C’est quelques minutes après son concert à l’Inc’Rock Festival XS 2020 (notre compte-rendu est à lire ICI) dimanche dernier que TYPH BARROW nous a accordé un peu de son temps pour répondre à nos questions. Après un début d’année 2020 couronné de succès avec la sortie de son album “Aloha”, la machine s’est brusquement arrêtée à la mi-mars, comme pour tous les acteurs du monde culturel. C’est donc 8 mois après notre première rencontre (à lire ICI) qu’on avait à nouveau rendez-vous avec Typh Barrow. Malgré tout, il s’en est passé des choses durant cette période.

 
Scènes Belges : Bonjour Typh, comment ça va, huit mois après la sortie de ton album “Aloha” ?
 
 
Typh Barrow : Ca a été un peu les montagnes russes : une sortie d’album tellement bien accueillie par le public. C’était incroyable ! Cela a été un début d’année génial pour moi.  Et ensuite le confinement, où il a fallu trouver des moyens pour garder un lien avec le public car c’est salvateur et qu’on en a besoin.  J’ai donc commencé à établir un autre type d’échange avec des vidéos postées sur les réseaux sociaux, tant des compositions personnelles que des covers.  Et puis voilà, “blackout”, on se réveille 6-7 mois après et on savoure le premier concert.
 
 
Scènes Belges : Quand on s’était rencontré au mois de janvier, tout s’était enchainé très rapidement, tu disais avoir le nez dans le guidon : The Voice, l’album, les concerts … Maintenant tu as eu le temps de te poser ?
 
 
Typh Barrow : Oui, j’ai eu le temps de recharger les batteries, remettre mon niveau de stress à zéro, tout remettre à zéro en fait. Mais maintenant cela suffit, on a envie de redémarrer !
 
 
 
 
Scènes Belges : Malheureusement, cela ne va pas se faire tout de suite… Les concerts prévus au printemps 2020 sont maintenant reportés au printemps 2021.  Comment est-ce que tu le vis, cette absence de scène ?
 
 
Typh Barrow : C’est très compliqué.  C’est d’autant plus triste, je pense à mon équipe qui n’a pas de boulot. Les conditions qui sont mises en place sont très précaires.  Il est temps que de vraies décisions soient prises et que l’on puisse s’y remettre. Cela n’a pas de sens de pouvoir être 500 dans un avion les uns à côté des autres mais de ne pas pouvoir être les uns à côté des autres dans une salle de concert.
 
 
 
 
Scènes Belges : Aujourd’hui, il a eu un moment émotionnellement chargé pendant le concert sur ton titre “Hold You Sister”.  On sait que cette chanson te tient fort à cœur vis-à-vis de ta sœur, mais on a senti quelque chose de plus bouleversant ?
 
 
Typh Barrow : Je me suis laissée surprendre par ma propre introduction : “On est plusieurs avoir été loin de notre famille durant le confinement”. Comme c’est une chanson qui a trait à un membre de ma famille, cela m’a ramené à des souvenirs assez frais.  Le fait d’être aussi proche des gens, de voir leurs yeux en larmes et tout à coup d’avoir à nouveau cet échange vrai avec le public fut déstabilisant. Le public a été présent et très positif et m’a fait énormément de bien pendant ce confinement à travers des vidéos, les réseaux sociaux, … Mais de retrouver cet échange live, et de les voir en larmes sans pouvoir avoir une main réconfortante pour eux ça a été émotionnellement très fort. Je me suis retrouvée un peu démunie.  Je me suis demandée si j’allais réussir à terminer cette chanson.  Il y a eu une petite lutte pour y arriver.
 
 
Scènes Belges : Tu as récemment sorti un nouveau single, “Colour” et le clip qui l’accompagne. Il a été tourné à Tokyo. Pourquoi cette ville ?
 
 
Typh Barrow : C’est un parti pris esthétique. C’est une ville que j’adore.  J’avais envie de quelque chose d’artistique, de beau, de cosmopolite. Le message est déjà assez violent, la chanson parle suffisamment d’elle-même de manière brute, alors je ne voulais pas que le clip soit une retranscription littérale de ces paroles. Surtout, pendant le confinement on a été submergé par des images très dures et il n’y avait pas besoin de plus, pas besoin d’en rajouter une couche. Avec ce clip, j’avais envie d’apporter un peu de légèreté et de couleurs. Le carrefour de Shibuya où le clip est tourné est un peu comme le carrefour du monde et ça collait parfaitement avec le titre.
 
 
 
 
Scènes Belges : De manière volontairement un peu polémique, est-ce que l’on pourrait dire que tu surfes sur une vague en lien avec le mouvement “Black Lives Matter” ?  
 
 
Typh Barrow : C’était prévu comme ça. Je la chantais déjà avant sur scène depuis longtemps. Je l’introduisais d’ailleurs en parlant du fait que le problème de racisme était un problème tout à fait actuel. Je l’ai écrite en voyant le film “Green Book” qui se passe dans les années 60.  J’ai été choquée de voir que ce problème est toujours d’actualité.  Et cela concomitait avec des événements qui se passaient pour des amies à moi qui sont métissées qui ont subi de multiples agressions.  C’était ma manière de réagir.  Cela n’était pas prévu comme ça, mais c’est un sujet qui est, et qui restera encore d’actualité tant que l’on ne fera pas bouger les consciences.
 
 
Scènes Belges : Tu parles d’un combat qui te tient à cœur, mais pendant le confinement on t’a également vu impliquée dans des mouvements pour défendre la culture au sens large, pourquoi as-tu décidé, en tant qu’artiste, de te positionner et d’aller au front à ta manière ?
 
 
Typh Barrow : C’est trop important.  Il s’agit de mon secteur, de ma famille mes musiciens, de ma famille l’équipe technique.  Les gens ne se rendent pas compte de tout ce qu’il y a derrière et de ce qui rend les spectacles possibles, de ce qui fait que l’on peut exercer notre métier.  Cela devenait beaucoup trop précaire.  Et j’ai perdu un membre de mon équipe qui a dû se reconvertir car il n’arrivait plus à remplir son frigo.  C’est là que je trouve qu’il faut se bouger.
 

 
 
Scènes Belges : Aloha, c’est un message bienveillant et porteur au niveau universel, comment peut-on le transposer à la situation COVID ? Est-ce qu’Aloha peut être une réponse à la situation ?
 
 
Typh Barrow : C’est difficile pour moi de donner des modes d’emploi à mes chansons.  Je suis partisane des énergies positives.  Aloha c’est un message universel et qui peut signifier beaucoup de chose : merci, bienvenue, je t’accueille tel que tu es, bonjour.  L’idée c’est de véhiculer un message positif et que les gens puissent y trouver tout le bien possible quand ils l’écoutent.  Et peut-être aussi une petite invitation au voyage ?  Puisqu’on ne peut plus voyager pour le moment. Je n’aime pas donner des modes d’emploi, je préfère que les gens puissent s’approprier leur chanson à la lumière de ce qu’ils ont vécu dans cette période et de tirer le maximum de positif et de légèreté. De légèreté, on en a besoin !

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