Durant 5 jours (du mercredi 29 mars au dimanche 2 avril), le LISTEN FESTIVAL installe ses amplis et ses projecteurs un peu partout à Bruxelles. A coté de lieux habituels où concerts et soirées se déroulent tout au long de l’année, on retrouve aussi des endroits plus insolites : Gare Centrale et Congrès ou Notre-Dame Van Laeken. Le festival se consacre aux musiques électroniques au sens large, avec une programmation à l’image des possibilités qu’offre ces musiques : large et éclectique. N’ayant pas la prétention d’être des oiseaux de nuit volant jusqu’à l’aube, c’est bien sagement que nous sommes partis en direction du BOTANIQUE qui accueillait pas moins de 8 artistes ce vendredi soir.
C’est LAZZA GIO qui ouvre les hostilités dans l’Orangerie. L’artiste Bruxelloise s’est fait connaitre en remportant le concours Du F Dans le Texte début 2022 sur cette même scène. Depuis, elle s’était fait discrète. Nous sommes donc curieux de voir ce que nous réserve ce second round. Et effectivement la demoiselle a gagné en assurance. Elle est maintenant accompagnée d’une beatmakeuse et c’est avec plus d’aisance qu’elle harpente la scène, mais aussi la fosse à deux reprises. Avec des paroles en forme de confession sur les tourments de l’existence et des sentiments humains, c’est une plongée introspective à fleur de peau qu’elle propose. Les effets sonores du micro lui donnent une voix cassée et rauque à la fois, délicieusement à propos pour ses titres que l’on pourrait qualifier d’emo-rap et mélodiques. Le public déjà présent en ce tout début de soirée est attentif et réactif, mission accomplie !
BASILE3 remplace au pied levé Ange Halliwel en ouverture dans La Rotonde. C’est avec un fond sonore de bruits d’enfants et de nappes aux couleurs solaires et contemplatives qu’il entame son set. Pas question de parler d’ambient pour autant. Avec quelques bandes sonores de guitares acoustiques, il installe tranquillement une mélodie au parfum de soir d’été. C’est avec délicatesse et sérénité qu’il s’active sur ses machines et leurs innombrables boutons. Le set de Basile3 trouve une place sur mesure dans l’intimité de La Rotonde. La suite du set est plus rythmée avec de jolis enchaînements de sonorités et de beats plus synthétiques, toujours pilotés et canalisés avec maitrise par le gaillard. On vire ensuite vers quelque chose de plus dansant suite à une jolie montée en pression. La diversité et la cohérence sonore de ce qu’il propose est remarquable. Nous n’avons pas vu passer les 45 minutes du set. La Rotonde est d’ailleurs restée bien remplie tout au long du set.
C’est dans les caves du Witloof Bar que l’on retrouve ensuite le Parisien LE KAIJU. Au programme : un set varié et enflammé mariant hip-hop et électro. C’est donc tout logiquement dans une tornade de lights que nous pénétrons dans la salle. L’ambiance y est survoltée. En effet, ça danse dans tous les coins. Le kaiju alterne entre ses machines et le chant et d’énergiques pas de danse. Son set est une véritable ode à la fête, à la tolérance et à l’acceptation de soi. Il confie être un peu décontenancé par l’heure précoce de son set, étant plutôt habitué à enflammer les dancefloors au cœur de la nuit.
La soirée avance et c’est maintenant COUCOU CHLOE qui monte sur la scène de l’Orangerie accompagnée d’un beatmeaker. Sur l’avant scène, elle occupe le terrain au chant. Entre gros beats et chant orienté hip-hop, le public suit. Mais ce qui caractérise Coucou Chloé c’est aussi un son, une voix et une attitude : lascarde nonchalante et légèrement euphorique à la fois. Elle alterne entre passages lancinants et grosses attaques sonores et vocales. Cependant, elle a du mal à faire décoller le set et le public réagit très mollement. Ce mélange de raps et de gros beats electro doucement industriel était pourtant intéressant. On en vient même à s’interroger sur l’usage éventuel du playback durant le set. L’Orangerie commence à se vider petit à petit. Nous passons nous aussi notre chemin.
Retour ensuite à La Rotonde pour le set de la Danoise ML Buch. Celle-ci évolue quelque part entre folk, pop et électro. On note d’ailleurs la présence d’une guitare électrique dont elle s’empare de temps à autre. L’ensemble est assez délicat avec l’apport des sonorités de cette guitare pleine de reverb. Il n’y a plus une place dans La Rotonde et c’est avec un silence attentif et quasi-religieux que les spectateurs assistent à son set agrémenter de plusieurs passages où ML Buch chante également. La Rotonde se transforme en une jolie bulle onirique et aérienne.
Nous prenons ensuite la direction du Witloof Bar pour le set de JENNIFUR. Ce Gantois a sorti en 2022 “Nowhere, Now Here”, soit douze titres d’une musique électronique sophistiquée, dansante et comportant ce qu’il faut de chaleur humaine. Cet album confirmant que la Flandre et la ville de Gand regorgent d’innombrables talents dans ce domaine depuis plusieurs décennies maintenant. Et c’est en compagnie d’un batteur et d’un guitariste que Jennifur monte sur scène, alors que lui est aux synthés et aux machines. Nous voilà donc face à un “vrai” groupe. Et dans le public on retrouve une majorité de néerlandophones. Jennifur possède donc déjà une jolie petite fan-base au Nord du pays. Nous assistons donc à un vrai concert fait d’accords de guitares (parfois très électriques), de kicks de batterie et de doigts posés sur des synthés et autres machines à faire du son. Une chose est certaine, Jennifur doit avoir accordé une place privilégiée aux albums de Bonobo et Tycho dans sa discographie personnelle. On retrouve cette atmosphère de liberté apaisée et de douceur exotique avec de jolies nappes de synthés bien électroniques et quelques samples vocaux ou organiques. Le Witloof Bar est bondé, ce sont des visages souriants ainsi que des corps ondulants qui le garnissent. Malgré un rappel réclamé par le public, il n’y aura pas de dernier morceau pour la route, Jennifur semblant en être lui même déçu et désolé.
Notre périple s’arrête aussi ici pour ce vendredi soir. Certains festivaliers continuant quant à eux la soirée dans d’autres lieux de la ville jusqu’aux petits heures. Le festival s’achèvera dimanche soir. De quoi encore s’en mettre plein les oreilles d’ici là.