Ce vendredi, deuxième jour de cette édition 2025 des Francofolies de Spa, le soleil était au rendez-vous et inondait les différentes scènes du site. Y compris le piétonnier où les spectateurs ont pu en prendre plein les oreilles avec Behind the Pines, quatre garçons à l’allure de dandys sauvages avec leur costume vert bouteille. Une musique punchy, rock et pourtant légère parfaite pour l’ambiance estivale de ce jour.
Toujours au piétonnier, soleil rasant, nous attendions avec impatience la prestation d’ At Night. Il nous aura fallu un bon dix minutes de patience pour que le concert commence. Le groupe s’affiche clairement « rock » avec son look sophistiqué. Le groupe envoie du bois, musicalement ça joue vraiment. L’attitude de la chanteuse, Cendrine, ajoute la touche « star » à l’ensemble, même si on pourrait regretter une faiblesse dans la manière de prononcer, un peu yaourt qui empêche, lorsqu’on aime comprendre ce que l’on entend, d’être pleinement emportés. Beau potentiel, énergie communicative, fluidité entre les membres, un cocktail solide qui devrait permettre rapidement l’ajustement sans doute nécessaire pour ajouter un petit supplément d’âme à l’ensemble.
De retour sur le site principal, force est de constater que la Rapsat est littéralement prise d’assaut pour le premier concert de la journée. Kendji Girac, lui pile à l’heure, s’empare en quelques seconde du public (déjà bien chaud il faut le dire). On ne doit plus préciser le sens de la fête du français. Guitare et band chaleureux, sourire ravageur et communication avec les spectateurs ont embrasé le public. Le soleil était au zénith mais surtout sur tous les visages.
La fête était également au rendez-vous autour de la fontaine, où Daddy K occupait les platines comme seul lui peut le faire. Enchaînant, parfois de manière surprenante, samples de tous horizons, il transforme les allées du parc en dance floor géant où, toutes générations confondues, les spectateurs s’en donnent à cœur joie, jusqu’à exploser lorsqu’en final de son set, il reprend son titre phare « Mais vous êtes fous », chorégraphie comprise. Grand moment de communion avec le public.
De communion avec le public il a également été question avec le set très attendu d’Amir. L’atmosphère des derniers jours autour de sa venue à Spa aurait pu plomber l’ambiance, voire l’anéantir mais ce fut tout le contraire. Il était bien là, droit dans ses bottes mais sans fard. Abordant rapidement la polémique le concernant, il prend la parole, sans pathos, pour livrer son ressenti, ses émotions, son souhait de dialogue : « Je respecte ceux qui s’opposent à moi, mais je pense que pour pouvoir avancer, il faut s’écouter, il faut qu’on puisse dialoguer. Le dialogue est nettement préférable aux anathèmes et au boycott. J’estime qu’il est important d’utiliser notre place d’artiste pour montrer l’exemple »
Il porte un message rassembleur, avec la douceur qui le caractérise : « Ma seule réponse à la haine, c’est l’art et la musique. Parce qu’on est tous là réunis ce soir, je voudrais qu’on ne chante que d’une seule voix et que ce chant s’élève plus haut que le tumulte »
Et il est clair que sa voix a porté haut et fort, avec beaucoup de tendresse et de joie. Un moment d’apaisement tant pour l’artiste que pour les spectateurs.
Après 30 minutes de retard (fait rarissime aux Francos), Luidji arrive enfin sur la Rapsat. Tranquille, il se balade au travers de son répertoire en embarquant le public (très jeune) avec lui. Et le moins que l’on puisse en dire est qu’il a à sa disposition des centaines de choristes.
La Proximus s’était drapée de bleu nuit pour la prestation de Barbara Pravi dont le nom s’affiche en lettres argentées à l’arrière de la scène. Le décor est planté, la chanteuse apparaît, dans une robe fourreau à paillettes digne des plus grandes divas. Et le choc est là. Entre l’image glamour et la force de l’interprétation. La voix bien sûr mais le corps aussi. Une lionne est sur scène. Elle se faufile, se dresse poing levé pour porter haut ses textes engagés. Elle se fait plus douce lorsqu’elle chante ses origines, les femmes qui l’ont précédée et les liens invisibles hérités. Elle se révèle littéralement sur scène.
Le regard fort, le menton fier Barbara Pravi est définitivement une grande de la scène actuelle.
Les Francofolies de Spa sont aussi le festival des grands écarts. De Pravi en passant par Dadju, c’est avec les indéfinissables de Fatal Bazooka que ce vendredi se clôture. Un vendredi de chaleur, de connexion, de joie. Un joli vendredi.