Scènes Belges : Avant toute chose, dis nous comment tu vas, alors que ton premier EP, “Falling While Rising”, sort ce vendredi 2 avril ?
Charles : Je vais très bien, un peu trop même. Je suis hyper enthousiaste et je suis un peu à l’Ouest. Je ne réalise pas trop que cet EP va sortir. Malheureusement il n’y a pas de sortie physique de prévue, c’est une sortie digitale uniquement. Le coronavirus a compliqué les choses.
Scènes Belges : Parle nous un petit peu du titre de cet EP, “Tomber en se relevant” en Français. Il n’est pas vraiment des plus réjouissant au premier abord.
Charles : Le titre n’est pas négatif. A la base je voulais appeler l’EP “The” Fall” mais je trouvais ça trop sombre par contre. Chacune des chansons de l’EP parle d’un moment difficile de ma vie mais qui s’est au final avéré positif parce que j’ai réussi en retirer quelque chose de bien. Donc j’essaie de donner cette valeur : avancer, tirer des leçons et ne jamais se laisser abattre. C’est un peu un message d’espoir et de résilience.
Scènes Belges : Justement, “The Fall” est le premier titre que tu as écris pour cet EP. Explique nous comment s’est passé la genèse de titre ?
Charles : C’est vraiment la première fois où j’ai été en studio. La chanson en elle même parle de boulimie. J’avais besoin d’écrire à ce moment là sur ce sujet car c’était quelque chose qui était très présent dans ma vie. J’avais besoin de l’extérioriser. Ce titre est très significatif pour moi car pour la première fois j’ai réussi à poser des mots sur ce que je voulais exprimer. J’ai senti que ça m’avait fait vraiment du bien.
Scènes Belges : Dans les autres titres, on retrouve aussi d’autres sujets assez lourds : violence conjugale, rupture amoureuse, la mort, l’absence, etc. Est-ce qu’on pourrait dire qu’il est, pour toi, plus facile d’écrire sur les moments difficiles que sur les moments de bonheurs dans la vie ?
Charles : Oui très clairement. J’ai énormément de mal à parler des choses négatives et difficiles à vivre que je peux rencontrer dans mon quotidien. Par la chanson, c’est une des seules manières que j’ai de les exprimer. Je dirai même que c’est la seule manière. Je suis malgré tout quelqu’un de très positif, j’essaie de voir le bien partout, même si ce n’est pas toujours facile. Mais le négatif j’ai besoin d’en parler en chanson ne le tournant avec de l’espoir. Ce n’est pas tout noir. Ça a un coté un peu thérapeutique.
Scènes Belges : A coté de ce qui inspire tes textes, est-ce que tu peux aussi nous parler de tes influences musicales ? J’ai vu qu’elles étaient très variées et pouvaient surprendre.
Charles : J’ai d’abord commencé par me tourner vers le rock en découvrant Nirvana quand j’avais 11 ans. Ça a été la porte d’entrée vers plein d’autres groupes comme Muse que j’affectionne énormément, mais aussi Rage Against The Machine ou System Of A Down. Tout ça m’a beaucoup inspiré : les harmonies créées par System Of A Down, les changements d’accords élaborés par Muse. Dans certaines chansons, j’avais besoin de garder des cotés authentiques avec des guitares, des distos, des batteries, des trucs plus rock. J’ai aussi beaucoup d’influences plus mélancoliques avec des artistes comme London Grammar ou Lana Del Rey. Il y a beaucoup d’accord mineurs qui me parlent. Même vocalement, ce sont des chanteuses qui m’inspirent et me correspondent.
Scènes Belges : Tu joues du piano aussi. Cela peut paraître surprenant puisque tes premiers amours musicaux étaient quand même tourné vers un rock très musclé. Comment es-tu arrivé à la musique ?
Charles : Je chante depuis que je suis petite, mais je le faisais sur des vidéos de karaoké sur Youtube. Puis j’en ai eu marre et j’ai demandé à mes parents pour avoir un clavier. Je voulais jouer d’un instrument pour m’accompagner au chant. Le piano me touche particulièrement car c’est un instrument qui peut donner des sonorités tristes et mélancoliques. Ce sont des choses qui m’attirent depuis toujours. Je ne me suis plus jamais séparée de ce piano, et j’ai tout appris toute seule. C’est d’ailleurs toujours ce piano que j’utilise en concert.
Scènes Belges : Pourquoi avoir choisi de sortir un EP alors que la situation sanitaire n’est toujours pas favorable ?
Charles : Honnêtement ça a été un peu le bordel. On a beaucoup hésité. Pourquoi sortir un album complet si on ne peut pas aller le défendre sur scène ? Alors on a fait le choix de l’EP, qui est un entre deux. J’ai envie de proposer des choses aux gens. Ça s’est construit petit à petit. On a fait un choix dans les chansons que j’avais déjà composée depuis un certain temps et que j’avais envie de sortir. Et il y a encore d’autres titres qui sont en cours de préparation pour le futur.
Scènes Belges : Pour rester dans le thème du marché de la musique, est-ce que tu peux nous expliquer comment il se fait que tu es présente des deux cotés de la frontière linguistique en Belgique ? On sait qu’habituellement, et à quelques exceptions près, la frontière linguistique est souvent difficilement franchissable dans un sens ou dans l’autre.
Charles : La radio néerlandophone Stubru a franchement adhéré aux titres que j’ai déjà proposé. Ils passent pas mal de musiques alternatives qualitatives. J’espère en tout cas que si les gens aiment ma musique en Flandre c’est aussi pour ce qu’elle est, et pas simplement parce que le soutien radio est important ou parce que mon manager a établi des bons contacts. Du coté Francophone, pas mal de radios ont suivi, même sur les radios plus commerciales. J’ai été très étonnée des réactions positives et du succès de mon premier single “Wasted Time”.
Scènes Belges : Avant tout ça, tu a gagné “The Voice”. Est-ce qu’aujourd’hui ce genre de programme n’est pas devenu un passage obligatoire pour lancer une carrière ?
Charles : Il est plus compliqué de percer en tant qu’artiste quand on est seul que lorsqu’on soutenu par une maison de disque comme c’est le cas grâce à The Voice. Sans cela, il faut pouvoir investir de l’argent, du temps, avoir des compétences multiples en dehors de la musique en tant que telle. L’appui de The Voice est une aide, un accélérateur et un tremplin indéniable. Si je n’avais pas fait cette émission, je ne me serai peut-être jamais lancé dans la musique comme j’ai pu le faire ici. C’était maintenant ou jamais.
Scènes Belges : Et sortir des frontières du Royaume ça t’intéresserait ? La France par exemple ?
Charles : Evidemment. J’adorerais aller faire des concerts en France. Mais c’est un marché qui reste très fermé et relativement difficile à percer si on ne chante pas en français. Ça serait pas mal de faire un petit concert à l’Olympia (rire).
Scènes Belges : Tu as aussi participé à la composition du titre “The Wrong Place” pour Hooverphonic qui va aller défendre les couleurs de la Belgique à l’Eurovision. Comment tu t’es retrouvée prise dans ce projet ?
Charles : J’étais en train d’écrire des chansons pour moi, avec l’appui d’Alex Calier d’Hooverphonic. J’aimais ces chansons mais je ne les voyais pas coller avec ce que j’avais envie de faire. Je n’arrivais pas à m’y identifier. Sur le moment je n’ai rien dit. Mais ensuite Alex Calier est revenu vers moi en me demandant si il pouvait récupérer deux des titres en questions pour Hooverphonic. C’était un vrai plaisir et très valorisant de les lui laisser. Et j’ai ensuite appris qu’il avait retenu “Release Me” pour l’Eurovision. C’était une belle reconnaissance.
Le premier EP de CHARLES s’appelle donc “Falling While Rising” et il est disponible sur toutes les plateformes de streaming musical depuis ce vendredi 2 avril 2021. Bonne écoute !