Petit retour en arrière : il y a presqu’un an, jour pour jour, ENDLESS DIVE donnait son dernier concert au Witloof Bar. Ce dernier concert venait clôturer le premier chapitre du groupe, la moitié des membres fondateurs du groupe ayant pris la décision de stopper l’aventure. Ce concert avait vu les 4 membres du groupe se serrer fort dans les bras et aussi laisser quelques larmes couler au moment des dernières notes de la soirée sur le titre « Au Revoir ». Il ne s’agissait donc pas d’un adieu. Et de fait, Endless Dive, devenu duo, entame un nouveau chapitre de son histoire avec la sortie récente d’un quatrième album : « Souvenances ». Ce nouveau disque propose un fameux virage électro-acoustique intimiste et nostalgique alors qu’Endless Dive évoluait jusque là dans un registre post-rock riche en mélodies et e, puissance, promesse de grands espaces sauvages à explorer. Nous sommes donc allés voir comment ce virage avait été négocié et comment l’ADN d’Endless Dive avait été modifié.
Sur la scène du Museum on retrouve un décor qui n’est pas sans rappeler celui de la première tournée des Girls in Hawaii au début des années 2000 avec de grosses télévisions luminescentes en provenance du siècle passé. Nous parlons bien du genre de télévisions dont le poids frôlait le demi-quintal. A l’époque, le must était atteint lorsque que cette grosse boîte était reliée à un lecteur de cassettes-vidéos. On vous parle donc d’un temps où Internet n’avait pas encore frappé aux portes de nos chaumières et où les téléphones portables nécessitaient de déployer une antenne tout en coûtant un pont à chaque minute de communication. Avec ce nouvel album et cette scénographique, Endless Dive nous embarque pour un voyage dans le temps, à une époque que les moins de 20 (voir 30) ans ne peuvent pas connaître. Ce nouveau concept-album prend la forme d’une douce plongée immersive et nostalgique dans l’innocence d’une enfance insouciante. En celà l’ADN d’Endless Dive est resté intact : le voyage sonore proposé reste porté par une étincellante et inébranlable puissance lumineuse et contemplative. La fougue électrique à été débranchée (ce qui nous a surpris au premier abord) mais le fond est resté, du moins en studio…

Pour cet album, Endless Dive est allé déterrer les archives familiales afin d’en isoler des extraits sonores pour ensuite les dissiminer un peu partout. Les archives de cette époque étaient alors immortalisées sur de grosses cassettes vidéos grâce à de coûteux caméscopes qui permettaient aux parents de jouer les « Steven Spielberg ». Sur scène, au milieu de tous ces téléviseurs, ce sont donc Nathan et Pierre qui sont aujourd’hui à la manoeuvre mais en étant accompagnés de deux musiciens additionnels, ce qui constitue déjà une surprise en soi. Nathan est toujours dissimulé derrière sa batterie tant que Pierre, à la guitare acoustique et électrique, s’appuie sur un impressionnant tableau de bord rempli de pédales d’effets et d’enregistrements. Les deux autres musiciens se chargeant d’une seconde guitare pour l’un et d’une basse et du syntétiseur pour l’autre. On note d’ailleurs la présence accrue de ce dernier instrument par rapport aux précédents albums et tournées.

Tout commence en douceur avec une cassette VHS diffusée en accéléré sur les téléviseurss tandis que des bruits de cour d’école se font entendre. La délicate guitare acoustique de Pierre fait s’égrener les premières notes de la soirée, rapidement rejointe par la basse, la batterie et des synthés plus profonds et puissants. Ce premier titre nous indique déjà que les versions lives des nouveaux titres sont plus fournies et chargées électriquement que leurs versions studios. Ce nouveau chapitre pour le groupe ne signifie pas non plus une mise au placard de la discographie du passé puisque le groupe enchaîne avec le sombre et tellurique « La Cigue » (issu du troisième album du groupe), évoquant le puissant et incontournable « We’re No Here » de Mogwai. Le tout se se déroule sous une avalanche de stroboscopes.

Nous avouons que nous avions quelques craintes concernant le contenu et la dynamique du concert de ce soir : assisterions-nous à une interprétation fidèle des nouveaux titres en un bloc ou seraient ils dissiminés entre les anciens morceaux, créant alors un effet de montagnes russes ? Le second scénario est donc celui que le groupe a exécuté mais les nouveaux titres ont pleinement trouvé leur place, apportant une dimension nouvelle à la musique d’Endless Dive et s’accordant avec fluidité avec les anciens titres grâce à ce traitement plus électrique et massif qui leur a été appliqué. Les titres nerveux (« Blurred », « Tropique Triste », « A Brief History Of A Kind Human ») et ceux plus lents (« Above the trees ») voir carrément aériens se succèdent et le seul ovni sonore de la soirée est à aller chercher sur « Rouge feu », un titre composé à base de sons et de bandes sonores de jeux vidéos issus de consoles Gameboy, Nintendo, etc. Très très nineties.
La fin du concert arrive déjà et c’est d’abord le troublant « La Petite Danseuse » qui se profile avec des enregistrements de la voix de l’arrière grand-mère de Nathan. Ce titre qui commence comme une berçeuse se transome ensuite en grande et puissante tempête électrique avant de s’achever dans un dernier larsen. En rappel, Endless Dive interprète le titre « Au Revoir », ce qui semble devenir un classique pour clôturer leurs sets. Ce titre résume assez bien à lui tout seul ce qui fait la singularité d’Endless Dive : après une première partie très lumineuse et déjà portée par une rythmique entrainante, la seconde partie du morceau prend des airs d’éruptions solaires où les couches de guitares successives se transforment en tornade ! Endless Dive n’a rien perdu de sa force de frappe et de sa capacité à produire des ambiances et mélodies portées par de belles énergies. Notre curiosité et les questionnements initiaux qui les accompagnaient ont trouvé des réponses solides, aux airs d’agréables surprises. Le virage plus intimiste a donc été parfaitement négocié et l’affaire tient rudement bien la route en venant diversifier de manière pertinente l’univers et l’approche musicale du groupe.
