Les musiciens prennent places et Sébastien Tellier arrive ensuite sur scène d’un pas lent, lunettes noires et casquette vissée sur la tête, vêtu d’un pantalon blanc et d’une sorte de chemise en mode « boule à facette » qui réfléchit la lumière des projecteurs. Le jeu de lumière est tout en contre-jour, et il est dès lors difficile d’apercevoir quoi que ce soit de son visage, caché derrière sa chevelure et sa longue barbe. Ce sont ces différents éléments qui ont construit l’icône scénique qu’est depuis pas mal de temps maintenant Sébastien Tellier. Il est donc fidèle à lui-même. Sur son piano est posé un verre de vin qu’il va boire généreusement tout au long du concert. Pareil pour le paquet de cigarettes qu’il va fumer aussi tout au long de la soirée. Ses postures et ses pas de danses sont aussi ceux du roi de la nuit d’une soirée disco-sensuelle (avant de virer sexuelle).
Mais dans un premier temps il s’installe à son piano pour démarrer ce qui va s’apparenter à une cérémonie d’adoration plus qu’à un concert traditionnel. Les premières notes de « Sexual sportswear » sont alors jouées. Ce qui a pour conséquence de déclencher les cris de la foule. Ce premier titre résonne comme un hymne rétro-futuriste qui monte, qui monte, et monte encore, avec un jeux de lumières disco multicolores. Après un passage où Sébastien est seul avec son piano, le groupe redécolle pour de bon cette fois, servi par des vagues de synthés qui se superposent et par une grosse basse qui gronde. « Fingers of steel » qui suit est dans la même lignée. Sur « Ricky l’adolescent » le tempo se fait plus posé, plus sensuel, on retrouve un phrasé qui nous évoque les années d’un Gainsbourg planant sur scène.
Sébastien Tellier continue de voyager au sein de sa discographie avec «L’amour naissant » issu de l’album « Confection ». L’ambiance se fait contemplative. Sébastien prend ensuite la parole pour s’adresser à ses fidèles à qui il déclare que ce soir à Bruxelles nous nous sommes tous rassemblé pour célébrer le plaisir, et de conclure de la manière suivante : « alors bisou » ! Il flatte également le public avec quelques petites révérences. Sur « Stuck in a summer love », la voix de Sébastien se fait robotique tout en étant illuminée par différents effets sonores. « Comment revoir Oursinet ? » est emmené en piano-voix. Mais c’est un piano-voix désespéré jusqu’à ce que Sébastien ne s’empare d’une guitare pour déclencher un embrasement électrique. Le même embrassement se produit lorsque dans le texte de la chanson, Sébastien lâche je t’aime encore. Le public se met à hurler son adoration pour le gourou de la soirée. La suite du concert est chargée, avec notamment « Cochon ville » qui fait danser tout le chapiteau. Sébastien y chante prosterne-toi avant de se transformer en véritable guitariste héroique. « Roche » fait monter la température et tout le chapiteau se transforme alors en palais de la sensualité avec des spectateurs qui dansent lentement en rythme. Pas besoin de vous faire un dessin sur ce qu’il se passe au moment où il chante amoureuse de Sébastien.
Il ne faut pas plus de 3 notes de piano pour que « La ritournelle » ne déclenche une énième vague de cris et de hurlements au sein d’un chapiteau devenu dancefloor depuis longtemps déjà. La partie principale du set s’achève avec « Domestic Tasks » et sa rythmique new beat en provenance des 90’s. Le son est énorme avec une grosse basse qui enrobe la voix robotique de Sébastien. Les synthés finissent de constituer une atmosphère sombre et inquiétante.Le lightsshow devient de plus en plus violent, se calant au rythme de la longue montée en pression que constitue ce morceau. Le finale est tout simplement une orgie apocalyptique de synthés sursaturés et de stroboscopes. Sébastien quitte la scène sous une couverture sonore de cris et de bras levés.
Les cris couvre la voix de Sébastien qui remercie le public au moment du rappel. Il s’empare alors d’une guitare acoustique pour jouer le titre « Fantino ». En arrière fond sonore, il y a des nappes de synthés dont Moby pourrait revendiquer la genèse. Ce titre instrumental est écouté religieusement par le public. Arrive ensuite ce qui va constituer peut-être le moment le plus intense et le plus marquant du concert. Le son des synthés se fait énorme, monstrueux et écrasant, les lumières se font blanches et syncopées. La tension est énorme et quelques notes s’échappent alors d’un piano avec pour conséquence de faire rugir la foule comme elle ne l’avait pas encore fait jusque là : « L’amour et la violence » s’annonce. Sébastien Tellier est sur l’avant de la scène face à un public complètement absorbé par le texte et la mélodie de ce titre magnifique. Un coup de basse synthétique est asséné, déclenchant une salve de stroboscope. Le tableau d’ensemble est puissant, profond et d’une sensibilité émotionnelle palpable. On retient notre souffle. Le groupe enchaîne ensuite sur « Stunt » (enregistré avec Mr Oizo) et sa rythmique technoide lancée à cent à l’heure. Un des musiciens se met à danser sur le devant de la scène avant de se jeter dans le public. On pense la fin du concert arrivée mais une fois encore le public en redemande et c’est avec une reprise du titre « La Dolce Vitae » de Christophe que Sébastien Tellier et ses musiciens achèvent la soirée.