La 33ème édition du Saint-Jazz a pris fin samedi soir au Botanique après deux soirées (et une journée) de concerts axés sur la musique originaire de la Nouvelle-Orléans, mais également sur un focus « belgo-belge » au regard d’une programmation 100% made in « plat pays. »

Jazz Station – 20 septembre :

Pour la 6ème édition consécutive, les concerts se sont répartis sur deux soirées et de deux lieux. La première a débuté au Jazz Station, temple mythique du jazz bruxellois à la volonté presque « Vanguardiste ».

Deux groupes au programme avec en ouverture de bal, le Joachim Caffonnette Trio suivi par Ananke with Julien Tassin.

Joachim Caffonnette Trio © Zi Owl | Olivier Lestoquoit

C’est devant un parterre de visages expérimentés que le trio au style catégorisé comme de l’interplay propose plusieurs compositions qui nous propulse immédiatement dans les rues américaines, où les lumières aux néons tamisés reflètent sur la rue une nuit aux couleurs d’une nostalgie amoureuse.
Magnifique prestation du trio pour ouvrir le festival.

Composition du groupe : Joachim Caffonnette – Piano, Alex Gilson – Contrebasse, Jean-Baptiste Pinet – Batterie.

 

Ananke with Julien Tassin

S’il y a un groupe à retenir parmi cette programmation de qualité, c’est bien cette alliance entre le groupe Ananke, actif depuis plus de quinze ans, et le guitariste Julien Tassin. Leur style jazz moderne aux influences électro-psychédéliques apportées tantôt par les synthés de Victor Abel, tantôt par les mélodies aux effets enivrants de Julien Tassin, est un véritable coup de cœur. Impossible de ne pas s’immerger dans leur performance tant l’aisance des musiciens accompagne ce genre qui leur colle à la peau.

Composition du groupe : Victor Abel – piano, clavier, Roméo Iannucci – basse, Alex Rodembourg – batterie, Julien Tassin – guitare.

Entre ces deux soirées de concert, un concert adapté aux plus petits était proposé à 11h au Botanique (Bota Kids) avec le groupe Griboujazz, et une activité centrée sur les vocalises avec la Journée de la voix au Jazz Station. De quoi intéresser jeunes et moins jeunes, amateurs et professionnels.

Botanique – 21 septembre :

Pour cette soirée de clôture (déjà !), quatre groupes se seront succédé entre les célèbres salles de la Rotonde et de l’Orangerie.

 

Steve Houben © Zi Owl | Olivier Lestoquoit

Le premier jazz band à se lancer, et pas des moindres, est la réunification exceptionnelle de Steve Houben (saxophone alto), Jan de Haas (batterie, percussions) et Diederik Wissels (piano, clavier).
Leur jazz chaud, authentique, véritable force douce, est un manifeste de leur expérience. La particularité du saxo alto change radicalement la donne. Jouant, pour la plupart, des titres composés par Diederik Wissels, l’association des trois musiciens est parfaite.
Une chose est sûre, on ne voit pas le temps passer au fil des morceaux joués par le trio.

 

 

 

Alexandre Cavaliere Quintet

Alexandre Cavaliere Quintet © Zi Owl | Olivier Lestoquoit

Dans une Rotonde à l’ambiance feutrée “version assise”, le quintet aux influences jazz manouche lance dès le début du concert un rythme endiablé familier aux fans de Django Reinhardt. Une composition de près de sept minutes qui donnera le ton pour le reste de leur performance. Tout cela, sous le regard complice d’un Alexandre Cavaliere grimaçant de plaisir et de complicité. Un régal.

Encore une fois, la prestation des musiciens est remarquable. Du pianiste (Vincent Bruyninckx) au guitariste (Manu Bonetti), les qualités musicales et techniques sont renversantes.

Composition du groupe : Alexandre Cavaliere – Violon, Manu Bonetti – Guitare, Fred Guedon – Guitare, Jean-Louis Rassinfosse – Contrebasse, Vincent Bruyninckx – Piano.

Philip Catherine Quartet : Orangerie

Une longue file se profilait devant l’entrée de l’orangerie en attendant l’ouverture des portes pour le concert du mythique jazzman belge.
Le quatuor est notamment composé du jeune batteur belge Antoine Pierre, que l’on retrouvera également du côté de Flagey en fin d’année. Archétype du jazz à la B. B. King, il n’est pas anodin que Philip Catherine ait côtoyé et joué avec les plus grands du jazz. Il en est l’essence même. Preuve en est lorsque le public réagira avec ferveur, alors que le monstre sacré annonçait son titre Seven Teas.

© Saint Jazz Festival 2019 | Philip Catherine

Par la suite, plusieurs titres s’enchaînent avec des compositions de Charles Mingus, Cole Porter et… George Brassens. Une version “jazzifiée” des Amoureux des bancs publics qui ravira l’audience.
Véritable métronome, la guitare de Catherine cadence chaque mouvement. Simultanément, celle-ci raconte et nous fait voyager grâce à ses mélodies jazz couplées à des riffs très rock. Un romantisme pur et doux. Le concert se terminera sur un encore vivement demandé par le public.

Composition du groupe : Philip Catherine – guitare, Nicola Andrioli – piano, Antoine Pierre – batterie, Philippe Aerts – contrebasse.

Laurent Vigneron & the Po’Boys

Un sandwich de styles qui dépote. Puisant ses racines dans le rock’n’roll des années 50 et des standards jazz italiens et surtout ceux de la Louisiane. C’est le groupe idéal pour clôturer la dernière soirée de concerts. Avec des morceaux plus courts, plus dynamiques, le band fanfaronne et nous entraîne encore vers un autre genre au sein de cette programmation métissée du Saint Jazz Festival.

Composition du groupe : Laurent Vigneron – batterie, Max Malkomes – contrebasse, Mathieu Najean – sax ténor et soprano, Florent Jeunieaux – guitare + guests: Martin Méreau – vibraphone, Timothé Lemaire – trombone

Conclusion

Après avoir parcouru la line-up de cette année, on aura un léger goût de trop peu vis-à-vis des instruments à vents et cuivres. Trompettes, saxophones n’étaient peut-être pas suffisamment représentés (présents dans deux groupes sur les sept programmés). Cela dit, les programmateurs (Pol Lenders, Jazz Station & co)¹ ont visé juste puisque la soirée du Botanique affichait sold-out hier soir. Un signe de plus qui prouve que le jazz a toujours bel et bien sa place au sein de la capitale européenne.

Notre Top 3 :
  • Ananke with Julien Tassin
  • Philip Catherine Quartet
  • Steve Houben, Jan de Haas, Diederick Wissels

¹ Erratum : Le programmateur du festival n’est pas le regretté Pol Lenders décédé en 2000, mais bien Dimitri Demannez, fils de Jean Demannez qui a créé le festival. Le Botanique est ici simplement un des lieux d’accueil du festival.

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