C’était la grosse ambiance du côté de l’Orangerie du Botanique ce jeudi soir. La venu du duo allemand de DIGITALISM a rameuté une foule nombreuse et familière du dancefloor, la soirée affichant sans grande surprise « complet » depuis quelques semaines. Jens Moelle et Ismail Tüfekçi sont en effet passés maîtres depuis bien longtemps dans l’art de faire surchauffer les salles de concerts et les plaines de festivals. Avec 4 albums (dont l’incontournable « Idealism ») et une avalanches d’EP et de collaborations, cela fait 20 ans que les choses durent sans que le bazar ne semble pas s’éssoufler, Digitalism continuant à saupoudrer sa discographie de bombes sonores et rythmiques qui mettent tout le monde d’accord.
Alors que le printemps pointe ouvertement le bout de son nez en ce 20 mars, l’atmosphère qui règne dans l’Orangerie et les serres du Botanique est presque tropicale. Il est 21h lorsque le duo monte sur scène, prenant place de part et d’autre d’une unique table de mixage (pleine de câbles, synthés et machines) placée à l’avant-centre. En arrière-plan, on retrouve un mur de lumière aux airs d’écran digital de calculatrice à 8 chiffres. Ce mur de lumière va nous en mettre plein la figure tout au long de la soirée.
La notoriété du duo avait rapidement pris de joyeuses proportions au milieu des années 2000, Digitalism débarquant alors avec une identité sonore où l’électronique se fait massive, abrassive et où pas mal de titres se rapprochaient d’un format « rock » que d’une track électronique a la construction plus linéaire. Il y avait là toute la modernité et l’innovation que le monde des musiques digitales offraient, le tout étant porté par une énorme énergie live, à rendre jaloux pas mal de groupes de rock. On vous parle d’une époque où ce même rock avait fait un retour en force et monopilisait les bandes FM et les scènes. Depuis 20 ans, Digitalism continue à mettre tout ça dans un grand shaker bodybuildé avec de grosses distortions et des gros compresseurs dont émerge un mur sonore massif et puissant.
Tout ça n’est d’ailleurs pas sans rappeler un autre duo, français celui-là , qui avait foutu une raclée mondiale et monumentale au milieu des années nonantes. Oui nous parlons bien des Daft Punk. Digitalism cite d’ailleurs régulièrement le défunt duo casqués (qui ne l’était pas à l’époque) dans ses influences et références musicales. Et de fait, tout au long de la soirée, Digitalism a emmené le Botanique dans des contrées sonores à base de gros beats et de boucles synthétiques assassines qui nous ont évoqué les « Da Funk », « Revolution 909 » et autre « Robot Rock » des Daft Punk. Pendant une grosse heure et demi, Digitalism a enchainé les titres où se sont croisés house, techno et rock (en plus d’un regulier samole du kick de batterie de « Blue Monday » de New Order, allant aussi bien d’une ambiance de concert de rock fiévreux à l’énergie brute et sombre du dancefloor berlinois du Berghain. De quoi faire un parrallèle avec Justice, un autre duo français qui a émergé à la même époque que Digitalism et qui brouille également les pistes et les codes du rock et des musiques électroniques. Tout ça est mené sans temps mort et pied au plancher. Les hits du duo sont bien entendus au programme : « Zdarlight » trouvant sa place en première partie de set alors que « Pogo » fait remuer la salle en fin de soirée.
Fin de set où Digitalism prend par ailleurs quelques détours sonores plus complexes mais pas moins intéressants. La technique et le bidouillage prennent alors le dessus sur la machine à danser. Ils offrent également un passage que l’on pourrait qualifier de calme ainsi qu’un intermède au rythme plus lent tout en restant extrêmmement massif. Le galop final est ensuite lancé avec une belle accélération du BPM, de quoi ravir le public du Botanique qui réclame un second rappel qui ne viendra pas. A côté de l’univers parfois tappageur de la French Touch made in France, il y a donc toute une scène internationale qui est issue et qui s’inspire du même mouvement sonore qui continue elle aussi a tracer son sillon avec conviction et enthousiasme.
crédit photo : Maximilien LF