Dans le cadre de la série « Rewind » de l’Ancienne Belgique, qui vise à fêter l’anniversaire d’un album marquant de la discographie d’un groupe ou d’un artiste belge, c’est au tour d’HOOVERPHONIC d’être mis à l’honneur pour fêter le quart de siècle de l’album « The Magnificent Tree ». Véritable bijoux d’élégance et de pop sophistiquée comprenant une bonne poignée de singles qui avaient alors tourner à plein régime sur la bande FM, cet album donna à Hooverphonic l’assise et la solidité nécessaire pour les années qui allaient suivre, avec un succès qui ne s’est depuis jamais essoufflé, aussi bien en Belgique qu’à l’étranger, et ce malgré un impressionnant turn-over pour occuper le poste de chanteuse du groupe. Direction la grande salle de l’Ancienne Belgique pour se replonger dans cet album. Sans surprise, le concert de ce vendredi, ainsi que celui prévu le lendemain, affichaient complets depuis bien longtemps.

Un peu de mise en contexte préalable : cet album s’inscrit dans une période où le rock des années 90 avaient rendu son dernier souffle et où la vague électrique du milieu des années 2000 était encore en gestation. L’excès de boys bands finissait quant à lui par engendrer une overdose généralisée de ce produit marketing à l’usage de toute façon limité dans le temps. Rude époque. La démocratisation financière des machines et de l’informatique permis dans le même temps à pas mal d’artistes d’explorer de nouveaux horizons sonores et créatifs. C’est donc au cours de la dernière décennie du siècle passé qu’émergea la mouvance trip-hop. Massive Attack et Portishead étaient alors les locomotives d’un genre qui allaient faire des petits un peu partout, y compris en Belgique où Hooverphonic allait alors s’en approprier les codes avec une maîtrise et une finesse qui allaient rapidement charmer un large public. Après deux premiers albums déjà bien accueillis, le troisième album était donc « The Magnificent Tree ». Comme pour beaucoup de groupes, le troisième album d’une discographie, souvent perçu comme l’album de la confirmation, a joué un rôle majeur pour la suite de la carrière d’Hooverphonic. Preuve en est, 25 ans plus tard, les salles de Belgique et d’Europe affichent toujours complets lorsque le groupe emmené par Alex Callier, Raymond Geerts et Geike Arnaert (de retour au chant après une « pause » de plus de dix ans) est annoncé.

Il fallait être là à l’heure car il n’y a pas de premiere partie ce soir et c’est à 20h15 qu’Hooverphonic monte sur la scène de l’AB en ce 26 septembre. Les choses étant bien faites, cette date coïncide exactement avec la sortie du dit album 25 ans auparavant. En plus de ce concert anniversaire, le groupe a sorti ce jour une version live de l’album, les titres ayant été réarrangés avec des cordes. Rien d’étonnant tant le groupe fait un usage régulier de sonorités et d’instruments plus classiques au milieu d’un univers sonore moderne et lèché.

Dans la salle, la scène est dissimulée derrière un élégant rideau rouge vif qui ne dévoile strictement rien, ne laissant par conséquent filer aucun indice sur le déroulement et la forme que va prendre le concert. Lorsque les lumières s’éteignent et que la scène se dévoile, c’est pour nous laisser découvrir le groupe accompagné d’un ensemble de 12 instruments à cordes (3 violencelles et 9 violons). Hooverphonic n’a pas fait les choses à moitié et le rendu visuel est du plus bel effet. Après une intro très electro, atmosphérique mais aussi très influencée par le trip-hop, on entre dans le vif du sujet.



L’album « The Magnificent Tree » est donc interprété dans son intégralité et dans le respect de sa tracklist originel. « Mad About You » déboule donc rapidement dans le concert, avec son très vocal refrain tandis que les violons déploient toutes leurs sonorités.
Le titre aux airs de bande originale de western, « Jackie Cane », prend ensuite le relais avec ses riffs de guitares entêtants. Le morceau qui donne son nom à l’album offre quant à lui de belles couleurs musicales ensoleillées sur fond d’une rythmique qui résonne en sourdine.

C’est ensuite le très puissant et tendu « Vinegar & Salt » qui tient l’AB en haleine alors que les cordes font tournoyer la mélodie de cet autre titre phare de l’album et plus globabelement de la discographie du groupe.
L’étrange « Frosted Flake Wood » emmène par après le public dans un univers où tout ne semble pas allez droit, laissant les violencelles rendre l’atmosphère quelque peu lugubre. On continue ensuite en eaux troubles avec « Every time… » qui se voit gonflé à bloc par le mariage des nappes électroniques vrombissantes d’Alex Callier et la fluidité des cordes tandis que la voix de Geike se fait nerveuse. On continue la suite des titres phares du groupe avec « Out of Sight » où là encore les violons se font entendre comme la chose la plus évidente à cet instant.
C’est enfin le tres énigmatique « L’odeur animale » qui vient clôturer ce chapitre du concert.


Alex Callier prend alors le temps de parler avec le public après cette première partie où le groupe s’est montré avare en paroles entre chaque titre. Il en profite pour rappeler que ce concert est aussi l’occasion de célébrer les 30 ans du groupe et il lance alors la suite du concert en mode best of. « Romantic », « Eden », « Badaboum », « Amafli » et « The night before » en tête. Le titre « 2 wicky » qui avait valut au groupe son premier succès international est également interprété dans une atmosphère trip-hop dub langoureuse. Tous ces titres se voient eux aussi agrémentés du support des 12 musiciens classiques. « No more sweet music » offre quant à lui un intime et rétro voyage amoureux en cachette avec son ambiance cinématographique très seventies. Enchainement idéal avec le précédent titre.

L’heure d’un premier riche rappel arrive alors avec notamment « Inhaler » : massif, sous tension et hypnotique, on pense immédiatement au titre « Angel » de Massive Attack. En second rappel, hooverphonic revient pour interpréter le toujours euphorique « Sometimes ». Les deux grosses et généreuses heures de concert proposées par Hooverphonic ont filé sans que nous les voyons passer, offrant un set varié et tout en relief, à l’image de l’identité musicale de ce groupe du plat pays. Hooverphonic a aussi démontré ce vendredi soir que sa musique semblait ne pas subir les dommages du temps qui passe et de l’usure, chaque chanson résonnant avec modernité et fluidité, comme si elles avait été composée récemment.

SETLIST – HOOVERPHONIC – AB – 26/09/2025

Intro – Autoharp – Mad About You – Waves – Jackie Cane – The Magnificent Tree – Vinegar & Salt – Frosted Flake Wood – Every Time We Live Togetjer We Die a Bit More – Out Of Sight – Pink Fluffy Dinosaurs – L’odeur Animale – Anger Never Dies – Romantic – Eden – You Love Me To Death – Hiding In A Song – 2Wicky – No More Sweet Music – Badaboum – The Night Before – Amalfi (+ extrait de Video Games de Lana del Rey) – This Strange Effect (Dave Berry cover) – The Wrong Place – Inhaler – Barabas – Sometimes

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