C’est avec “Prèchof”, un second album sorti il y a quelques semaines, que le chanteur bruxellois posait ses guitares ce jeudi soir chez lui à Bruxelles, dans une Orangerie du Botanique qui affichait complet depuis plusieurs semaines déjà. Après le succès belgo-français de son premier album, et une nomination aux Victoires de la Musique, Noé Preszow est de retour avec un second album qui semble lui aussi rencontrer son public et faire l’unanimité dans les médias. Ce disque est plus rock et fougueux, plus direct et engagé, sans pour autant délaisser l’intimité de ses textes traitant de notre époque. De quoi permettre à pas mal de monde d’y trouver son compte, aussi bien sur le contenu que sur la forme.

Comme pour annoncer la couleur, ce sont “People have the power” de Patti Smith et “Heroes” de David Bowie qui sont diffusées dans les enceintes de la salle à quelques minutes du début du concert. Les lumières s’éteignent, une batterie se met à donner la mesure avant d’être rapidement rejointe par une guitare électrique dont les premières notes résonnent comme une alarme pour finalement déboucher sur le riff du titre “A force”, issu du dernier album. D’une manière très concrète, les choses sont bien simples : c’est tout ce nouvel album qui est joué ce soir. La première chose qui nous marque, ce sont les sonorités rock que Noé et ses trois musiciens proposent ce soir. Tout ça est finalement logique au regard du ton général de l’album. Il y a presque une impression d’urgence qui se dégage de la scène avec un jeu de guitare frénétique à souhait.

Noé Preszow calme ensuite un peu le rythme avec une intro a cappella du titre “Les armes que j’ai” où l’Orangerie retient son souffle pendant qu’il en déclame les paroles. Autre moment suspendu lorsqu’il introduit la chanson “Prèchof” en parlant de ses origines polonaises et du voyage qu’il a effectué pour retrouver la trace de ses origines. La salve d’applaudissements qui suit ce titre dure longtemps, de manière presque inhabituelle en concert, mais elle en dit long sur la profondeur du thème abordé. On retrouve chez Noé Preszow une certaine poésie qui n’a rien de métaphorique cependant. Elle ne se compose pas non plus de mots brutaux ou au contraire alambiqués. L’équilibre et le feeling opère dans un choix et un mariage de termes dont émergent beauté et profondeur, comme sur “L’âge qu’on se donne” par exemple. Et puis il y aussi des mots posés, explicites et sans détour comme lorsqu’il parle de la montée de l’extrême droite (“Juste devant”), là aussi avec habilité. “Le monde à l’envers” en est un autre exemple le marquant, le titre traitant des violences policières et s’achevant en véritable brûlot aux accents punk-rock révolté. toutes guitares hurlantes. Dans un certain sens, l’interprétation live de ce titre nous rappelle quelques passages du concert de SAEZ au Cirque Royal en novembre dernier. Concert où Noé Preszow était d’ailleurs présent parmi la foule.

Il est également capable d’aller créer des moments d’intimité à fleur de peau et à cœur ouvert lorsqu’il nous parle de ses états d’âme : il y a “Charlotte”, en solo à la guitare qui semble traiter d’une rupture amoureuse non-résolue mais où il tente de se convaincre qu’il a tourné la page. Dans le feu de l’action, Noé Preszow nous offre un titre inédit (“De ton vivant”) qui n’était pas prévu au programme, là aussi en solo guitare-voix. Il s’agit d’un hommage à son grand-père décédé il y a quelques mois. Encore une fois, il évolue en équilibre sur un fil émotionnel fragile et tendu mais qui résiste malgré tout. Son titre “A nous” bénéficie quand a lui d’un habillage sonore épuré, en piano-voix et qui met en lumière des paroles aussi denses que riches.

Cela fait plus d’une heure-trente que le concert a commencé, la fin de la soirée se profile doucement avec un duo attendu sur “Faire les choses bien”. Leila Lachterman qui assurait la première partie, et qui avait déjà posé sa voix sur ce titre en studio, rejoint Noé pour cet instant dansant aux paroles faussement joyeuses. En rappel, le titre “27”, réclamé tout au long du concert par une partie du public est interprété. Si il fallait isolé un seul moment du concert c’est probablement celui-là que nous retiendrions : débuté avec délicatesse en guitare électrique et voix, le morceau gonfle progressivement jusqu’à finir en paroles hurlées et en grosses houles électriques et mélodiques. Noé Preszow répétant encore et encore J’attends quelqu’un qui n’vient pas, tel le cri d’un cœur perdu et écorché. Grosse claque sonore et émotionnelle ! Enfin, pour achever en douceur cette longue soirée, Noé revient seul sur scène, avec sa guitare acoustique et sans micro pour une version complètement débranchée de “Jusqu’au bout de la nuit”, reprise en chœur par le public. Cette version rendant le titre et son texte une fois encore plus intense, surtout que le garçon y met du cœur et du corps pour l’interpréter. Il est presque 22h45, Noé Preszow vient d’achever un généreux concert de près de deux heures, sans qu’on ait vu le temps passer et en ayant réussi à régulièrement nous surprendre par les sentiments qu’il a fait émergés chez nous durant la soirée. Pour ceux qui ont raté le concert de ce jeudi soir, sachez qu’il sera de retour à Bruxelles au Cirque Royal le 5 novembre 2024.

SETLIST – Noé Preszow – Botanique – 28/03/2024

A force – Comment fais-tu pour vivre – Nos années 20 – Les armes que j’ai – On ne choisit pas – Du manque d’amour – Preszow – Juste devant – La gare – Prière de ne pas déranger – Le monde à l’envers – L’age qu’on se donne – De ton vivant (titre inédit) – Charlotte – L’intime et le monde – Que tout s’danse – Faire les choses bien (duo avec Leila Lachterman) – A nous – 27 – Jusqu’au bout de la nuit

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