Grosse agitation ce vendredi soir dans les serres du Botanique. Il y a quelques semaines à peine que ce concert exclusif de TYPH BARROW a été annoncé. La raison ? Ce vendredi 17 janvier 2020 marque la sortie de son très réussi et lumineux deuxième album intitulé “Aloha”. Plusieurs extraits de celui-ci ont déjà été joués sur scène l’an passé, en plus de deux singles qui tournent en radio depuis plusieurs mois. L’Orangerie affiche logiquement complet pour cette “Release Party”. Après un marathon promotionnel et médiatique de plusieurs jours, Typh Barrow va enfin pouvoir passer à la concrétisation de tout ça sur scène. On a également eu l’occasion de la rencontrer un peu plus tôt dans la journée. Le récit de notre rencontre sera à lire très prochainement sur notre site. Mais d’abord compte-rendu de l’examen de ce vendredi soir.

Ce sont d’abord ses musiciens qui montent sur scène dans un jeu de lumières blanches en contrejour. Ils se lancent dans un instru aux sonorités blues et rock des plus emballant. Ils sont rapidement rejoints par Typh Barrow au synthé. Elle est vêtue d’un tailleur rose. Celui-ci lui donne des airs de panthère… rose, mais toujours avec classe, sa marque de fabrique en somme. Elle lance alors les premières notes du rythmé “Damn ! You’re bad” issu du nouvel album. Elle enchaine avec “Colour” et ses sonorités funkys, mais surtout avec sa mélodie irrésistiblement dansante. A la fin du morceau, en même temps qu’elle va s’installer au piano, elle en profite pour remercier tout le monde d’être présent ce soir pour cette présentation du nouvel album. Elle précie que cela ne doit pas pour autant priver le public de ses anciens titres, et elle enchaine donc avec “The Whispers” sur un ton plus soul.

Typh Barrow a gagné en profondeur vocale, musicale et mélodique, notamment grâce à ces touches de blues et de folk (comme le titre “They’re Calling Your Name” par exemple) qui sont un délice sonore lorsqu’elles sont associées à sa voix. Oui cette voix ne laisse pas insensible, mais rien de nouveau de ce coté là. Lorsqu’elle avait été propulsée sur le devant de la scène, les médias n’avaient pas hésité à la qualifier de “la nouvelle Amy Winehouse”. Ce second album et son interprétation live tendent à le confirmer, et il ne s’agit plus uniquement d’un effet de buzz. La comparer aux divas américaines de la soul n’est pas présomptueux. On pense notamment aux titres “The Gift” (en duo avec Jasper Steverlinck sur l’album mais qui n’est pas présent ce soir) et surtout à “Very First Morning” où elle tient une note avec puissance et assurance durant plusieurs trop longues secondes pour le commun des mortels. Le tout avec délicatesse et émotion. On en reste un peu sur le cul.

Autre moment fort lorsqu’elle descend au milieu du public pour interpréter le très intimiste “Hold you sister”, qu’elle a écrit pour sa petite soeur qui est présente ce soir dans la salle. Sa voix devient fébrile lorsqu’elle l’évoque mais elle tient bon, accompagnée d’une discrète guitare qui semble chuchoter chacune de ses notes comme une intime confidence. Et nos poils s’hérissent ensuite lorsqu’elle retourne à son piano, seule, pour le titre “Hurt” où sa voix semble vraiment avoir été blessée dans son interprétation. Quand ses musiciens la rejoignent ensuite c’est pour le tourmenté “Daddy’s not coming back” qui s’achève dans un intense tourbillon de lumières et de guitares, pendant que Typh vit physiquement le morceau. L’ambiance se fait ensuite plus festive lorsqu’elle envoie sa reprise de “No Diggity” où il devient difficile de trouver quelqu’un qui ne bouge pas son popotin pendant que Typh se lance dans des solos rappés enflammés. La machine à tubes est ensuite mise en route avec le trio “Taboo”, “Replace” et l’ultra-efficace “Doesn’t really matter” où la belle envoie promener ses escarpins le temps d’un élégant pas de danse décomplexé.

Arrive le dernier titre du set principal, mais quel titre ! Le titre éponyme de l’album, LA pièce maitresse, l’envoutant “Aloha”. Et à concert exceptionnel, invité exceptionnel, puisque le chanteur Gulaan est venu tout droit de Nouvelle-Calédonie ce soir pour interpréter ce morceau. On l’avait espéré secrètement sans vraiment y croire mais il est là. Typh pose ses doigts sur son piano et fait glisser les premières notes du titre, avant que la chaude voix de Gulaan ne vienne faire décoller le Botanique vers de hautes sphères lumineuses. La voix de Typh (tout sourire) vient s’y greffer en cours de route. La puissance du morceau est décuplée dans un final intense où Typh semble sur le point d’envoyer balader le tabouret sur lequel elle est assisse, tellement son jeu est énergique et presque habité. Le kiff est total, aussi bien sur scène que dans la salle.

Typh revient ensuite sur scène pour expliquer que ça ne sera pas elle et son groupe qui se chargeront du rappel de ce soir. Elle laisse carte blanche à Gulaan. L’annonce de cette belle surprise est suivie de longs applaudissements enthousiastes. Joli cadeau pour lui et pour nous aussi. Le temps de deux chansons, une à la guitare et l’autre au ukulélé, Gulaan nous emmène voyager au plus profond des racines du peuple Kanak. C’est toute l’Orangerie qui part en un instant au cœur des îles de l’océan Pacifique. Un moment suspendu, fragile et hors du temps. Belle conclusion d’un concert où l’attente des spectateurs était proportionnelle à leur curiosité et à leur satisfaction en bout de course. Et toute le monde est ressorti de là avec l’esprit tranquille. Aloha les amis !

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