C’est avec un quatrième album sous les bras que les Irlandais de KODALINE débarquent ce jeudi soir à l’ANCIENNE BELGIQUE. Après l’énorme succès de “A perfect world”, leur premier album, le groupe a su éviter le piège d’un succès soudain qui aurait pu leur monter à la tête. Ils ont ainsi continué à tracer leur sillon musical, dans un registre pop-rock mélancolique aux mélodies imparables. Cela leur a parfois valu la réputation de groupe à minettes. Tant pis pour ceux qui voient les choses de ce point de vue forcément trop restrictif. La discographie du groupe comporte une multitude de petits bijoux, certes calibrés pour le grand public, mais sans que cela ne se fasse au détriment de la qualité.
La première partie est assurée ce soir par ST. LUNDI. C’est seul et assis derrière son piano que le jeune homme monte sur scène pour une petite demi-heure. Il propose des titres posés et mélodiques mais portés par une voix puissante, bien que parfois un peu criarde. Il se lève ensuite pour prendre une guitare acoustique et notamment reprendre le légendaire “Teenage Dirtbag” de Weathus qui est repris par une assistance très attentive et enthousiaste. Celle-ci n’hésitant pas à participer activement en chantant à plusieurs reprises les paroles et refrains. Tous les artistes n’ont pas la chance d’être accueilli si chaleureusement.
C’est donc ensuite KODALINE qui prend possession de la scène, non pas à quatre mais bien à six musiciens. On note la présence d’un violoncelliste et d’un discret claviériste. Un piano plus classique occupe une place centrale sur la scène où le groupe doit se frayer un chemin au milieu des nombreux instruments disposés sur de grands tapis orientaux. C’est dans une configuration scénique et sonore clairement orientée rock et folk que Kodaline est venu ce soir. Les musiciens entrent en scène un à un pour entamer le set avec “Wherever you are”, titre d’ouverture du dernier album. Avec “Sometimes”, ce sont les deux seuls extraits de cet album qui seront joués ce soir.
Comme beaucoup d’artistes en tournée pour l’instant, il s’agit de livrer des concerts qui ont été programmés il y a parfois plus de deux ans pour promouvoir la sortie d’un album sorti avant le Covid en 2019 ou 2020. Ces albums ont entre temps déjà pris quelques rides. Kodaline fait partie du lot et ne s’attarde donc pas vraiment sur le dernier album en date, et va explorer majoritairement ses deux premiers albums. Le concert prend donc des airs de “best-of”. Il ne faut dès lors pas attendre bien longtemps pour que la grande chorale de l’AB ne reprenne en chœur les paroles et refrains de presque chaque titre, révélant le caractère mélodique et efficace de la discographie du groupe. On vous laisse imaginer ce que cela peut donner sur un titre comme “All I want”, mais on y reviendra.
Revenons quelques instants sur la présence d’un violoncelle sur scène. Celui-ci vient donner une dimension classique et presque symphonique à pas mal de titres joués ce soir. Et l’équilibre des arrangements avec quelques nappes de synthés et discrets arrangements électroniques n’enlève rien à la modernité de ce que le groupe propose. On sent et on entend que Kodaline a atteint une certaines maturité dans son identité sonore, avec des prises de risques et quelques incursions plus aventureuses mais toujours maitrisées. Il y a notamment cette reprise rock’n’blues du mythique “Billie Jean” de Michael Jackson qui apporte une dimension nouvelle et très intéressante à ce titre pourtant réputé intouchable.
Steve Garrigan (chant, piano et guitare) centralise une bonne partie de l’attention du public bien que le groupe évolue en formation serrée sur scène, ne mettant pas sous le feu des projecteurs de manière excessive l’un ou l’autre de ses membres. C’est souvent tous ensemble que les 6 musiciens reprennent en chœur (en plus des 2000 spectateurs présents dans la salle) différents passages de chaque titre. C’est donc avec pas mal d’assurance que le groupe s’offre le luxe d’une reprise du très soul ”
Bring it on home to me” de Sam Cooke chantée a capella. Ce choix démontre là aussi la volonté de Kodaline de ne pas rester dans des sentiers trop bien tracés. Mais ce n’est pas tout, puisque c’est sans amplification que ce titre est chanté, nécessitant un silence absolu dans la salle. Et ca fonctionne même si on voit que Steve Garrigan doit pousser son corps dans ses derniers retranchements pour délivrer toute la puissance vocale nécessaire à ce genre de périlleux exercice.
“High hopes” marque la fin du set principal. En rappel, Kodaline interprète notamment le très contemplatif “In a perfect world” avant l’immanquable “All I want” qui transforme une dernière fois l’AB en une gigantesque et puissante chorale qui couvre là encore le chant et la musique. Les sourires se lisent sur les visages des membres du groupe. Le violoncelle joue là aussi pleinement son rôle d’embellissement de ce titre pourtant déjà efficacement calibré dans le registre émouvant et lumineux à la fois.
Les groupes proposant un style pop-rock mélodique taillé pour les radios sont nombreux et il n’est pas toujours facile d’émerger de cette masse où la qualité laisse parfois à désirer. Kodaline n’est peut-être pas le groupe le plus exposé médiatiquement mais la qualité, l’efficacité et la facilité (à ne pas confondre avec simplicité) d’écoute de leur discographie leur donnent toute la légitimité pour occuper la place qui est la leur. On aurait même tendance à écrire qu’ils sont sous-cotés au regard de groupes comme Snow Patrol ou Mumford and Sons par exemple. Mais il n’est pas certains que leurs titres puissent conserver cet équilibre entre puissance et intimité dans des salles de concerts de plus grandes capacités. Les voir jouer dans une salle comme l’Ancienne Belgique était pour nous l’équilibre idéal, comme dans un perfect world.
Setlist – KODALINE – Ancienne Belgique – 6 octobre 2022
Wherever you are – Ready – Brand new day – Brother – Billie Jean (reprise de Michael Jackson) – The one – Moving on – The Answer – Love like this – Sometimes – Love will set you free – High hopes – Bring it on home to me (reprise de Sam Cooke) – In a perfect world – Everything works out in the end – All I want