C’est une soirée sous le signe des guitares électriques et du soleil de l’Espagne que le Botanique a proposé ce vendredi soir dans sa magnifique salle du Museum. Le duo (quatuor sur scène) madrilène de HINDS était en effet de passage à Bruxelles dans le cadre de la tournée qui accompagne la sortie de leur 4ème album joyeusement intitulé « Viva Hinds ». Ce titre semble avoir été choisi avec l’objectif d’envoyer un message clair au public : après la période COVID qui a pas mal contrecarré les plans du groupe, ce sont le manageur, la bassiste et la batteuse du groupe qui décidèrent de prendre le large en 2022. De quoi remettre en cause la survie du groupe. Carlotta Cosials et Ana García Perrote, les deux membres restantes du groupe, n’ont par pour autant baissé les bras et se sont remises au travail pour donner naissance à ce 4ème opus à la fin de l’année 2024, faisant preuve de combativité dans l’adversité. Celui-ci a bénéficié d’un accueil chaleureux de la part du public et de la presse. Après une première partie de tournée sur le continent américain, les voici qui débarquent en Europe.
Et c est toute la communauté espagnole de Bruxelles qui semble s’être donné rendez-vous pour ce concert qui affiche complet. Les premiers rangs font d’ailleurs le pied de grue devant la scène depuis l’ouverture des portes. Lors du précédent passage du groupe à Bruxelles en 2017, ils étaient à peine une cinquainte à avoir alors fait le déplacement. Les temps changent, et ce n’est pas toujours de manière négative. En attendant que tout cela comme, c’est une playlist très rock nineties et 100% féminine qui est envoyée dans les enceintes, s’inscrivant assez bien dans la veine et la lignée de ce qui va suivre.

Derrière le duo chant-guitare emmené par le noyau dur du groupe, on retrouve également une bassiste au choeur et une batteuse. Nous voici donc face à un groupe de quatre meufs qui font du rock sans avoir de leçons à recevoir de la part de ces messieurs qui monopolisent trop souvent le genre depuis des décennies. Le terme « meuf » n’est en rien péjoratif dans le cas présent : c’est musclé et délicat à la fois, énergique et joyeux, avec la spontanéité et l’enthousiasme d’une bande de potes qui se sont gaiement embarquées dans un trip à travers le monde. Hinds est considéré comme un groupe de garage rock auquel on pourrait rajouter une fameuse touche de soleil. Le groupe revendique d’ailleurs son attrait pour The Strokes et The Vaccines parmis ses influences.

Tout ça prend vie sur scène avec cette même énergie brute et indomptée, Le trio guitares-basse qui occupe le devant de la scène ayant bien du mal à rester en place face aux pieds de micros. Ca court dans tous les sens, ça enchaine les petites pas chorégraphiés ou les grosses embarbées physiques improvisées, notamment du coté de Carlotta Cosials qui semble remontée comme un lapin Duracell au bord de la rupture. On s’étonne presque qu’aucun coup de guitare ne se perde dans l’histoire. Le métier d’artiste n’en reste cependant pas sans risque puisque cette même Carlotta finit par emmêler ses pieds dans le fil de sa guitare avant de terminer les quatre fers en l’air sans l’avoir choisi. Cela ne l’empêche pas, assisse sur la scène, d’achever le morceau sans se laisser démonter par sa chute. Mieux, par la suite, elle monte sur les épaules de sa bînome Ana García Perrote le temps d’un titre, avant qu’elles ne décident d’aller pogotter toutes les deux dans le public. Sur scène, Hinds est donc loin de proposer quelque chose de figer, tout ça se passant en anglais et en espagnol.

Le dernier album a bien entendu la faveur de la setlist avec pas moins de 8 des 10 titres qu’il comprend qui sont joués sur scène. Hinds excelle dans la capacité à proposer des morceaux qui ont tout de l’énergie brute du rock en intégrant une bonne dose de pop entêtante qui vous donne juste envie de brailler chaque refrain. Les quelques sons de synthés rétros évoquant Los Bitchos finissent d’apporter un charme à cer ensemble très électrique et agréablement saturé. Hinds possède d’ailleurs déjà quelques brûlots bien établis dans sa discographie avec notamment « Rising Solo », « Just Like Kids », « Superstar », « En forma » et « Boom Boom Back ». Le Botanique est alors en ébullition sur chacun de ses titres. Impossible d’également passer à côté de « Hi, How Are You », qui a ouvert le concert dans une ambiance de tension électrique contenue tant bien que mal et qui dégoulinait déjà d’enthousiasme. Mais il y a aussi un sens mélodique et doucement mélancolique dans les chansons de Hinds avec des ballades rock et lo-fi comme « The Bed, The Room, The Rain And You » et « Good Bad Times ». Et pour compléter un concert riche et varié, le quatuor se lance aussi dans une reprise de « Girl, So Confusing » de Charlie XCX et d’un très à-propos « Spanish Bombs » des Clash, histoire de bien faire le tour de la question du rock encore trop peu conjugué au féminin. En une petite heure trente, Hinds aura l’air de rien foutu une sacrée raclée scénique avec le sourire et une joie sincère, avec l’appui d’un bouillant public d’afficionados et de curieux. Ces derniers n’ont pas tardé à se laisser emporter eux aussi par cette fougueuse énergie. Viva Hinds, Viva España !
