Le passage des musiciens américains à Bruxelles est un moment à ne pas manquer, d’autant plus lorsqu’ils proviennent des abords perdus du Midwest. TINY MOVING PARTS réunit moins de 300.000 personnes par mois sur Spotify et c’est d’ailleurs par ce biais que j’ai été amenée à les rencontrer, le groupe s’étant un jour invité dans mes « Découvertes de la semaine ». Malgré tout, leur réputation les précède : on parle d’un véritable cocktail explosif. Leur venue à l’Ancienne Belgique ce 2 octobre était l’occasion d’en avoir le cœur net…

Alors que le froid automnal borne les rues bruxelloises, l’AB Club est revigoré par les fans qui l’ont pris d’assaut bien avant l’heure. Lizzy Farrall et Microwave se succèdent tout en modestie devant l’incroyable artwork du dernier opus de la tête d’affiche ; la voix pop de la Britannique cèdera sa place aux riffs frénétiques et l’éloquence de plus en plus sombre du quatuor américain. Si ce dernier est peu bavard, les vociférations de Nathan Hardy parlent suffisamment d’elles-mêmes que pour se passer de remontrances. L’équilibre instrumental n’est jamais rompu malgré les déchirements systématiques entre rock alternatif et post-hardcore ; le public se montre d’ailleurs déjà très réceptif à cette musique viscérale qui ne fera que se déployer crescendo.

Tiny Moving Parts est attendu à 21h30. William Chevalier (à la batterie) fait son apparition quelques instants plus tôt, vêtu de sa plus belle chemise hawaïenne : une occasion que saisit le premier rang qui n’hésite pas à monter sur scène pour bavarder avec lui. Pendant ce temps, l’audience se resserre peu à peu dans une ambiance on ne peut plus conviviale ; cette sensation de fraternité s’accentue encore davantage lorsque les lumières s’éteignent. L’ensemble du trio apparait : voilà que Dylan Mattheisen (au chant et à la guitare) s’avance en arborant un sourire gigantesque qu’il ne quittera pas une seule seconde et qu’il parviendra sans peine à communiquer à l’assistance… On est déjà grisé par la simplicité de cette rencontre.

Le groupe parvient à créer pour chaque morceau un moment unique ; la voix de Dylan est systématiquement tiraillée entre timbre enjoué et paroles mélancoliques. Tout en s’époumonant, ce dernier opte tantôt pour du finger tapping, tantôt pour des accords punk qui s’accommodent parfaitement avec la dextérité de Matthew à la basse et l’impétuosité de William à la batterie. Ces dernières balancent, elles aussi, de la caresse à la virulence. En fait, l’exploit de TMP consiste à frôler suffisamment la disharmonie que pour chatouiller l’oreille, et ce tout en y échappant ; ils se rapprochent d’ailleurs en cela des Californiens de Mom Jeans.. Si cela entraine forcément des sentiments contradictoires, il est tout bonnement impossible pour le public de ne pas être happé dès le premier morceau. Chaque note est significative et chaque mot est proféré avec sincérité. En plus, la setlist est parfaitement équilibrée : le nouvel album (“breathe”, sorti il y a quelques semaines) est mis en avant sans esquiver les classiques du groupe tels que “Headache” que j’affectionne particulièrement et qui prend, en live, la dimension qu’il mérite.

Alors que la question Will you hold me like a baby, and tell me the things I need to know ? est répétée en choeur, Tiny Moving Parts répond par l’affirmative sans trop sembler s’en rendre compte. Malheureusement pour nous et malgré les acclamations, le rappel se limitera à un seul titre ; je reste donc tout de même un chouia sur ma faim. La montagne, le ciel bleu et la vallée fleurie de “breathe” auront finalement été à l’image de l’atmosphère soutenue par la salle tout au long de cette merveilleuse soirée, une atmosphère propice à la désinhibition, humble et chaleureuse au point de nous prêter un sourire béat.

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