Troisième jour de festival ! On commence un peu à accuser le coup, la fatigue se fait sentir… On commence la journée avec les jambes un peu molles mais le coeur toujours en fête. On temporise un peu le marathon de concerts et on profite des autres activités qui font le sel d’Esperanzah ! Parmi celles-ci, les débats de société qui prennent place dans l’espace Tout Va Bien (le web média qui parle de combats militants lancé par le festival en 2018) ou dans le cadre insolite du Village des Possibles, espace de convergence des luttes décoré de structures en bois qui nous donnent l’impression d’être au coeur du village des enfants perdus de Peter Pan. Au programme des débats hier : les inégalités causées par les promoteurs immobiliers, les occupations politiques des Sans-Papiers ou encore notre capacité à nous passer des énergies fossiles et nucléaires. Tout cela résonnant avec la thématique de cette édition 2022 : “Occupons le terrain !“.

On profite aussi des spectacles d’arts de rue avec un grand coup de coeur pour la Mécanique Pyrotechnique de Mr Magma, qui enflamme un public chauffé à blanc après le concert de Rodrigo y Gabriela. Un talentueux Maître dans l’art du feu, qui enflamme un public chauffé à blanc après le concert de Rodrigo y Gabriela, à coup de parapluies embrasés, d’horloges explosives ou de lance-flammes pacifiste…

Un line explosif de beats, de riffs et de verve

Côté musique, Esperanzah ! nous a encore offert en cette troisième journée un line-up qualitatif de haut vol, bien qu’on ait ressenti une petite perte de cohérence dans la programmation et l’enchaînement des styles. Mais tout cela est bien subjectif, bien sûr. On ne comprend pas bien non plus la politique horaire du festival qui clôture ce samedi soir son dernier concert à 1h, contre 2h le vendredi et 2h30 le jeudi… Ce qui génère une légère frustration dans le coeur en fête des festivaliers les plus vaillants. Mais qu’importe, la fête continuera au camping !

C’est avec le set de Ausgang, en début de soirée, qu’on se pose pour la première fois devant un concert après avoir déambulé d’une activité à l’autre toute l’après-midi. Emmené par l’excellentissime verve de la rappeuse Casey, Ausgang balance ses thématiques engagées sans détour, en réhabilitant cette fusion old school entre rap et rock emblématique des années 90, avec la même rage qu’un Rage Against The Machine. À grand coup de textes incisifs et de batterie agressive, le groupe Ausgang déverse une colère salutaire sur le public stupéfait d’Esperanzah !

On enchaîne ensuite avec la funk survitaminée d’afrobeat et de dancehall des Cubains de Cimafunk. Une prestation scénique endiablée devant une foule qui se fait bien plus dense (et dansante) que les jours précédents.

Scylla, “l’ogre de Bruxelles”, prend ensuite possession de la scène Futuro.  Durant une bonne heure, son flow et sa poésie nous emmène dans une prestation de rap conscient et profond qu’il déverse de sa voix si particulière, rauque, grave, puissante, mais feutrée. On apprécie particulièrement les morceaux de son album Pleine Lune, projet réalisé avec le pianiste Sofiane Pamart, dont les notes sensibles et aériennes accompagne délicieusement notre petite pause assis dans l’herbe, sous les tilleuls de l’Abbaye, un verre à la main. Sensibilité, charisme et moment de grâce.

On retrouve ensuite la performance hallucinante de Rodrigo y Gabriella, le duo mexicain vainqueur du Grammy du Meilleur album de musique contemporaine instrumentale pour le dernier concert de la scène Jardin. Une véritable orgie de riffs de guitares acoustiques, mêlant hard rock et flamenco, spiritualité et envolées lyriques. Difficile de rester de marbre et de ne pas tomber dans un état de contemplation méditative en regardant les doigts des deux artistes se balader avec une aisance et une vitesse frénétique sur les cordes de leur guitare qui semble s’incarner comme un véritable prolongement de leur corps. Ça danse, ça saute et ça chauffe à blanc le public d’Esperanzah.

Et ça tombe bien, car cette énergie va pouvoir être dépensée à outrance devant le set ultra percutant de Vandal, qui clôture la journée sur la scène Futuro. Originaire de Bristol, le DJ est depuis plus de 15 ans considéré comme le roi de la Raggatek en proposant une expérience sonore mêlant le reggae, la dub et le hardtek. On se fait prendre pendant plus d’une heure à sec et sans élan par de gros beats et basses en mode soundsystem qui nous poussent au-delà de nos limites. La foule s’embrase dans une danse de masse magmatique, martelant l’air de poings levés au rythme de BPMs hyper-kinétiques. Un public tellement réceptif que l’artiste en a terminé la soirée à prendre les programmateurs d’Esperanzah dans les bras, les larmes aux yeux, pour les remercier de l’expérience de vie qu’il vient de vivre grâce au plus incroyable des publics belges.

Cette dernière anecdote illustre bien ce qui fait l’essence d’Esperanzah, un lieu d’amour, de tolérance et de fête, dont tout le monde est acteur et actrice: public, artistes et militants. Un lieu de communion au sein duquel chacun trouvera ce dont il a besoin pour se ressourcer et tenir jusqu’à l’édition suivante, un an plus tard. Mais il est encore trop tôt pour penser à l’année prochaine, il nous reste un dimanche complet à savourer !

On clôture donc ici notre troisième journée à Floreffe et on vous dit… À demain !

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