Direction l’ING Arena ce vendredi soir à l’occasion du passage de KYO qui vient célébrer les 20 ans de l’album « Le Chemin ». Et bim le coup de vieux pour les ados de l’époque. Qu’on apprécie ou pas le groupe français, il faut lui reconnaître quelques éléments de sa discographie qui ont marqué fermement et durablement les années 2000. On se souvient aussi de la séparation du groupe, au milieu de cette décennie, avant de finalement se reformer une petite dizaine d’années plus tard. La manœuvre aurait pu être casse-gueule mais le public de l’époque à répondu présent. Le spleen adolescent de l’époque s’étant transformé en tourment de l’âge adulte, toujours sur fond de chagrin d’amour. Comme d’autres avant eux et pour des raisons le plus souvent financières et parfois aussi par manque d’inspiration, Kyo s’est lancé dans l’aventure de la tournée anniversaire d’un album phare de sa carrière. Mais ne boudons pas notre plaisir de replonger dans la BO de notre adolescence.


Notre première interrogation était de savoir si le groupe avait le potentiel pour remplir une salle comme l’ING Arena et ses 15 000 places. En entrant dans celle-ci, on constate que c’est finalement une moitié de salle qui est ouverte avec une fosse et des gradins dont la capacité à été réduite. Programmer le concert du côté de l’arène de Forest National (dont le groupe est familier) aurait peut-être été une meilleure idée, l’ambiance y étant toujours plus chaleureuse que dans la grande et froide boîte carrée de l’ING Arena.

En première partie c’est le Bruxellois MARVETT qui anime la scène. Il est en quelques sortes un des héritiers du sillon tracé par KYO en proposant à sa manière de titres eux aussi très pop-rock mélancoliques. Lors de son passage au Botanique en 2023, il avait d’ailleurs repris le titre « Dernière Danse ». Accompagné d’un batteur et de bandes sonores pour les instrus, il fait le job et réussit à capter le public mais il est difficile d’accorder un réel crédit live à ses chansons pop-rock tant qu’il n’est pas accompagné d’un guitariste en chair et en os sur scène. Faire du rock sans guitare, cela reste un concept difficile à appréhender.

La dernière fois que nous avions vu Kyo en live, en 2019 au Seneffe Festival, nous avions assisté à un concert chaotique et laborieux : Benoît Poher étant à première vue tomber dans un guet-à-pintes quelques heures avant de monter sur scène, le concert ayant même été interrompus quelques instants tant le garçon devenait ingérable et n’était pas dans son assiette. De l’eau (et non plus de la bière) a depuis coulé sous les ponts et nous revoilà donc de retour au milieu de la fidèle fan base du groupe, majoritairement composée de trentenaires en ce vendredi soir.

Après une intro visuellement bien propre qui fait monter la pression sonore et l’ambiance, les 4 membres de Kyo, ainsi que deux musiciens additionnels, se pointent sur scène et attaquent la soirée avec « Sad Day » où les guitares saturées sont mises en avant, éclipsant quelque peu la voix de Benoît. Ce dernier ne perd pas ses habitudes gestuelles sur scène, et c’est souvent avec le corps plié à 90 degrés qu’ils interprètent les titres. On identifie l’un ou l’autre effet sur sa voix pour la rendre plus juvénile. Les années passent pour tout le monde, ayant pour conséquence de donner des timbres de voix plus graves à ces messieurs. L’entrée en matière est donc bien rock et on voit même quelques généreuses flammes s’échapper de la scène sur « Contact » et ses gros riffs percutants. Tout ça s’annonce donc plutôt pas mal. Chose importante : la fosse n’est pas envahie d’écrans de smartphones. Le public est venu ce vendredi soir vivre le truc à l’ancienne.

Après un gros quart d’heure, KYO entame le chapite du concert consacré à l’album « Le Chemin ». C’est avec un clip vidéo composé d’images d’archives qui replongent les spectateurs dans la tornade médiatique de l’époque que la transition se fait. Pour rappel, le début des années 2000 voyait l’industrie du disque s’effondrer sans que rien ne puisse stopper l’hémorragie. Dans ce contexte, écouler plus d’un million d’exemplaires d’un album ne se faisait plus par hasard. 5 singles avaient été extraits de la galette, preuve de la solidité de l’ensemble. C’est donc avec le titre éponyme que Kyo amorce cette partie du concert, transformant spontanément l’ING Arena en grande chorale. Le groupe enchaine ensuite les petites bombes que sont « Je Cours » et « Tout Envoyer En l’Air ». Le jeu se calme un peu pour « Chaque Seconde », plus proche de la ballade pop, avant de repartir vers des sonorités plus saturées et grunge avec « Tout Reste à Faire ». Dans le public, ils sont nombreux à quitter les gradins qui restent stoiques pour venir s’éclater dans la fosse où l’ambiance est par contre bien au rendez-vous. La grande chorale se remet en branle sur « Dernière Danse », couvrant la voix de Benoît. Sans raisons apparentes, deux titres de l’album passent cependant à la trappe.

Il est maintenant l’heure d’entamer la seconde partie du set où Kyo fait la part belle à l’album « L’équilibre » avec pas moins de 5 titres qui en sont issus : « Le Graal » rencontre toujours un joli succès avec ses sonorités et ses mélodies fraiches et enjouées, bien vite contrebalancé par le sombre « L’équilibre » et son texte habité par les regrets et un rude retour de baton, sur fond de tromperie amoureuse. Après le délicat « Les Vents Contraires » où Benoît s’éclipse pour laisser Florian au chant, Kyo interprète « Sarah », autre titre phare de sa discographie. Dans la version acoustique proposée ce soir, on retrouve de discrets mais jolis arrangements. On regrette cependant l’absence du final bien rock et saturé auquel le groupe avait habitué son public sur ce titre. Et du rock bien vénère, il en est ensuite à nouveau question avec « Fremen » et sa rythmique martiale sur fond de grosses guitares bien lourdes et des synthés qui complètement la charge sonore dans une tempête de lightshow.


L’heure du rappel point doucement à l’horizon et c’est une jolie surprise que Kyo réserve à ses fans en réinterpretant « Le chemin », en acoustique cette fois, mais en compagnie de Sita, l’interprète originale de ce duo venue tout droit des Pays-Bas pour l’occasion. C’est ensuite « Dernière Danse » qui est également à nouveau interprété en acoustique pour permettre à la grande chorale des fans de pouvoir reprendre le titre avant un dernier final où les guitares électriques marquent le terrain et clôturent un concert de près de 2h.

Kyo a souvent été moqué ou dénigré par une certaine presse et certains artistes francophones qualifiés d’ « alternatifs » pour son penchant pop-rock adolescent calibré pour la bande FM, tout comme l’a été Indochine par le passé. Cependant, nous ne serions pas étonné que la musique de Kyo avait, à l’époque, permit a beaucoup de jeunes de familiariser leurs oreilles à des sonorités électriques alors peu présentes en radio depuis la fin de Nirvana et en dehors du rock sérieux de Noir Désir. Ces ados se sont probablement ensuite emparés de la chose pour aller explorer d’autres sphères moins grands publics du rock et de ses déclinaisons. Kyo surfe aujourd’hui clairement sur son efficace patrimoine discographique, ayant ainsi également proposé des versions anniversaires des albums « 300 lésions (20 ans au compteur) et « L’équilibre » (10 ans). Le public suit jusqu’à maintenant le mouvement mais attention à ne pas trop tirer sur la corde en s’enfermant dans une certaine nostalgie.

SETLIST – KYO – ING ARENA – 6/6/25

Intro – Sad Day – Dans Ma Chair – Contact – Mon Epoque – Intro Le Chemin – Le Chemin – Je Cours – Tout Envoyer En l’Air – Chaque Seconde – Comment Te Dire – Je Saigne Encore – Sur Nos Lèvres – Tout Reste A Faire – Dernière Danse – Kyosphère – Le Graal – L’équilibre – Les Vents Contraires – Sarah – Poupées Russes – Fremen – White Trash – Respire – Le Chemin (en duo avec Sita) – Dernière Danse

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