Et nous voilà de retour aux confins du Brabant Wallon, à Incourt, pour la seconde journée de l’INC’ROCK FESTIVAL XS 2020. Le soleil et les festivaliers répondent toujours présents, et les artistes aussi. Et il y a encore du très beau monde sur cette affiche : Saule, Typh Barrow, Grandgeorge et Cali. Rien que ça ! C’est un joli coup artistique que les organisateurs ont réalisé en concoctant l’affiche de cette édition du festival, forcément un peu spéciale. Allez hop, on repart pour un tour très haut en couleur et en surprises musicales.
Cette journée commence avec la fanfare Ooz Band. Il leur revient la mission d’animer le site du festival lors de l’arrivée des festivaliers et entre les concerts. Originaires de la commune bretonne de Puerlhin qui est jumelée avec Incourt, il est évident que les gaillards ont le sens de la fête et savent y faire pour mettre l’ambiance. Comme on dit dans ces cas là : “ils mouillent la chemise”. Avec leurs instruments et leurs costumes sortis tout droit des romans de Jules Verne, ils se promènent au sein des bulles de spectateurs en les faisant chanter, un peu danser aussi et ils apportent une vraie touche de fête et de légèreté. Et une fois la nuit tombée, ils s’illuminent, au propre comme au figuré. Merci à eux pour cette énergie positive durant deux jours !
C’est dans une véritable ambiance de stade de foot que Typh Barrow monte sur scène vers 16H30. Le public est debout et l’acclame longuement avant même qu’elle n’ait posé ses mains sur son long piano noir avec le titre d’ouverture “Damn! You’re bad” issu de son dernier album. Elle enchaine avec son nouveau single “Colour” qui dénonce de manière très directe des problèmes liés au racisme. Le chant de Typh se fait alors plus robuste, plus énervé, plus engagé malgré une rythmique et une mélodie dansante. Tout au long de son concert, elle va voyager dans sa discographie, mais pas que : une reprise du tube “Dance Monkey” de Tones And I, son traditionnel medley où elle reprend notamment “No Diggity” et “Gangsta’s Paradise”. Elle propose aussi un inédit aux forts accents de jazz qu’elle avait posté sur les réseaux sociaux pendant le confinement. Vient ensuite un moment tout à fait hors du temps où l’émotion fut plus que palpable, avec le très intime et personnel “Hold You Sister”. Typh Barrow retire ses talons pour aller se promener dans le public. Mais très rapidement, l’émotion liée au titre la submerge complètement, sa voix se met à sangloter, quelques larmes coulent mais elle tiendra jusqu’au bout malgré tout. Le public essuie aussi ses larmes à la fin de ce titre.
Et puis vient ce duo-surprise avec Grandgeorge sur le titre “Call in Your Name” : deux voix singulières qui se rencontrent et s’accordent joliment. Autre moment intense et puissant avec “Daddy’s Not Coming Back” et “Very First Morning” où Typh démontre toute la puissance et la justesse de sa voix. C’est ensuite la machine à tubes qui est mise en route (“Taboo”, “Doesn’t Really Matter”, “Replace”) avant un final solaire sur “Aloha” et un rappel en solo piano-voix. Inutile de préciser que la file pour la séance de dédicace qui a suivi le concert était très longue.
Après plusieurs mois à travailler sur son projet de B-Side Experience, dont on vous a récemment parlé, Grandgeorge est de retour sur scène alors que le soleil décline. Il va proposer un concert qui va faire chanter et danser le public avec ses sonorités et ses rythmiques pop piochées un peu partout autour du monde. Armé de sa guitare, le bonhomme sait y faire pour mettre l’ambiance, accompagné de sa chanteuse et de son band. Lui aussi se promène dans sa discographie, et propose quelques titres inédits issus de ce fameux projet B-Side Experience. Le hit “I”ll be trying” rencontre bien évidemment un joli succès auprès des festivaliers.
Deuxième surprise du jour à l’Inc’Rock lorsque Typh Barrow remonte sur scène pour un duo avec Grandgeorge sur le titre “So Fine”. La “battle” des duos est lancée. Battle également, mais sur fond de textes en français et en anglais, entre Grandgeorge et sa chanteuse. Le concert se fait par moment très électrique avec quelques envolées bien rugueuses où le piano vient se greffer avec le même entrain. Le set s’achève avec un rappel chanté au milieu de la foule en duo avec sa chanteuse, tout en délicatesse, alors que la nuit est tombée pour de bon sur la plaine.
Dernier concert du festival, Cali a fait une entrée acclamée comme il se doit, accompagné de son pianiste qui a pris immédiatement place derrière un somptueux piano à queue. Au programme pour ce début de nuit et cette fin de festival: de la chanson française, des mélodies connues de tous, et surtout, une réelle cohésion entre le public et l’artiste. Cali rayonne sur scène en renvoyant son énergie solaire au public, ce qui témoigne d’un grand sens du partage et de générosité. Et pour être généreux, on peut dire qu’il n’a pas fait les choses à moitié ce soir ! Cali est descendu à plusieurs reprises dans le public interpréter de manière théâtrale certains titres. On comprend mieux pourquoi il aime tant revêtir la casquette de réalisateur, ainsi que son amour du théâtre, comme il nous l’a confié en interview un peu plus tôt. Certains diront que des mesures de sécurité ont été bafouées lorsque Cali a fait lever le public, mais on rappelle que les festivaliers ont porté leur masque tout le long de ces moments, et qu’ils ont été -pour la grande majorité- responsables tout en s’amusant et en profitant eu concert. On est incapables de quitter le concert des yeux tant l’émotion et l’envie de profiter un maximum de ces instants qui nous avaient tant manqué sont là. Le chanteur français se lâche comme jamais face à une foule aussi euphorique que lui. Evidemment dès que les premières notes de “elle m’a dit” retentissent, ce sont des centaines de cris stridents qui résonnent à l’unisson lorsque Cali entame les paroles, rythmées par un excellent pianiste qui a tout autant l’air de s’éclater que lui. Vers la fin du concert, c’est son pote Saule que Cali a invité sur scène pour partager un morceau avec lui, et franchement c’était plutôt réussi comme surprise; on chante, on danse, on profite des dernières minutes. On a pas envie que la soirée se termine, mais on gardera longtemps en tête ces moments précieux dont on prend enfin conscience de la rareté.
C’est donc sur le concert de Cali que s’achève l’Inc’Rock Festival version XS. Les innombrables changements dues à la situation sanitaire actuelle n’ont toutefois pas empêché le public de profiter comme il se doit du festival ; que ce soit assis, ou debout (sur place), les festivaliers ont répondu présents à l’appel de la bonne humeur communicative des artistes, dont les concerts se sont déroulés dans le respect et dans des good vibes qui ne se sont jamais éteintes. Le soleil a lui aussi répondu présent durant les deux jours, ce qui rendait d’autant plus agréable le service à table instauré par le festival. La version XS de l’Inc’Rock Festival aura notamment mis en exergue qu’il est possible de faire revivre le milieu musical au même titre que d’autres secteurs, de part les différentes mesures prises, que ce soit de prévention ou instantanées. Certes ce fut une version XS du festival, qui grâce aux organisateurs, artistes, bénévoles, et public est devenue XTRAordinaire.