Et encore une soirée au BOTANIQUE pour nous ce jeudi soir. Toujours dans le cadre du festival LES NUITS 2020. Cette soirée est un peu particulière, puisque les organisateurs se sont associés avec le festival FRANCOFAUNE : autre festival bruxellois, itinérant celui-là, qui se déroule durant tous le mois d’octobre.
Mais la soirée a pris une tournure inattendue dès la fin d’après-midi. Nous avons reçu un e-mail de la part du Botanique pour nous informer qu’en raison des conditions météorologiques désastreuses annoncées pour la soirée, les concerts prévus initialement sur la Scène Extérieure allait être rapatrié à l’intérieur dans l’Orangerie. Comme si la situation COVID n’était pas déjà un casse-tête suffisant pour les organisateurs, il faut que la météo s’en mêle aussi. Mais pour permettre à tout le monde d’assister aux concerts dans de bonnes conditions, une première session de deux concerts est organisée à 19H et une seconde à 21H15. Nous sommes conviés ce soir à la seconde session. L’affiche était prometteuse avec PETIT PRINCE, CHARLES (Charlotte Foret) et HERVÉ qui étaient prévus au programme. Malheureusement, cette réorganisation a contraint le festival à faire l’impasse sur l’un des trois concerts de la soirée, celui de Petit Prince en l’occurrence. Les équipes du Botanique veillant malgré tout à lui permettre de reprogrammer son concert plus tard dans la saison. Organisateur de festivals est définitivement un métier à part entière qui exige de pouvoir faire preuve d’audace, de réactivité et de sang-froid à tout moment.
C’est donc HERVÉ qui débarque sur scène vers 21H15, en sautant déjà dans tous le sens. Le gaillard est sorti de scène il y a une petite demi heure à peine et le voilà déjà de retour pour “la seconde mi-temps”. Normal pour ce passionné de football. Et il annonce tout de suite la couleur en expliquant que tout se joue toujours en deuxième mi-temps. En effet, il va nous proposer un set électro-pop d’une fraîcheur qui fait du bien, avec une énergie qui ne connaît aucun temps mort. A force d’arpenter la scène dans tous les sens, d’être constamment en train de sautiller derrière ses machines et à danser comme un Michael Jackson ayant bu trop de Red Bull dans “Thriller”, le bonhomme transpire allègrement. Hervé n’en a donc pas de trop avec ses 3 bouteilles d’eau et autant d’essuies pour éponger toute cette sueur.
Il incarne finalement assez bien cette nouvelle génération décomplexée d’artistes francophones, quelque part entre la pop classieuse d’un Etienne Daho et la sincérité brute et vive d’un Eddy De Pretto. Mais Hervé y met une fougue assez contagieuse. Si vous aviez un coup de mou avant le début du concert, vous voilà remonté à bloc pour le reste de la nuit. Ce n’est pas par hasard qu’un de ses morceaux s’intitule “Le Premier Jour Du Reste De Ma Nuit”. Avec son batteur et son claviériste, ils se lancent aussi dans une reprise du titre “La Peur Des Mots” Bashung. Et le tubesque “Trésor” fait se trémousser l’assistance.
On parlait donc d’une pop musicalement rafraîchissante et dansante mais ses textes le sont aussi lorsqu’il répète notamment avec conviction redis moi combien cette vie est belle sur le titre “Maelstrom” ou avec l’entêtant “Addenda” où il scande J’ai l’cœur qui bat pour toi 100 fois par minute. On a bien besoin à l’heure actuelle de ce genre de belles paroles légères et puissantes à la fois. Il porte aussi un regard décalé et personnel sur le monde qui l’entoure avec le titre “Paréo Parade”. Après avoir abandonné l’idée d’une carrière dans le football, Hervé a fait le choix de se tourner vers la musique, d’abord électronique, avant de s’essayer au chant avec un timbre de voix et des intonations identifiables à 100 bornes à la ronde. Il y a quelque chose de vampirique et de susurré dans la sonorité de sa voix et d’en même temps extrêmement suave comme un Julien Doré charmeur pourrait en faire usage. Certains sons s’étirent, d’autres se contractent, et Hervé en joue gaiement. En fin de set, il ne cache pas son émotion d’être ce soir sur scène malgré les imprévus météorologiques qui ont failli tout foutre par terre, mais surtout face à l’accueil du public qui est debout et l’applaudit longuement pour la seconde fois de la soirée.
C’est donc ensuite à la jeune et énigmatique CHARLES de prendre le relais sur scène pour finalement clôturer cette deuxième session de concerts de la soirée. La gagnante de The Voice Belgique Saison 8 (et accessoirement fan de Nirvana) n’a actuellement que deux titres de disponibles sur les plateformes de streaming. Énigmatique donc, car on ne sait pas trop à quoi s’attendre, même si ce qu’on a entendu jusqu’à maintenant est franchement bien foutu.
C’est en toute simplicité qu’elle monte sur scène avec son batteur et son guitariste. Elle s’assied au piano pour un premier titre. On vous avoue qu’on a parfois un peu peur d’assister à une démonstration vocale avec les lauréats de ce genre de concours. Mais sa voix est juste, chaude, douce et parfois légèrement et délicieusement rauque. Une jolie voix aux couleurs variées. On pense à la voix envoutante d’Hannah Reid de London Grammar. Le ton se fait ensuite plus rock et avec une guitare électrique classieuse et remplie d’une reverb gentiment bluesy. Mais cette guitare sait parfois aussi se faire plus abrasive, chaude ou sensuelle. Ce son de guitare est sans doute l’élément qui différence Charles de toute cette génération de chanteurs issue de télé-crochets. Elle apporte une touche “roots” franchement emballante. La batterie quant à elle reste assez basique (sans le moindre aspect péjoratif) et quelques incursions plus électroniques se mettent bien, évitant le piège d’un habillage musical live majoritairement basé sur des bandes préenregistrées.
La musique de Charles est donc faite et taillée pour le live. Comme sur ce titre carrément rock où la batteur s’en donne a cœur joie, pendant que la guitare ronronne méchamment et que Charlotte chante sous forme d’incantations. On arrive gentiment à la fin du set avec le titre “Wasted Time” qui tourne pas mal sur les radios depuis plusieurs mois. Et il y a toujours cette guitare qui tourne autour de sa voix. Pareil pour le dernier titre “Far Gone”. On a définitivement succombé au son de cette guitare qui donne une couleur bien particulière et très singulière à ses chansons. Les titres chantés uniquement en piano-voix nous ont par contre moins emballés (mais ça c’est plus personnel qu’autre chose). On aura aussi apprécié son humour décalé lorsqu’elle explique les sujets de ses chansons, qui ne sont franchement pas joyeux, mais qu’elle réussit à amener malgré tout de manière décontractée. On est curieux de voir comment la Demoiselle va continuer à développer son projet artistique. Affaire à suivre donc…