Pour son deuxième album, Peter Peter propose un portait aigre-doux de ses contemporains, un peu de vous, un peu de nous dans cet opus mélancolique.
La mélodie est pop, assurément, sans fioritures ni effets de manche. Une pop efficace et extrêmement sensorielle et minérale.
Les textes sont modernes, écrits au scalpel et reflètent comme un miroir à peine déformant les thèmes de cette génération de trentenaires oscillants entre rire et larmes, entre nuit et jour, entre fête et débauche.
C’est à l’occasion de la présentation de ce deuxième album, « Une Version améliorée de la tristesse » que nous avons discuté musique, chanson concert mais pas que de ça.. Nous avons aussi parlé de la vie, du Québec, de cinéma, d’alcool, d’amour…
Peter Peter, vous en êtes à votre second album, le public belge et français semble pourtant vous découvrir. Comment pourriez-vous vous décrire ?
Je pense que je suis un gars de son époque. Je suis très authentique et spontané. Je fais de la musique qui me ressemble, avec une simplicité volontaire. Je suis finalement quelqu’un de commun avec mes doutes (nombreux), mes angoisses, mes incohérences.
J’ai un passé un peu complexe, un parcours personnel qui n’a pas été linéaire et je pense que je suis aujourd’hui un homme tortueux mais moins torturé qu’hier.
Torturé et tortueux, un passé qui n’est pas linéaire. On sent en effet une mélancolie importante dans votre musique et dans vos textes, comme un voile permanent qui floute les perspectives. En quoi est-ce important pour vous de mettre dans votre musique ces aspects peut-être plus noirs de votre propre vie ?
Pour moi, on ne peut pas créer autre chose que ce par quoi on est profondément habité. Je me sers de cette « noirceur » pour nuancer mes textes, pour y apporter un relief, une dimension sans doute plus profonde. Ma musique est extrêmement mélancolique et nostalgique.
A la base, j’ai une formation en cinéma, j’ai exploré le visuel et les mots avant la musique. J’écris depuis très longtemps de la poésie, c’est un mode d’expression à part, basé sur l’exploration de son propre ressenti. Je continue dans cette voie aujourd’hui sous la forme musicale. J’essaie de faire de chacune de mes chansons un court-métrage, un univers visuel à part entière.
Musicalement, quelles sont tes influences ?
C’est étonnant mais je n’ai pas d’influence en chanson française ou vraiment très peu. C’est peut-être mes origines nord-américaines qui veulent ça mais je suis toujours attiré vers la musique anglo-saxonne, les Pixies ou Eliott Smith par exemple.
J’aime la musique assez contemplative, Pink Floyd a longtemps été pour moi une vraie source d’inspiration.
Au final, il m’est vraiment difficile de me dire que tel ou tel artiste m’a influencé musicalement. Mes chansons sont tellement personnelles qu’elles reflètent ce doux mélange que j’ai pu constituer au fil de mes coups de cœur muisicaux.
On le sent dans ton discours, ta vie ne s’est pas déroulée de manière linéaire jusqu’à présent. Le monde de la nuit, ses dérives sont en trame de fond de plusieurs morceaux. Quel est aujourd’hui ton regard sur ces expériences ?
La nuit j’ai vécu des émotions fortes, des moments vraiment extrêmes. J’ai même parfois été un peu loin, notamment avec l’alcool. J’y mettais mes angoisses et des craintes. J’ai essayé de trouver là-dedans un refuge, un exutoire mais au final j’en suis revenu. Un peu écorché et sans doute moins naïf. Je garde pour la nuit une tendresse particulière car tu peux tout voir et tout croiser la nuit.
Dans le monde de la nuit, tu es rarement seul mais quand tu redescends sur Terre , tu te rends compte que c’est finalement pire, que le réveil est rude. Aujourd’hui, je fais moins la fête ou plutôt je fais la fête différemment.
Ce qui frappe dans ton album, c’est d’une part les textes mais également son côté très synthétique musicalement. Pourquoi t’être tourné vers une orchestration de ce type ?
Il y a en effet endormement de synthé sur l’album. Cet instrument me plaît, j’en achète, j’en revends, j’en rachète d’autres.. Le son eighties me plaît. Je trouve qu’il apporte une dimension quasi lyrique à certains morceaux. On pourrait penser à la base que ce son ne correspond pas à mon univers et au final, très vite, on se rend compte que les morceaux prennent une réelle identité poétique.
Tu es aujourd’hui en Belgique, tu as déjà un titre qui tourne bien en France, comment te sens-tu en Europe ? Quels sont tes projets ?
En ce moment, je suis localisé à Paris. J’adore cette ville. Le public français m’a réservé un bel accueil, j’ai un titre qui tourne en radio et des dates prévues.
Là je découvre Bruxelles et, étrangement, je m’y sens un peu comme à la maison. J’ai à peine pu voir la ville mais depuis la voiture, j’ai vu des morceaux de paysages qui me rappellent le Québec. Ce mélange entre verdures et développement urbain. On m’a dit que les gens étaient très chaleureux en Belgique, plus latin qu’en France. J’ai hâte de découvrir ce public, que les concerts se mettent en place.
Peter Peter sera en au Botanique le 24 avril prochain.
Son album « Une Version améliorée de la tristesse » est disponible dès à présent.