Un premier jour de festival est souvent synonyme d’excitation : ça y est, après des semaines d’attente ça commence ! Et le programme de cette première journée était très prometteur.
Ouverture sur ton de retrouvailles avec Saule, toujours aussi sympathique et dynamique. Le chanteur a démontré son sens inné du partage, tant avec ses musiciens qu’avec le public dans un mouvent festif comme il sait si bien de faire depuis de nombreuses années. « Un type normal » mais un artiste extraordinaire.
Extraordinaire est, sans doute, un des qualificatifs que l’on peut associer à Lubiana.
Une voix qui enveloppe, un corps qui ne fait qu’un avec son Kora (instrument traditionnel africain), l’élégante Lubiana se promène entre diverses influences : la musique africaine évidemment mais subtilement mélangée à la soul et au jazz. Et si la belgo-camerounaise nous proposait une réponse simple face à l’agitation du monde ? Plonger dans ses propres racines pour les ramener au monde, construire l’universalité en puisant dans l’intime. Dans ce que l’on est pour rencontrer l’autre ?
Danser est un mouvement universel, et s’il y en a bien un qui fait bouger les festivaliers c’est Ben l’Oncle Soul. Quel sourire communicatif, quel son groovy, quelle belle énergie.
De l’énergie, la scène Proximus n’en a pas manqué avec Jennifer Ayache, « la puissante » qui, depuis plus de 20 ans, est la figure de proue de Superbus. Toujours aussi acidulé et pop, le concert du jour flirte à certains moments avec le punk. Et ça envoie sévère.
A peine remis de leurs émotions face au retour d’IAM, patrons de la scène Rapsat, pleine à craquer, de festivaliers de 7 à 77 ans, c’est MC Solaar, qui en deux notes, enflamme les spectateurs. Tel un as de trèfle qui pique les cœurs, le répertoire du Maître des cérémonies n’a pas pris une ride. Signe des classiques, toutes les générations étaient rassemblées autour de cet artiste humble qui ne se défera pas une seconde de son légendaire sourire.
La nuit tombée, ou presque, l’esplanade de la Rapsat est prise d’assaut par les festivaliers. Sur scène, un décor aux teintes jaunes et rouges, un totem, et de nombreux instruments. Et… la magie s’installe, et l’envoutement opère. -M- est là, le voyage commence : au coeur du collectif malien Lamomali, la beauté des costumes, la lumière des visages, l’osmose des musiciens et chanteurs. C’est un frisson qui traverse la foule.
On perçoit que -M- n’est pas revenu indemne de sa rencontre avec le Mali et qu’il ne peut le garder pour lui.
Ensemble, avec Fatoumata Diawara et les membres du collectif, ils nous racontent la mémoire, les ancêtres, les ponts avec le présent.
Il n’est plus nécessaire de souligner l’incroyable guitariste qu’est -M-, mais découvrir à quel point l’alchimie opère entre son instrument et ceux, traditionnels, de ses comparses est le bonheur du jour.
Un souffle de vie et de lien invisible traverse et rassemble les festivaliers. Il se passe quelque chose, dans les corps, dans les âmes, dans les regards échangés, dans les sourires.
Tout comme lors du concert de Lubiana, on se dit que devant tant de beauté, il ne nous est pas autorisé de baisser les bras face aux tristesses du monde. Qu’un autre « Être ensemble » est possible.
Lubiana, membre du collectif, a merveilleusement partagé « Je dis « M » avec Mathieu Chedid, transformant ce titre mythique en nouvel hymne à l’amour.
Ce moment incroyable sera complété par la venue MC Solaar sur scène, quelle joie se dégageait lorsqu’il rejoint le collectif sur « Machistador ».
On connait le goût de -M- pour les bains de foule. Il n’a pas failli hier à Spa, avec sa guitare, au cœur de l’esplanade Rapsat, il s’est offert, et a offert au public, un moment d’unisson dans la lignée des émotions ressenties depuis le début du spectacle.
Ce concert, collectif, vibrant, sincère, heureux fut un grand feu de joie. Une lueur d’espoir dans l’obscurité ambiante. L’inspiration de tous les possibles. La preuve que construire des ponts est source de joie et d’harmonie. Et que la musique est définitivement une voie divine.