sombres et passages plus dynamiques, comme leur musique en somme. Une jolie découverte à retrouver sur les plateformes de streaming pour l’instant.
Il est 21h lorsque SILENT UTOPIA monte sur scène avec une intro aux airs de grandes cavalcades inspirées de la lignée des films fantastiques tels que Le Seigneur des Anneaux ou Pirates des Caraïbes. On pense aussi aux arrangements instrumentaux et classiques d’Epica. Certains appellent ça de la musique de châteaux-forts, et finalement cette image colle assez bien aux ambiances sonores et cinématographiques proposées.
Avec un bassiste dont l’instrument possède 5 cordes, on a la certitude que le concert de ce soir va être rugueux. Et de fait, puisque tout commence avec une batterie partant au grand galop. La grosse caisse est malmenée à haute-fréquence alors qu’une autre rythmique lourde et régulière résonne dans la salle. On retrouve le chant de Meggy Meyer dans un registre aux accents lyriques et mélodiques. Pour une fois, dans ce type de concert, la voix féminine n’écrase pas tout le reste des instruments dans le mixage global. On en viendrait même à espérer que la voix gagne en volume et en puissance car, à plusieurs reprises, on se demande ce que l’ingé-son fabrique, tant le mixage du volume de la voix semble venir et s’en aller de manière irrégulière. On voit d’ailleurs, dans le public, de nombreux visages se tourner vers la console du son pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. A la guitare, on retrouve Ignazio Di Salvo. Il envoie de traditionnels solos épiques aussi survoltés que mélodieux mais aussi ce qu’il faut de bons gros riffs musclés. C’ est dense, nerveux et ça s’écoule aisément dans l’oreille. Techniquement, c’est carré et maîtrisé.
Au bout d’une grosse demi-heure, le groupe diminue la cadence avec un titre toujours aussi électrique mais à la rythmique plus lente. C’est ensuite en duo guitare-acoustique et voix que Meggy Meyers et Ignazio Di Salvo proposent une reprise d’Epica et une autre de Within Temptation. Ce qui est finalement logique au regard de la musique et des influences musicales de Silent Utopia. Retour ensuite vers un registre plus mouvementé avec quelques touches d’électroniques. On note d’ailleurs la présence d’un discret PC sur scène pour envoyer certaines bandes sonores plus synthétiques et d’ambiance. On avoue que la présence d’un musicien supplémentaire pour gérer ces arrangements en live aurait un certain charme.
Ça nous fait de la peine de l’écrire mais la voix de Meggy Meyers manquait trop régulièrement de justesse. La prestation vocale nous a parue irrégulière malgré tout. Dommage quand on sait à quel point ce style musical s’articule autour de cet organe. Mais comme évoqué plus haut, le mixage sonore a connu quelques loupés durant le set, ayant peut-être aussi impacté la performance vocale. En fin de set, une certaine stabilité et fluidité sonores semblaient permettre au groupe de pouvoir évoluer avec aisance, permettant notamment à Meggy Meyers de nous offrir de beaux moments de puissances assez majestueux. Dans son ensemble, Silent Utopia livre un set dans la pure tradition d’un métal lyrique où finalement l’aspect symphonique n’y est pas dominant. On apprécie les passages bien bruts où la batterie, la basse et la guitare bastonnent fermement, entrecoupés de solo endiablés que les meilleurs gamers de Guitar Hero se ferait un défi de reproduire avec précision.