Pour leur troisième journée de cette édition 2024, Les Francofolies de Spa avaient fait le choix d’une programmation résolument urbaine. Retour sur cette journée au caractère relativement inédit. 

Quand on connait le public des Francofolies on a du mal à imaginer qu’un programme presque 100% urbain le samedi puisse susciter l’engouement et pourtant les festivaliers se pressaient dès l’ouverture des portes. Un public varié et métissé, des familles, des groupes de jeunes mais aussi des quadras. Comme si finalement, Spa était un rendez-vous et pas seulement musical. La musique urbaine possède ses propres codes et ses propres stars. Ses propres références aussi et ses univers.

Le duo Moji X Sboy sur la Rapsat, que les festivaliers étaient nombreux à attendre en ouverture, a touché en plein cœur le public avec ses morceaux smooth autour d’histoires presqu’intimes dans lesquelles résonnent les préoccupations d’une jeunesse en pleine tourmente et recherche de sens. 

Pour les festivaliers qui préféraient d’autres univers, il suffisait de se poser à la scène Proximus où Rori, Témé Tan, Imen Es ou encore Soolking se produisaient avec leurs univers rap mélodique aux accents tantôt worldmusic tantôt R&B. Une forme d’atmosphère urbaine plus accessible aux non-initiés s’est répandue au fil de la journée. 

La scène Baloise proposait aussi de belles alternatives. Nous retiendrons l’impressionnante performance de Nuit incolore. Un véritable univers poétique tant dans les textes que la musique. Un répertoire et une interprétation qui pourrait faire penser à Kyo avec qui il a déjà collaboré d’ailleurs. Avec une modernité sur la forme et le fond, le Suisse a rassemblé un public conquis en deux titres.

Sortir du site quelques heures et découvrir au hasard des déambulations dans la ville et le piétonnier musical réserve parfois de belles surprises. Celle de samedi est sans doute Winter Woods (qui était à Lasemo le week-end passé) et sa proposition folk parfaite pour un début de soirée. Le groupe fonctionne bien et on sent la cohésion entre eux. Le chanteur nous a surpris avec sa voix particulière aux accents parfois New Wave. Un mélange étonnant et qui fonctionne bien. A suivre, puisque le groupe a récemment sorti quelques nouveaux titres sur les plateformes de streaming.

La tête d’affiche du jour, Gims, était également très attendu. En trois notes et quelques mots, il a littéralement kidnappé le public. Du plus jeune au plus âgé, les yeux étaient grands ouverts, les paroles étaient reprises en chœur. Puisant aux fonds des corps l’instinct originel avec sa prestation captivante, une sorte de vibration s’est répandue parmi les festivaliers. Une communion bienveillante portée par des titres forts magnifiquement réarrangés par Gims et une mise en scène très produite mais les artifices n’étaient que sur scène, l’homme lui, au-delà de l’artiste, s’est dévoilé sans filtre : un moment authentique. Gims a donné une leçon, s’imposant comme un roc, ancré dans ses racines et porté par ses rencontres de vie. Rassembleur et puissant. Finalement le choix de cette programmation a confirmé que la musique, quel qu’elle soit rassemble les âmes.

Please follow and like us:
error
fb-share-icon